Le banquet se déroule sous la forme d’une joyeuse foire où le brouhaha règne en maître. Si le ministre de la magie semble être agacé par tout ce tapage, le professeur McGonagall n’appelle pourtant pas aux silences. Certains de ces jeunes sont en train de vivre la soirée qui pourrait être la plus importante de leur vie. Et puis, le but de ce genre d’évènement est bien de faire en sorte que les écoles se mélangent et se rencontrent. C’est ce que tous les étudiants semblent être en train de faire, alors n’a aucune raison de les bousculer. Elle laisse ainsi passer l’ensemble du repas et, lorsqu’elle constate que les élèves ont fini de souper, elle se lève finalement de sa chaise pour taper dans ses mains. L’ensemble des mets et assiettes disparaissent instantanément de l’ensemble des tables et le silence revient dans la grande salle. La directrice de Poudlard prend le temps de toiser l’ensemble des tables, passant son regard sur chaque élève, de son école ou d’une autre, avant d’élever la voix. « A présent que tout le monde a fini de manger, il est temps de se soumettre au choix de la Coupe de Feu, qui ne va pas tarder à désigner les champions de chaque maison. » Elle prend une pause et déglutit. L’appréhension la gagne peu à peu alors qu’elle imagine ces enfants qui vont être soumis à de dures épreuves. Elle n’est pas particulièrement admiratrice de ce genre de tournoi. Et elle avait toujours trouvé Albus Dumbledore complètement fou d’autoriser des enfants à prendre part à ce genre de choses. Mais sous la pression, elle avait fini par se résoudre à laisser Poudlard participer de nouveau au tournoi des trois sorciers. « Avant cela, je vais laisser le ministre de la magie vous communiquer les informations du ministère. » ajoute-t-elle avant de se rasseoir, laissant le ministre prendre le relai. Elle l’écoute avec attention et finalement, l’un des assistants du ministre vient retirer le drap écru qui recouvrait jusqu’alors la coupe. Les flammes bleues apparaissent face aux visages des élèves, qui ne manquent pas de pousser des soupirs admiratifs. Le professeur McGonagall se lève et s’approche de la coupe. Les flammes virent au rouge avant de cracher un morceau de papier, qu’elle saisit au vol. Il annonce le champion de Durmstrang. « Le champion de Durmstrang est... Nikolaï Stoyanov. »

Habituée des soirées mondaines, Ivanna était loin d’être impressionnée par le banquet préparé par Poudlard. Comme toujours, elle mangeait peu, picotant par-ci par-là, soucieuse de garder la ligne. En Europe de l’est, les plats étaient en général très gras, les jolies filles devaient donc apprendre dès le plus jeune âge à se restreindre aux petites quantités jusqu’à avoir un estomac si petit qu’elles ne ressentaient plus la faim. Toute bonne mère savait apprendre ces principes à sa ou ses filles, dans la plus grande discrétion afin que les hommes finissent simplement par penser qu’elles avaient peu d’appétit naturellement. De toute façon, ce soir là, Ivanna n’avait réellement aucune envie de manger quoi que ce soit, tant l’excitation était présente dans leurs rangs. Assise à la table des Serpentard, comme la veille, les élèves de Durmstrang attendent le verdict avec impatience, bien que pour eux, les dés étaient déjà lancés. Pour Ivanna, il n’y avait aucune appréhension, puisqu’elle connaissait suffisamment les autres membres de leur délégation pour savoir qu’aucun ne risquait d’être choisi à la place de Nikolaï. Il était l’évidence, le seul à pouvoir prétendre au titre. Mais elle avait hâte de connaître les autres champions, pour juger de la concurrence, voir si leurs impressions avaient été les bonnes. Enfin, la directrice de Poudlard se lève, le repas terminé. Aussitôt, toutes les discussions s’arrêtent, et Ivanna ne peut s’empêcher de sourire par avance. Elle savait qu’elle assistait à un grand moment. Le ministre anglais leur dit à son tour quelques mots, mais sans doute conscient que personne ne l’écoutait et que tous attendaient avec impatience qu’il se taise enfin, il laisse rapidement la parole à la directrice, dont le rôle était à présent d’annoncer les champions. Les flammes de la coupe se teindre de rouge tandis que la vieille femme tend le bras pour attraper un morceau de parchemin. « Le champion de Durmstrang est... Nikolaï Stoyanov. » De véritables hurlements rugissent de leur table, où chacun tient à féliciter leur champion avant qu’il ne se lève pour rejoindre la directrice de Poudlard pour obtenir les informations suivantes. Ravie, Ivanna est sans doute celle qui applaudit le plus fort, fière de son champion.

A l’approche du professeur McGonagall, les flammes de la coupe de feu passent du bleu ou rouge. L’ensemble de la grande salle retient son souffle alors qu’un morceau de parchemin est finalement craché en dehors de la coupe pour atterrir directement entre les doigts de la directrice de Poudlard. Assis à la table des serpentards comme c’était déjà le cas la veille au soir, Nikolaï retient son souffle et garde son visage fermé. Pourtant, il a bien l’impression que c’est son parchemin à la forme atypique qui vient de virevolter en dehors de la coupe. Son morceau de parchemin que la vieille femme tient face à elle, comme émerveillée par l’honneur qui lui est fait de pouvoir énoncer les champions du tournoi des trois sorciers. Et finalement, ses lippes se mettent à mouvoir pour laisser échapper une phrase. « Le champion de Durmstrang est... Nikolaï Stoyanov. » Le jeune homme ne ressent aucun soulagement. Il le savait, tout cela était parfaitement prévu. Il ne pouvait en être autrement. Alors il tente de rester presque impassible, n’esquissant qu’un léger sourire alors qu’autour de lui, ses amis se lèvent et se mettent à applaudir du plus fort qu’ils le peuvent. Certains tambourinent sur le bois de la table alors que d’autres préfèrent taper du pied contre le sol. Et puis il y a Ivanna qui fait plus de bruit que tous les autres, rien qu’en claquant ses deux mains l’une contre l’autre. Nikolaï s’extrait du banc pour rejoindre l’estrade au fond de la grande salle, là où sont réunis tous les professeurs. Mais avant de se mettre en marche, il prend le temps de déposer une main sur l’épaule d’Ivanna, qu’il presse légèrement en un signe d’affection. Cela ne dure pas longtemps. Quelques secondes tout au plus. Puis il cesse tout contact afin de pouvoir venir taper dans toutes les mains de ses camarades qui se tendent vers lui. Il ne se détache de la horde des élèves de Durmstrang surexcités que lorsqu’il a fini de toucher toutes ces mains tendues vers lui. Il se dirige alors vers l’estrade avec un air fier, pour bien montrer aux futurs autres champions qu’il ne sera pas un candidat faible. Au contraire, il sait qu’il est en mesure de gagner ce tournoi. Et que le fait qu’il soit choisi comme champion dans l’école où a autrefois évolue le Seigneur des Ténèbres, est un signe autant que l’est la prophétie. Il s’approche du professeur McGonagall qui ne tarde pas à lui désigner le ministre de la magie anglais, celui-ci le conduisant tout droit dans la salle qui se trouve au fond de la grande salle. La seule chose que regrette Nikolaï, c’est qu’il ne verra pas la coupe de feu cracher le nom des autres champions, il ne découvrira leur visage qu’en les voyants arriver dans cette pièce. Sinon tout se déroule comme prévu.

Enfin, c’était le moment qu’ils attendaient tous. L’annonce des champions. Le professeur McGonagall, cette vieille femme qu’elle avait l’impression de connaître grâce aux lettres d’Adonis, s’était levée pour remplir ce rôle important qui était le sien : celui de prononcer les noms de ceux qui entreraient peut-être dans l’histoire. Posant ses coudes sur la table et sa tête dans ses mains, Artemis attend, un sourire impatient accroché à ses lèvres. Quel que soit le verdict, elle était là pour s’amuser, pour profiter des événements, qu’elle en soit actrice principale ou non. Elle aimait que tout tourne autour d’elle, et c’était naturellement le cas partout où elle entrait. Elle savait que pour Beauxbâtons, le choix se ferait sans doute entre elle et Louis, et quoi qu’il arrive, elle prendrait l’annonce du champion de son école avec le sourire, car on lui avait appris à ne jamais laisser apparaître ses sentiments et à toujours prétendre qu’elle avait un contrôle absolu sur la situation. « Le champion de Durmstrang est... Nikolaï Stoyanov. » Artemis applaudit tandis que son regard se tourne naturellement vers la table des Serpentard. Là-bas, les élèves de Durmstrang sont devenus comme fous, chacun tenant à féliciter son champion. Elle observe les visages des autres élèves de l’école, et remarque qu’aucun ne semble déçu, au contraire, ils paraissent même soulagés. Un peu perplexe, elle ne s’y attarde cependant pas plus que ça, suivant du regard le jeune homme qui remonte les tables vers la directrice de Poudlard, qui lui serre la main, puis le ministre de la magie. Il disparaît ensuite derrière une petite porte au fond de la Grande Salle, attendant les autres champions, qui allaient à présent être annoncés d’une seconde à l’autre. Artemis sent l’excitation monter à nouveau, tandis qu’elle croise le regard anxieux de Louis. Elle lui offre un sourire auquel il ne répond que par un demi sourire crispé. Pour un fils de dirigeant, il manque bien de sérénité. Elle détourne le regard de l’autre côté, vers les élèves de Poudlard qu’elle a appris à connaître depuis la veille ou même avant. Adonis, une pile de photos devant lui, brandit son appareil, prêt à capturer les expressions des futurs champions et des futurs déçus. Au milieu, elle remarque un certain nombre de photos de sa meilleure amie, qui ne laisse de toute évidence pas indifférent le jumeau d’Artemis.

Il sent son corps se tendre alors que les doigts du professeur McGonagall se rapprochent des flammes rougeoyantes. La coupe de feu crache finalement son premier morceau de parchemin et James se dresse sur son banc, désireux de ne perdre aucune miette de cet instant historique duquel il compte bien être acteur. La directrice de Poudlard semble prendre son temps pour déplier le morceau de papier, découvrant la première le nom inscrit dessus avant de finalement l’annoncer pour le reste des personnes présentes dans la grande salle. Les phalanges du jeune Potter se resserrent sur le bord du banc alors qu’il attend le verdict, impatient. « Le champion de Durmstrang est... Nikolaï Stoyanov. » Aussitôt, un tonnerre d’applaudissements s’élève de la table des serpentards, où se trouvent réunis les élèves de Durmstrang. Les uns tapent du pied alors que les autres se contentent de marteler la table, tentant de faire le plus de bruit possible. Les autres écoles se contentent d’applaudir poliment. Et James se joint à eux, bien qu’il ne se trouve pas rassuré de voir le jeune champion de Durmstrang se lever. Rien qu’à mains nus, ce gars-là pourrait tous les mettre au sol tellement il semble puissant. Et puis, il a un peu l’air de celui qui n’hésite pas à utiliser la magie noire pour arriver à ses fins. Il espère vraiment que Lily ne sera pas choisie comme championne de Poudlard afin de concourir contre ce genre de bonhomme. Ce serait totalement affreux et inéquitable. « Ma sœur avait raison. » souffle-t-il en direction de Dorcas avec un sourire fier. Parce qu’il ne peut s’empêcher d’être fier de la rouquine, qui ne cesse de l’impressionner de jour en jour. Mais cette tentative de paraître naturel, peine à cacher son angoisse. Lui qui est habituellement toujours prêt à rire, il fait un peu moins le malin à présent. Il cherche Lily du regard alors que le premier champion rejoint l’estrade pour venir serrer la main du professeur McGonagall, pour finalement rejoindre le ministre de la magie qui le conduit directement dans la petite salle qui jouxte la grande salle, accessible uniquement par une petite porte dissimulée derrière la table des professeurs. Mais il n’y a rien à faire. Avec toute cette agitation à la table des serpentards, il ne parvient pas à capter son regard.

Si Dorcas bouillonne de l’intérieur, elle ne laisse rien paraître. Aucune émotion ne transparaît sur son visage tandis qu’un premier papier s’échappe de la coupe de feu. Elle le regarde s’envoler un instant avant de retomber dans la main du professeur McGonagall, comme s’il savait précisément où il devait atterrir. La préfète en chef avait ce sentiment étrange d’être en train de vivre l’un des moments les plus importants de sa vie, et si elle savait qu’elle avait de bonnes chances d’être choisie par la coupe pour représenter Poudlard, elle savait également que l’on n’était jamais à l’abri d’une surprise, surtout quand deux Potter étaient impliqués. Elle lance un regard rapide en direction de la table des Serpentard, où Scorpius Malefoy semble victime d’une constipation sévère et où la jeune Lily Potter a perdu le sourire, comme si elle s’apprêtait à rendre son dîner. Dorcas reporte vite son regard vers le professeur McGonagall tandis qu’elle commence enfin à parler. « Le champion de Durmstrang est... Nikolaï Stoyanov. » Et c’est sans surprise que le garçon dont lui parlait James se lève, acclamé par toute la Grande Salle. Il fallait d’urgence que Dorcas envoie un hibou à sa mère pour lui demander des informations sur ce jeune homme, qui semblait être le plus grand danger ce soir. Elle avait besoin d’en savoir le plus possible, et seuls les amis de son père pouvaient lui fournir de telles informations. Elle garde une expression neutre tandis qu’il traverse la Grande Salle avant de disparaître dans la salle située à l’arrière, là où Dorcas compte bien le rejoindre rapidement. « Ma sœur avait raison. » Lui souffle James dans une fierté à peine dissimulée. Dorcas acquiesce simplement, la pression du moment est trop importante pour se permettre de dire quoi que ce soit. C’était comme si toute la salle avait le souffle coupé. De plus, Dorcas n’était pas d’humeur à faire l’apologie de Lily Potter, qui n’avait fait que rapporter l’ambiance générale que suscitaient les élèves de Durmstrang. Il était connu que dans cette école, il y avait une hiérarchie bien particulière, que les professeurs n’étaient pas ceux qui avaient le plus de pouvoirs, que certains élèves arrivaient à inspirer la peur aux autres élèves. Toutefois, cette impression de camaraderie et cette joie des autres élèves montrait une loyauté réelle, pas simplement la peur de se faire massacrer en retournant au bateau. Ainsi, Dorcas était inquiète face à ce premier choix de la coupe, qui promettait un tournoi bien corsé.

Le champion de Durmstrang se lève afin de rejoindre le professeur McGonagall et Scorpius le regard faire sans mot dire. Il applaudit juste poliment tout en restant droit et fier. Hors de question pour lui de se montrer impressionné par ce qui est en train de se passer, d’autant plus qu’il avait déjà eu vent du fait que ce serait ce Nikolaï qui serait sélectionné pour être champion. Le Malefoy le regarde passer avec méfiance, conscient que, même s’il fait partie d’une école qui revendique de bonnes valeurs, ce jeune homme là n’a pas nécessairement les meilleures intentions du monde en étant à Poudlard. Il est là pour être l’héritier et il croit être en train de montrer sa légitimité. Alors Scorpius a hâte d’être sélectionné à son tour, afin de lui montrer que l’héritier ne peut être quelqu’un d’extérieur à l’école, mais aussi qu’il est le plus légitime pour l’être. Au moins il n’est pas un traitre à son sang. Et cela lui permettra de rétablir l’honneur de la famille Malefoy, que son père a trahi des années plus tôt. Le jeune homme se sent un peu nauséeux à l’idée que son père se tenait là, à cette même table, pour assister à la nomination des champions du tournoi des trois sorciers. Mais au moins, lui sera nomme comme champion de Poudlard. Lui aurait rendu fier le Seigneur des Ténèbres. Alors il reste là, tentant d’être impassible pour ne pas montrer l’excitation qui s’insuffle en lui. Son heure est bientôt là, à portée de mains. Et les secondes s’écoulent lentement, comme retenues par Merlin, pour les empêcher de passer trop vite. Il le suit du coin de l’œil, ce Nikolaï qui disparait derrière la porte de cette pièce qui jouxte la grande salle. Puis son regard se reporte sur le professeur McGonagall, qui se rapproche une nouvelle fois de la coupe dont les flammes changent déjà de couleur. Pas une seule fois il échange un regard avec Cedrella même s’il en meurt d’envie. Parce qu’il ne veut pas laisser surgir ses craintes dans son regard. Il veut se montrer digne de Serpentard. Digne du Seigneur des Ténèbres.

Louis ne peut s’empêcher de se montrer un peu tendu lorsque la silhouette du champion – tout juste annoncé – de Durmstrang, disparait finalement par la petite porte menant à la pièce jouxtant la Grande Salle. Autour de lui, personne ne fait de commentaire, si ce n’est cet anglais brun auquel Artémis n’a de cesse de parler. Louis se crispe un peu lorsqu’il l’entend. Pourquoi cet idiot gâche-t-il un moment pareil ? Peu importe. Le fils du premier ministre de la magie français ne lui accorde même pas un regard, trop occupé à observer le professeur McGonagall alors qu’elle s’approche à nouveau de la Coupe de Feu. Qui de Poudlard ou de Beauxbâtons connaitra le nom de son champion le premier ? Passant ses mains sous la table, le blond ne peut s’empêcher de serrer ses poings, mue par une trop grande excitation, voire appréhension. Ses jointures blanchissent jusqu’à lui faire mal, tirant bien trop sur sa peau. Mais il n’en a que faire. Toute son attention est concentrée sur les flammes bleues s’échappant de la coupe, alors que peu à peu, celles-ci se teintent de rouge. Il est bientôt l’heure de voir survenir un nouveau morceau de parchemin depuis les entrailles de la coupe et Louis ne peut contenir ses émotions. Il retient un soupir tendu lorsqu’enfin, un morceau de parchemin s’échappe des flammes pour atterrir entre les doigts du professeur McGonagall, comme attiré par la pulpe de ses doigts. La directrice de Poudlard prend le temps de déplier délicatement le papier vieilli, avant de laisser ses yeux parcourir les petites lettres manuscrites qui se présentent à elle. Il y a quelque chose de frustrant dans le fait de savoir qu’elle découvre les choses avant tout le monde. Qu’elle ne lit pas les noms en même temps qu’elle les découvre. Mais Louis ne peut rien y changer. Il se tend un peu plus lorsqu’elle se tourne finalement vers l’assemblée, brandissant le morceau de parchemin vers eux alors que ses lèvres se mettent à mouvoir. « Le champion de Beauxbâtons se nomme Artémis Kepingski ! » clame-t-elle. Il y a un moment de silence, comme un temps pour que les élèves de l’académie française comprenne ces mots, avant que l’agitation ne se crée tout autour de Louis. Des claquements de mains, des hurlements de joie et puis le sourire de la jeune femme qui se dessine au coin de ses lèvres. Elle semble véritablement heureuse. Et Louis se met à applaudir de façon polie, affichant un sourire factice. Bien sûr, il est content pour sa petite amie. Mais d’un autre côté, il aurait préféré être choisi. Et elle ne l’ignore sans doute pas.

Sans s’être proposé pour représenter son école, Adonis ressent une agitation telle qu’il se demande comment les aspirants champion arrivent à ne pas exploser. Le premier est annoncé, celui de Durmstrang, celui qui semblait couru d’avance, comme si la coupe de feu s’amusait à faire durer le suspense, ou comme s’il lui fallait plus de temps pour se décider sur les deux autres. Cela n’empêche pas Adonis de prendre en photo l’expression satisfaite du garçon, sa retenue étonnante, sachant qu’il vient d’obtenir ce dont tant d’autres ne peuvent que rêver. Enfin, après ce qui lui semble être une éternité, les applaudissements se taisent finalement, et le garçon disparaît derrière la petite porte au fond de la Grande Salle, et celle-ci retombe dans un silence pesant. Un nouveau morceau de parchemin surgit des flammes, trouvant naturellement son chemin vers la main tendue du professeur McGonagall. Sans la moindre expression sur son visage, et c’est à cet instant qu’Adonis devine que le deuxième champion est celui de Beauxbâtons, elle relève la tête pour leur annoncer : « Le champion de Beauxbâtons se nomme Artémis Kepingski ! » Et là, ce fut la fin du monde. Les applaudissements, les cris d’excitation lui semblaient lointain, comme appartenant à une autre réalité. Elle sourit, la peste. Elle lui fait un clin d’oeil complice tandis qu’elle se lève de la table pour se diriger vers le professeur McGonagall, avec une assurance que même elle ne pouvait improviser. Elle avait eu ce qu’elle voulait, elle l’avait désiré, sûrement plus que tous les autres élèves de son école. Et elle les surpassait tous, Artemis. Malgré son envie de détruire l’école toute entière, le frère jumeau de la championne doit bien s’avouer qu’il est terriblement fier d’elle. La fierté de l’académie française, c’est elle, la petite anglaise débarquée en France quelques années plus tôt. Elle, son double au féminin, envoyée accomplir trois tâches mortellement dangereuses pour gagner une somme d’argent ridicule dont elle n’avait pas besoin et une notoriété tout aussi inutile pour une femme de son rang. Elle avait déjà tout, Artemis. La beauté, la jeunesse, l’argent, une excellente position sociale, un chevalier servant idiot et manipulable mais noble.. Elle n’avait pas besoin de ce tournoi. Elle voulait simplement s’amuser, sans se rendre compte des conséquences que tout cela pourrait avoir. Car depuis la France, elle ne s’était pas rendue compte des enjeux, de l’importance de la prophétie. Et elle refuserait son aide, s’il lui proposait. Elle avait sa fierté, son sale caractère de princesse qui pensait pouvoir tout accomplir. Peut-être avait-il tord de s’inquiéter autant, après tout, ce n’était pas son genre de s’inquiéter, et en général, ça lui réussissait plutôt bien. « Tout compte fait, je ne suis pas certain d’apporter mon soutien au champion de Poudlard, désolé. » Qu’il annonce nonchalamment à James, comme s’il était amusé par la situation et non pas en train de mourrir de peur. Il y avait toutefois une part de vérité dans ses propos, comment pourrait-il choisir entre soutenir son meilleur ami et sa soeur jumelle ?