D’un hochement de tête, le professeur McGonagall indique au représentant du ministère qu’elle comprend très bien ce qu’il essaye de lui dire. Le ministre de la magie n’a pas encore eu l’occasion de se déplacer mais il devrait arriver d’ici quelques minutes. Seul le représentant du département des jeux et des sports magiques est présent pour le moment. Tout le monde est prié d’attendre l’arrivée du ministre avant de commencer les festivités, afin de ne pas blesser l’orgueil des invités. Les lèvres pincées, la directrice de Poudlard jette un coup d’œil en direction de sa montre à cadran solaire, attachée à son poignet. Bien sûr, il est bientôt l’heure de son discours et au sous-sol, les plats doivent déjà être prêts dans la cuisine. Hors de question de les laisser refroidir, sinon, ce serait l’école de sorcellerie écossaise qui apparaitrait comme mal organisée. Et dire qu’elle a lourdement insisté pour que le ministre séjourne à Poudlard pour ne pas manquer le banquet. Mais non, le château paraît trop rustique pour un habitué du ministère. Redressant la tête, elle adresse un nouveau regard froid à l’homme qui lui fait face, avant de tourner les talons pour rejoindre la Grande Salle. En entrant dans la pièce déjà bondée et remplie d’un brouhaha que l’on ne peut ignorer, il est impossible de ne pas remarquer que l’agencement des tables sur l’estrade est toute différente d’à l’accoutumée. En effet, les grandes tables réservées aux professeurs ont été déplacées afin de laisser un objet prendre place au centre du lieu. Napée d’un grand drap écru, la coupe de feu sommeil en attendant son heure. Le regard du professeur McGonagall glisse sur le centre de toutes les attentions pour se poser sur sa propre place. Alors qu’elle rejoint sa chaise, elle ne manque pas de saluer les directeurs des deux autres délégations, tout en tentant de s’extirper de l’esprit tous les souvenirs que ravivent la présence de la coupe de feu non loin. C’est alors que la directrice de Poudlard est en train de demander à ses invités d’honneur si leur séjour leur plait jusqu’à présent, que la porte menant à la petite salle adjacente laisse entendre un bruit sourd. Aussitôt, le professeur McGonagall se retourne pour voir le ministre de la magie s’avancer dans la Grande Salle. Sans lui laisser le temps de dire le moindre mot, la directrice de l’école de sorcellerie écossaise se lève en se saisissant de son verre en cristal et de sa petite cuiller qu’elle fait tenter sur le gobelet. Un grand silence s’abat alors sur l’ensemble de la salle et tous les visages se tournent vers elle. « Maintenant que tout le monde est présent… » Elle décoche un regard en coin en direction du ministre alors qu’elle marque une pause, avant de se tourner de nouveau vers le reste de la Grande Salle. « Je déclare que le banquet peut officiellement commencer. » Aussitôt, des plats de toutes sortes apparaissent sur les tables, pour le plus grand bonheur des élèves mais aussi des professeurs – et surtout d’Hagrid.

Dorcas avait l’impression de vivre à nouveau la soirée de la veille, au milieu de ses camarades de classe qui se préparaient dans l’euphorie et les gloussements, sauf qu’à présent, elle-même était bien incapable de rester froide à cette agitation. « .. ou Dorcas, mais ça sera forcément un Gryffondor ! » En entendant son prénom, la préfète avait relevé les yeux vers sa camarade, et elle ne put s’empêcher de sourire. Elle n’avait pas besoin de la questionner pour savoir de quoi elles parlaient : le champion de Poudlard. Et évidemment, ce qui avait précédé son propre nom était sans doute celui de Potter, l’autre grand favori des Gryffondor. A eux s’opposerait Lily Potter et Scorpius Malefoy, de Serpentard, c’était les deux autres qui l’inquiétaient. Après, elle avait entendu parlé du frère de Lysander, pour Serdaigle, et elle ignorait si le moindre Poufsouffle s’était approché de la coupe. Elle avait mis son nom dans la coupe le matin même, sous les regards d’une bonne partie des élèves de l’école ainsi que leurs professeurs. Ce n’était pas elle qui se serait levé aux aurores pour mettre son nom incognito comme certains l’avaient sans doute fait. Incapable de rester plus longtemps dans son dortoir, Dorcas avait décidé que ses professeurs pourraient peut-être avoir besoin de son aide avant le début du festin, et elle descendit donc, tombant rapidement sur le professeur Londubat dans le hall. « Bonsoir, professeur. Je me demandais si je pourrais vous apporter une assistance quelconque avant le début du festin. » Il lui avait souri largement, la fierté se lisant dans son regard. Bien sûr, les professeurs n’étaient pas supposés être pour l’un ou l’autre des candidats, mais en tant que directeur des Gryffondor, le professeur Londubat semblait estimer qu’il y avait de bonnes chances pour que leur maison couvre Poudlard de gloire à nouveau. « Pour tout te dire, nous n’attendons plus que le ministre de la magie, qui s’est arrangé pour avoir une urgence, mais tu peux déjà aller dans la Grande Salle, certains étaient trop impatients pour attendre et y sont déjà. Alors, tu es confiante pour tout à l’heure ? J’ai eu l’occasion de m’entretenir avec James plus tôt et je dois dire qu’il m’a paru très sûr de lui. » Dorcas se força à sourire tandis que son professeur souriait, son regard se perdant dans son passé, un passé où il était lui-même élève, ami avec l’insupportable Potter. « Oui, chacun doit croire en ses chances et que le meilleur gagne, l’importance est que la victoire finale revienne à Poudlard. » Elle lui sourit humblement, sachant qu’il devait à présent regretter son commentaire de soutien à James : ce n’était pas lui qui ferait passer le bien de Poudlard avant son amour-propre. Elle se demandait même s’il serait capable de se réjouir pour sa petite soeur bien aimée si elle lui volait la vedette. Dorcas, elle, elle ne pourrait le supporter, mais elle voyait le tournoi comme quelque chose de beaucoup plus important qu’un simple tournoi de collégiens, c’était la prophétie qui se jouait là. Après avoir salué le professeur, elle entra dans la Grande Salle, qui avait perdu ses décorations d’Halloween. Elle accorda un regard à la coupe, brulant pour les derniers retardataires, et alla prendre place à la table de Gryffondor, se mettant face aux autres tables ; elle détestait avoir le dos tourné.

Soulagé après une longue conversation avec Artemis, Adonis s’arrangeait pour se rendre présentable en compagnie des autres garçons de Gryffondor. Pour lui, ça voulait dire se passer un coup de peigne et mettre une robe de sorcier propre. Sifflotant inconsciemment, il croisa le regard de James, un sourire moqueur accroché au visage, et il ne put s’empêcher de sourire à son tour. Dans quelques heures, James serait officiellement déclaré champion de Poudlard, et ils auraient toutes les demoiselles à leurs pieds. Il ne savait pas pourquoi il était le plus heureux : la présence de sa soeur, ou la gloire prochaine de son meilleur ami, mais il s’en fichait, les deux lui allait, et il se sentait rassuré pour Artemis, elle lui avait avoué être venue surtout pour voir enfin Poudlard de ses propres yeux, et que pour elle, ça serait Louis, le champion de Beauxbâtons. Son fiancé, la seule ombre qu’il restait au tableau. « On y va ? Je voudrais de bonnes places. » Pour toute excuse, il brandit son appareil photo, comme si son désir d’être bien placé n’était motivé que par la photographie. James acquiesça, glissant sa baguette magique dans sa poche. « Vous descendez maintenant ? Je viens avec vous. » Annonça Luke, leur emboîtant le pas dans l’escalier pour descendre. Adonis était étonné qu’en tant que préfet en chef, il ne soit pas encore dans la Grande Salle, qui commençait à bien se remplir. « Alors, tu as mis ton nom dans la coupe ? » Demanda finalement Adonis à Luke tandis qu’ils passaient devant, leurs regards automatiquement attirés vers elle. Le préfet mis quelques instants à comprendre que c’était à lui que Adonis s’adressait - comme s’il n’était pas allé avec James quand celui-ci avait déposé son nom dans la coupe, et même s’il avait ignoré si son meilleur ami était candidat ou non, tous les Gryffondor étaient au courant, dans tous les cas c’était idiot. « Non, avec mes devoirs de préfet-en-chef, je pense que j’aurais déjà suffisamment à faire. » Adonis acquiesça, se retenant à grande peine de ne pas faire remarquer que Dorcas, elle, avait mis son nom. Après tout, les sang purs étaient plus puissants, Dorcas pourrait gérer ses responsabilités de préfète tout en accomplissant les tâches du tournoi, si elle avait eu une chance d’être choisie comme championne. « Tiens, Dorcas est déjà là. » Reprit Luke, les joues légèrement rouges, comme s’il était parvenu aux mêmes conclusions qu’Adonis. Il s’empressa d’aller s’asseoir face à elle, tandis qu’Adonis faisait le tour de la table à la suite de James pour venir en face. Il laissa James se mettre à côté de la préfète, au cas où les demoiselles de Beauxbâtons aient à nouveau envie de se placer à leurs côtés.

Après s’être vidé une bonne bouteille de MagicHair sur sa chevelure rousse, Lily ne pouvait s’empêcher de passer sa main dans ses cheveux, qui ondulaient élégamment. Jamais elle n’avait touché quelque chose d’aussi doux, c’en devenait fascinant. Elle avait même emprunté le maquillage d’une de ses camarades de chambre, écoutant avec intérêt ses conseils, finissant par lui laisser le champ libre pour la maquiller à sa place. Elle qui avait d’habitude une main si sûre, elle était à présent incapable de ne pas trembler. Lily avait ensuite rejoint ses amis dans la salle commune, qui l’attendaient pour descendre pour finalement la regarder d’un air presque choqué. Sans attendre la moindre réflexion, elle s’était contentée de les convoquer d’un « Vous venez ? » Tout en passant par la porte de la salle commune, et ils s’étaient empressés de la suivre. Une fois dans la grande salle, elle s’était placée dos au mur, le plus près possible de la coupe de feu, qui était à présent face à elle. Elle avait attendu le déjeuner pour y mettre son nom, sous les acclamations de ses amis. Juste après, elle avait croisé le regard de James, mais il était trop loin pour qu’elle puisse interpréter son regard. Etait-il fier d’elle, malgré tout, ou désapprouvait-il ? Peu importe, à présent. Son regard vacilla jusqu’à la table des Gryffondor, où elle le trouva à côté d’Adonis, comme toujours. Au même moment, il leva le regard vers elle, comme s’il avait senti le sien. Elle esquissa un sourire accompagné d’un signe de la main, comme un drapeau blanc. Malgré tout ce qu’il s’était passé depuis le début de l’année, s’il était choisi comme champion par la coupe, elle serait sacrément heureuse pour lui, vachement fière de son grand frère. Elle détourna ensuite les yeux vers la table des professeurs, où le professeur McGonagall semblait agacée, expression qui disparu aussitôt quand le ministre de la magie arriva. Lily fronça légèrement les sourcils. Pourquoi le ministre avait-il été retenu alors qu’un événement d’une grande importance avait lieu ici ? Cela devait être grave, mais elle ne pouvait compter sur son père pour lui raconter. « Maintenant que tout le monde est présent… Je déclare que le banquet peut officiellement commencer. » Aussitôt, des dizaines de plats apparurent sur chaque table, tandis qu’un peu partout, des élèves se jetaient sur leurs mets favoris. Mais la fin n’était pas au rendez-vous pour Lily, l’angoisse lui nouant l’estomac. Elle aurait voulu parler à James. Du tournoi, du retard du ministre, ou de n’importe quoi d’autre. Mais là, elle devrait se contenter d’Hélios. Elle se tourna vers lui, ne sachant où commencer. La vérité, c’était que si elle avouait ses craintes au sujet du tournoi à son groupe, ils cesseraient de la voir comme le leader sans crainte qu’elle était à leurs yeux. « Passes-moi les pommes de terre. » Dit-elle finalement à Hélios, qui attendait qu’elle se décide finalement à parler. Evitant son regard, elle se servit généreusement avant d’arroser son plat de sauce. Elle avait l’impression que si elle croisait son regard, elle serait foutue, il la connaissait trop bien, plus qu’elle ne l’aurait voulu après les récents événements. Elle tourna ensuite la tête vers le groupe de Durmstrang, à nouveau présent à leur table, et surprit ce garçon, Alexander, qui l’observait. Souriant, elle lui adressa un signe de la main. Lui, au moins, ne savait rien d’elle, et elle adorait ce mystère.

Les élèves de Durmstrang remontent l’allée menant jusqu’au château de Poudlard, laissant le lac derrière eux sans un regard un arrière. Avançant d’une démarche conquérante, Nikolaï prend la tête du convoi, gardant Ivanna auprès de lui. Son cousin les suit de près et le sang pur ne peut s’empêcher de lui lancer quelques regards intéressés. Pour une fois, il se trouve en mesure de constater tout le potentiel que présente Aleksander et qu’il n’avait jamais eu l’occasion de remarquer auparavant. Il n’a pas encore pris le temps de lui parler des conclusions auxquelles il est venu avec Ivanna mais il compte bien sur le banquet de ce soir pour lui en toucher deux mots, discrètement. Après tout, ils s’installeront tout naturellement à la table des Serpentards, il suffira alors de prendre assez de distance avec la jeune Potter pour qu’elle n’entende pas, tout en restant suffisamment proche pour que son cousin puisse aisément la voir. Heureusement, la rousse est déjà installée à la table des Serpentards lorsqu’ils arrivent, ce qui permet à Nikolaï de choisir une place en fonction de la jeune femme. De toute façon, il serait impossible de s’asseoir près d’elle. Elle a dû arriver dans les premiers pour être au plus près de l’estrade, afin de pouvoir admirer au mieux la coupe de feu lorsqu’elle annoncera les noms des champions, et quelques Serpentards se sont déjà installés auprès d’elle. Se plaçant à une distance raisonnable, Nikolaï attend patiemment la suite des évènements avant de parler sérieusement à son cousin. « Maintenant que tout le monde est présent, je déclare que le banquet peut officiellement commencer. » annonce finalement la directrice de Poudlard. Aussitôt, de nombreux plats apparaissent sur les tables et tous les élèves autour d’eux commencent à se servir. Nikolaï ne se fait pas prier pour faire de même. Mais alors qu’il se saisit d’un plat de viande rôtie, il en profite pour lancer un regard en direction d’Ivanna, avant de se pencher vers son cousin. « Tu n’as pas été dire bonsoir à Lily Potter ? » lui demande-t-il avant de reposer le plat sur la table. Il se redresse pour mieux pouvoir observer son cousin. « C’est dommage, elle risque d’être déçue que tu ne sois pas allé la saluer et que tu ne lui aies pas montré ton soutien pour ce soir. Tu avais l’air de lui plaire. » souligne-t-il alors que son cousin lance un regard en direction de la jeune rousse. Au même moment, celle-ci se retourne pour regarder Aleksander et lui adresser un petit signe. Juste de quoi appuyer les propos de Nikolaï.

C'est comme à son habitude que le jeune Avery prend place aux côtés de Lily Potter en arrivant dans la Grande Salle. Ces deux là ont pour réputation d'être inséparables et ce n'est pas maintenant qu'Hélios laissera tomber la rouquine. Après tout, elle n'a sûrement jamais eu aussi besoin de son soutien, aussi se doit-il d'être présent et même Dorcas ne pourrait rien y changer. Son regard s'attarde quelques instants sur la coupe de feu, déjà fièrement dressée sur l'estrade, avant de coulisser vers la table des Gryffondor. A côté de sa sœur se tient fièrement James Potter. La jeune femme doit certainement fulminer à l'idée qu'il se soit installé là juste pour la narguer si c'est son nom qui sort de la coupe. Il est d'ailleurs étonnant que Dorcas adopte une attitude si détendue lorsque l'on sait son aversion pour le jeune homme. Mais cela n'empêche pas Hélios d'esquisser un sourire en imaginant la gêne de sa sœur. Bien fait pour elle. « Passe-moi les pommes de terre. » lui dit finalement Lily, restée jusque-là étrangement silencieuse. Hélios se tourne vers elle pour la dévisager durant quelques secondes, juste à temps pour la voir adresser un signe de main en direction d’un groupe d’élèves de Durmstrang. Bien sûr, cet Aleksander est présent au milieu d’eux et dévore presque Lily du regard. Ne devrait-il pas plutôt être en train de baver devant la coupe de feu, comme tous les autres élèves de cette table ? C’est avec une légère pointe de jalousie qu’il ne parvient pas à s’expliquer, qu’Hélios finit par se saisir du plat de pommes de terre pour le tendre à la jeune femme. « Alors, confiante ? » demande Hélios avec l’espoir de détourner l’attention de Lily de cet énergumène. Il ne parvient pas à croire que l’attention que lui portent les étudiants d’Europe de l’Est soit complètement désintéressée. Ils doivent forcément cacher quelque chose. Déjà, de ce qu’en a compris Hélios dans le discours de Nikolaï – c’est ainsi qu’il s’appelle, n’est-ce pas ? –, ces gens ont l’air de beaucoup trop fonctionner à l’ancienne. D’être comme son père. Et son père est sans doute l’homme qu’Hélios craint le plus au monde. « Tu dois te réjouir, c’est ton grand soir. » insiste-t-il face au peu de réactions de la rouquine.

Alors que les autres Serpentards et les élèves de Durmstrang commencent à se servir autour de lui, Scorpius ne peut s’empêcher de laisser son regard vrillé sur la coupe de feu et le drap qui le recouvre. C’est avec une certaine satisfaction qu’il imagine la frustration de son père, lorsqu’il se tenait à la même place et qu’il avait été déclaré trop jeune pour déposer son nom dans la coupe. Dire qu’il avait dû assister au spectacle du morceau de parchemin portant le nom de son rival, qui sortait des flammes pour annoncer un quatrième champion. Tout cela aurait pu être encore plus jouissif si cela ne ramenait pas ses pensées sur Harry Potter et ses stupides enfants. D’un coup d’œil, il remarque le visage rayonnant de James, s’imaginant sans doute déjà en champion de Poudlard, mais aussi le petit signe de main que Lily adresse à un élève de Durmstrang, installé non loin de Scorpius. Qu’a-t-elle encore derrière la tête ? Tout ce qui est sûr, c’est qu’Hélios ne semble pas très heureux de voir cela. Peu importe, le jeune Malefoy a bien mieux à faire que de gâcher ce jour de fête avec leurs enfantillages. Et aucun Serpentard n’a intérêt à venir mettre à mal sa bonne humeur, sans quoi il serait certain d’écoper de belles punitions jusqu’à la fin de l’année et peu importe la coupe des quatre maisons. L’enjeu est bien plus important avec le Tournoi des Trois Sorciers. Alors qu’il se sert une cuisse de poulet, le jeune homme en profite pour reprendre sa conversation là où il l’avait laissée avec Cedrella, avant que le professeur McGonagall ne vienne les interrompre avec le commencement du banquet. « Du coup, je te demandais si tu avais vu quelqu’un allait déposer son nom de façon discrète ? Parce que tout le monde connait plus ou moins les personnes s’étant annoncées comme candidat pour être champion de Poudlard, mais il y a forcément des personnes qui ont porté leur candidature sans ne rien dire à personne, n’est-ce pas ? » Il se saisit de son gobelet pour boire une grande gorgée, avant de le reposer sur la table pour couper un bout de son poulet. « En tout cas, j’imagine que ce ne serait pas cette idiote d’Annabeth qui se présenterait comme ça. Elle est trop stupide pour penser à une telle stratégie. » glisse-t-il à Cedrella, à la manière d’une blague qu’elle seule serait en mesure de comprendre. Ce qui est le cas, à vrai dire. Peu d’élèves de Poudlard semblent être au courant de la brève aventure entre cette sang-de-bourbe et le jeune homme à la chevelure dorée.

Enfin, le banquet commençait. Elle ne savait pas si c’était l’excitation de la soirée qui s’annonçait ou une longue journée derrière elle, mais Cedrella mourrait de faim. A présent, les dés étaient jetés, il n’y aurait plus de nouvelles candidatures. Bien sûr, le nom de Cedrella ne figurait pas parmi les choix possibles pour Poudlard, elle soutenait officiellement et avec hargne son ami Scorpius, mais elle ne s’était toutefois pas retenue de candidaté pour ne pas le vexer. Non, même si elle trouvait que le tournoi était une grande chance, un immense honneur, ce n’était pas pour elle, elle n’avait pas ce qu’il fallait, voilà tout. Elle avait toujours préféré rester dans l’ombre, conseillant celui qui avait ce qu’il fallait pour briller. « Du coup, je te demandais si tu avais vu quelqu’un allait déposer son nom de façon discrète ? Parce que tout le monde connait plus ou moins les personnes s’étant annoncées comme candidat pour être champion de Poudlard, mais il y a forcément des personnes qui ont porté leur candidature sans ne rien dire à personne, n’est-ce pas ? » Cedrella acquiesça en regardant le coupe de feu, brûlant fièrement devant eux. Ça allait être quelque chose, tout à l’heure, quand elle s’éveillerait pour recracher les trois petits papiers qui scelleraient bien plus que ce que l’on pouvait croire. « En tout cas, j’imagine que ce ne serait pas cette idiote d’Annabeth qui se présenterait comme ça. Elle est trop stupide pour penser à une telle stratégie. » Cette remarque fit sourire Cedrella. Elle seule savait à quel point il avait détesté cette période insupportable où il avait dû faire semblant d’être un beau prince romantique et dévoué pour Annabeth Brythe, la voyante, mais surtout la née moldue. « Pour elle, ça ne serait pas une bonne stratégie de toute façon. Elle n’en sait tout simplement pas assez sur notre monde, le sien en est trop éloigné, elle se ferait tuer en deux minutes. » Cedrella ne détestait pas particulièrement les nés moldus, mais c’était la vérité, quelqu’un comme Scorpius, qui avait grandi entouré de magie, aurait de biens meilleurs réflexes lors d’une tâche mortellement dangereuse. « Mais malheureusement non, j’ignore s’il y a eu de nouvelles candidatures secrètes. De toute façon, je ne crois pas que ça fasse une différence, on connaît ceux qui ont du potentiel et on sait de source sûre qu’ils se présentent. De chez nous, on ne parle que de Lily et toi bien sûr, mais vu la tête d’Hélios, j’ai l’impression qu’il aurait bien pu se porter candidat en secret sans oser le dire à Lily. » En effet, le garçon semblait inquiet, voir malade, en tout cas, il avait changé. Cedrella gardait à présent son regard fixé sur le jeune garçon, pas inquiète pour une noise qu’il la remarque, après tout, c’était son droit le plus élémentaire de le fixer si elle le voulait.

Après qu’elle l’ait apostrophé pour mettre la main sur quelques pommes de terre baignant dans leur jus, Hélios prit le temps de regarder vers le bout de la table, où se trouvaient les élèves de Durmstrang, avant de finalement lui passer ce fichu plat. En se servant, Lily tenta d’ignorer l’air refrogné qu’il arborait depuis quelques instants. Décidément, l’ambiance n’était pas à son meilleur au sein de leur petit groupe. « Alors, confiante ? » Lily haussa les épaules, offrant malgré tout un sourire mystérieux à Hélios. Elle croyait évidemment en ses chances, elle en rêvait toutes les nuits, et elle le sentait, c’était son destin, enfin une chance de se montrer à la hauteur de son père, de ne plus être juste la « fille de ». Bien sûr, c’était un exploit que son père avait déjà réalisé - y en avait-il un qu’il n’ait pas fait, d’ailleurs ? -, mais elle comptait bien gagner ce tournoi seule, et sans ressusciter un mage noir au passage, de préférence. « Tu dois te réjouir, c’est ton grand soir. » Insista Hélios, pas encore prêt à abandonner ses efforts pour la dérider. Elle regrettait presque de ne pas avoir fait comme elle le prévoyait au départ : une candidature secrète, sans pression. Si elle y arrivait, c’aurait été la surprise de la soirée pour tout le monde, et si elle avait échoué, personne ne l’aurait su. Mais elle devait croire en ses chances. « Je l’espère, ouais. Ça fait toujours bien sur un CV, ce genre de truc. » Lui répondit-elle distraitement, décidant finalement de jouer la fille blasée, qui s’en moque comme de son premier match de Quidditch. « Oh, du raisin ! Mais c’est pas encore le dessert pourtant ! » Elle voulait attraper un grain, mais il s’échappa de ses doigts tremblants pour venir s’écraser au sol, aussitôt englouti par celui-ci. Elle n’avait jamais remarqué ce phénomène de sol absorbeur de nourriture qui tombe. Elle aurait voulu essayer avec un stylo, voir si ça l’absorbait aussi, mais elle n’en avait pas sous la main. « Mince, c’que j’peux être maladroite. » Elle se força à sourire, espérant que ça passe. A vrai dire, ses amis la connaissait sans doute trop bien pour ne pas savoir qu’une attrapeuse de son niveau était tout sauf maladroite, mais elle comptait sur le fait qu’ils n’oseraient pas la questionner là-dessus de peur de se prendre un sort dans la figure.

Fièrement installé à la table des Gryffondors, James n’hésite pas à se pavaner alors qu’il se sert dans les plats présents face à lui. Dorcas se trouve juste à sa droite et le petit groupe d’élèves de Beauxbâtons comprenant la sœur d’Adonis, à sa gauche. Quelques fois, il a l’impression de sentir le regard d’Artemis posé sur son visage, mais il ne redresse jamais la tête pour vérifier son hypothèse. Mieux vaut jouer l’indifférent. Et puis, de temps à autres, le bras de la préfète-en-chef frôle le sien, le rappelant à l’ordre. Il laisse alors tomber l’idée de regarder sa propre table pour lever les yeux en direction de celle des Serpentards, où sa sœur se tient le plus près possible de l’estrade, sans doute dans le but d’être au plus près de la coupe de feu. Un simple coup d’œil permet au jeune homme de la trouver un peu patraque. Comment se fait-il qu’elle se montre si peu enchantée par cette soirée ? Elle doit sentir qu’elle ne sera pas sélectionnée. Ou alors, elle regrette sa candidature. Ou… Son cœur se sert un peu alors qu’il réfléchit à ce qui peut bien mettre sa sœur dans cet état. Aussi se promet-il d’aller la voir dès la fin du repas pour en apprendre un peu plus sur ce qui ne va pas. Il se mord légèrement l’intérieur de la joue alors qu’il se tourne de nouveau vers la table des Gryffondors, cherchant à se remotiver. Après avoir attrapé une dernière pomme de terre rissolée du bout de sa fourchette et l’avoir fourrée dans sa bouche, il frappe la table du plat de sa main afin d’attirer l’attention des élèves de Beauxbâtons, sentant déjà sa bonne humeur revenir, malgré son inquiétude. « Admirez bien cette table gentes dames – et Louis – car ce soir, deux futurs champions se trouvent assis autour. Le vôtre mais aussi celui de Poudlard. Il ne fait aucun doute que c’est un Gryffondor qui portera les couleurs du Royaume-Uni, car le champion se doit d’être fort et brave. » Il adopte un grand sourire fier avant de se tourner vers l’autre côté de la table pour chercher le soutien des autres élèves de sa maison. Si Adonis semble être complètement d’accord, James ne tarde pas à remarquer les yeux ronds de Dorcas. A moins qu’il n’ait rêvé ? En tout cas, il ne tarde pas à comprendre son erreur. Il ne voulait pas lui manquer de respect ou oublier de la soutenir. « En France, c’est le masculin qui l’emporte. » élude-t-il simplement en haussant les épaules, comme s’il tentait simplement d’apprivoiser les coutumes des pays concurrents.