C’est avec passion que Scorpius s’élance dans la description de ses nouvelles idées, espérant que Cedrella les comprendra et y adhérera. Mais pour la première fois depuis longtemps, les deux préfets ne semblent pas être sur la même longueur d’ondes et l’Ollivander n’affiche qu’un visage tendu, peu assuré. Elle ne semble pas du tout croire en les idées de son ami. Elle semble même plutôt réticente à les attendre et le jeune homme ne peut s’empêcher de gigoter un peu sur son siège, mal à l’aise. Pourtant, l’avis de la jeune femme l’importe énormément. Il ne pourrait pas faire sans et il porte une confiance totale dans le jugement de son amie. « Malheureusement, je pense que le plus rapide pourra revendiquer la prophétie sans que quiconque n’ose s’interposer. Et si Nikolaï était venu non pas pour se mettre au service de l’héritier mais pour le devenir lui-même ? Peut-être qu’il s’intéresse à Lily Potter pour lui faire du mal. Si seulement ils pouvaient s’entre-tuer.. » Un rêve qui deviendrait réalité. Peut-être pour une minorité de personnes seulement, mais une minorité à laquelle ils font tous deux partie. Dans tous les cas, Cedrella n’a pas tord. Nikolaï n’a sans doute pas fait tout ce voyage uniquement pour venir soutenir un potentiel héritier, mais plus pour tenter de prendre la place. Cela fait plus de sens. « Et si ton destin n’était pas de participer au tournoi ? Et si le tournoi était là pour occuper les autres pendant que l’on mettrait sur pied quelque chose de bien plus grand, de bien plus important que ça ? » propose finalement Cedrella d’une voix faiblarde qu’il ne lui connait pas. Restant un temps complètement sonné par les paroles de la jeune femme, il tarde à comprendre leur véritable sens. Lui ? Ne pas être champion de Poudlard ? Ses poings se serrent sans qu’il puisse y faire quoi que ce soit. Sa mâchoire se contracte et ses yeux lancent des éclairs. « Parce que tu crois vraiment que celui qui gagnera le Tournoi se laissera marcher sur les pieds par un vulgaire élève sorti de nulle part ? Non, c’est le vainqueur qui récoltera toutes les louanges et parviendra à rallier tout le monde à sa cause. » Il ne parvient pas à dissimuler son ton dur ou sa mauvaise humeur. Il se trouve être réellement sur les nerfs. Jamais il n’aurait cru que Cedrella puisse l’écarter ainsi. Une situation qu’il vie comme une trahison. « Tu préférerais que je me mette de côté pour ouvrir la voie à un autre ? » insiste-t-il d’un ton toujours aussi dur. Sans parvenir à se calmer.

Hélios emploie toute son énergie à tenter de remonter le moral de sa meilleure amie, celui-ci ne semblant pas être au beau fixe. Mais à force de s’y employer, tout cela semble fonctionner à merveilles. Peu à peu, la rouquine apparait comme affichant un visage un peu moins bougon et elle se redresse sur son siège, de nouveau fière. Leurs amis n’auront même pas eu le temps de voir que Lily Potter a eu un léger coup de mou. Seul l’Avery a pu s’en apercevoir et seulement parce qu’il connait la jeune femme sur le bout des doigts. « On peut bien sûr influencer le choixpeau, quand il hésite, mais à quoi bon se mentir à soi-même ? Je rendrais Serpentard fier. » annonce Lily d’une voix fière, montrant ainsi à son meilleur ami qu’elle a récupéré toute sa rage de vaincre. Qu’elle est prête à tout pour défendre les couleurs de sa maison, mais aussi et surtout, qu’elle est prête à endosser le rôle de championne de Poudlard. Une perspective qu’elle semblait avoir abandonnée il y a quelques minutes encore. « Je suis étonnée que le choixpeau ait envoyé Dorcas à Gryffondor, si c’est un telle tar dans votre famille. On aurait pu penser qu’elle l’aurait supplié, non ? Le choixpeau écoute nos peurs et nos désirs, ce n’est pas pour rien qu’autant de fils de bonne famille finissent chez nous, presque davantage par tradition familiale que par réel mérite. » Le jeune homme hausse les épaules. C’est vrai qu’il n’a jamais réellement pris le temps de réfléchir à ce fait troublant, tant ce qui concerne sa sœur lui passe au-dessus de la tête. Mais à présent que Lily met le doigt dessus, il est vrai que cela parait tout de même très étrange. Inhabituel. Et puis, connaissant la force de persuasion de sa sœur, Hélios ne peut décemment pas croire qu’elle n’a pas réussi à convaincre le morceau de tissu magique de l’envoyer dans la maison qui rendrait leur père fier. Finalement, si elle a été envoyée à Gryffondor, c’est qu’elle le voulait bien. Mais dans quel but ? « Je t’avoue que je n’ai jamais pris le temps d’en parler avec elle. Mais c’est vrai que c’est étrange. Je ne comprends pas. Et maintenant, je me demande pourquoi elle a laissé les choses se passer ainsi. C’est complètement absurde, ça ne correspond pas à la Dorcas que je connais… » Mais Hélios connait-il vraiment sa sœur ? Il lui est permis d’en douter. « En tout cas, une chose est sûre : c’est que je n’ai atterri à Serpentard que pour mon nom de famille. Pas par mérite. » avoue le jeune homme avec un sourire légèrement triste. A vrai dire, il sait que son caractère ne correspond en rien aux idéaux de sa maison, mais il ne se verrait aller dans aucune de celles de Poudlard. La bravoure ? Il n’a jamais été qu’un lâche obéissant à sa sœur parce que la peur lui tordait le ventre. L’intelligence ? Il n’a jamais obtenu de notes exceptionnelles et ne s’est jamais montré plus brillant que la moyenne. La loyauté ? Se lier d’amitié parce que cela vous a été dicté, est loin d’être l’acte le plus loyal au monde.

Complètement impatient, James ne peut s’empêcher de demander à Dorcas si elle a une idée de quand la soirée entrera dans le vif du sujet. Après tout, c’est bien ce qu’ils attendent tous, non ? Alors pourquoi ainsi faire durer les choses ? C’est de la pure torture. Un acte d’une atrocité terrible. Et pourtant, cela représente un certain soulagement d’être laissé dans l’indifférence. Un soulagement empreint à la fois d’un sentiment de sérénité, mais aussi, de panique. « D’après Les modalités les plus inconnus du Tournoi des Trois Sorciers, la Coupe se calque sur le directeur de l’école qui reçoit, un peu comme nos propres plats qui disparaissent de nos tables quand le professeur McGonagall a terminé. Il suffit qu’elle se lève pour que tout commence. Mais elle-même attend que les autres directeurs et nos invités du ministère aient terminé, bien sûr. » James hoche la tête, presque impressionné. Il ne savait pas qu’il existait un livre s’intitulant de la sorte, mais il est vrai qu’il ne voie pas non plus l’intérêt de le lire. Pourquoi ne pas tenter de découvrir les choses par soi-même de temps à autre ? Quelques fois, Dorcas ferait mieux de se détendre un peu. Enfin, il est vrai qu’elle n’aurait pu répondre à sa question sans avoir lu l’ouvrage mais il s’attendait plus à une approximation de temps qu’une réponse aussi technique. Le jeune Potter ne peut plus s’empêcher de compter les secondes, espérant qu’elles s’égrainent plus vite, mais elles semblent être de plus en plus longues. Il ne sait même pas s’il est si pressé pour se rassurer en voyant son nom sortir de la coupe ou plutôt en ne voyant pas le nom de sa sœur en sortir. « Alors, tu as fait tes pronostiques sur qui l’un de nous devra affronter ? » demande finalement la préfète-en-chef, visiblement aussi impatiente que lui. Ce qui n’est pas forcément étonnant, il faut l’avouer. « Ah vrai dire, pour Beauxbâtons, je n’en sais rien. Aucun ne sort vraiment du lot. » avoue le jeune homme à voix basse, de peur que les étudiants de la délégation étrangère ne soient en mesure de l’entendre. Il ne manquerait plus qu’ils prennent mal ses propos et se sentent vexés. Le Potter ne veut absolument pas créer de conflit diplomatique. Et il sait pourtant qu’il en serait capable, à coups de blagues trop poussées qui pourraient être mal prises. « Mais pour Durmstrang, Lily m’a fait part de quelque chose d’un peu étrange. Il parait qu’un garçon du nom de Nikolaï Stoyanov s’est présenté aux Serpentards comme étant le champion de Durmstrang. Il est sans doute un peu trop sûr de lui, mais justement, s’il s’est montré si confiant, c’est qu’il faut peut-être s’y intéresser. » Le capitaine de l’équipe de Quidditch de Gryffondor s’empresse alors de désigner l’emplacement qu’occupe le prénommé Nikolaï sur la table des Serpentards, afin que Dorcas puisse voir à quoi il ressemble.

Les garçons de Poudlard avaient fantasmé durant des semaines sur les jolies sorcières françaises qui allaient arriver, chacun réfléchissant à la meilleure stratégie pour les approcher, car ces demoiselles étaient réputées pour être aussi hautaines qu’elles étaient belles. Déjà, ses coéquipiers de Quidditch souriaient, écoutant leur conversation avec intérêt, ravis qu’Adonis ait réussi à les convaincre de les soutenir. Les gars des autres équipes allaient être verts de jalousie, même ceux n’appartenant pas à une équipe, d’ailleurs. « Ce sera avec plaisir que je me vêtirai des couleurs de votre maison, tu as ma parole. Et ma voix s’élèvera avec celle des autres Gryffondors pour t’encourager. J’espère que ma présence t’incitera à marquer de nombreux points, ça me ferait vraiment plaisir. » Il sourit, amusé par ses formulations un peu pompeuses. Etait-ce ainsi que l’on apprenait l’anglais en France, ou était-ce juste ainsi à Beauxbâtons, où la bonne éducation et les bonnes manières étaient presque plus importantes que la puissance magique. D’ailleurs, peut-être avaient-elles un cours pour apprendre à avoir les cils si longs ? C’en était hypnotisant. « Et je serais ravie de te suivre pour une visite des environs après le match, mais seulement si tu es sûr de ne pas être trop fatigué après tes performances sportives. Dans ce cas, je t’attendrai près des vestiaires. » Il rit discrètement, sans moquerie. Il faudrait plus qu’un match de Quidditch pour le rendre trop fatigué, ce n’était pas pour rien qu’ils faisaient toujours une fête après les matchs quand ceux-ci leurs avaient été favorables. Il n’y avait plus qu’à espérer une victoire, sinon il serait ridiculisé. « Oh, tu sais, j’ai appris à voler avant d’avoir appris à marcher, et j’ai commencé à m’entraîner au Quidditch presque aussitôt, il en faut plus pour me fatiguer. En fait, au Quidditch, tu as plus de chance de finir le match blessé que fatigué. » Dit-il négligemment, comme s’il avait l’habitude de récolter des blessures de guerre. C’était en partie vrai face aux Serpentard, dont les batteurs étaient sans doute les plus agressifs de l’école. Là où la plupart des batteurs cherchaient à déstabiliser les autres joueurs, eux, cherchaient à les mettre à terre, c’était ce qui les amusaient. « Vous ne pratiquez donc pas le Quidditch, à Beauxbâtons ? Vous avez d’autres sports ou activités ? » C’était des secrets qu’Artemis avait toujours refusé de lui révéler, lui disant simplement qu’il n’avait aucune idée de ce qu’il se passait, avec son air mystérieux. Peut-être que les garçons faisaient du Quidditch entre eux pendant que les filles jouaient avec leurs poneys volants et qu’Artemis faisait un mystère de rien. Ou alors ils avaient vraiment des activités secrètes.

Cela ne lui plaisait pas. Il n’avait même pas besoin de dire quoi que ce soit pour qu’elle le comprenne aussitôt, rien qu’à sa tête. Elle le connaissait par coeur, et ce qu’elle voyait ne lui augurait rien de bon. Mais elle refusait d’être simplement là pour faire de la figuration, disant amen à toutes ses idées et suggestions. Non, Cedrella était sa conseillère, ce n’était pas parce qu’elle était jolie qu’elle était stupide. « Parce que tu crois vraiment que celui qui gagnera le Tournoi se laissera marcher sur les pieds par un vulgaire élève sorti de nulle part ? Non, c’est le vainqueur qui récoltera toutes les louanges et parviendra à rallier tout le monde à sa cause. » Il était buté, et elle comprit qu’il ne changerait pas d’avis. Il ne voyait pas que le tournoi n’avait rien à voir avec la politique, même si c’était vrai qu’il ouvrait énormément de portes. Quand on gagnait le tournoi, tout le monde savait qui on était et de quoi on était capable. Quand on sortait vainqueur du tournoi, tout le monde voulait travailler avec nous, offrir un travail, une bonne position, c’était un ticket en or, mais elle restait persuadée que ce travaille devait se commencer dans l’ombre, récolter des partisans et se révéler ensuite. « Tu préférerais que je me mette de côté pour ouvrir la voie à un autre ? » Cella sentait la colère vibrer dans sa voix, et elle sut qu’elle ne parviendrait pas à lui faire entendre raison ce soir. Elle décida donc de laisser tomber. S’il devait être l’héritier grâce au tournoi, ils seraient fixés ce soir, après tout, personne n’ignorait la prophétie et les enjeux de ce soir. S’il devait y arriver par d’autres moyens, ils le sauraient également bientôt. « Si tu te considères toi-même comme un ‘vulgaire élève sorti de nulle part’ alors je ne peux rien faire pour t’aider. » La colère l’atteignait à son tour, elle devait bien avouer qu’elle était terriblement vexée. Et puis, si le champion de Poudlard était un Potter ou même Dorcas, il n’aurait pas de concurrence pour le titre d’héritier, Cedrella voyait pas l’un de ces petits anges avoir les mêmes objectifs que le Seigneur des Ténèbres, qu’eux. « Laisse tomber, d’accord ? Débrouille toi tout seul. » Après un dernier regard noir lancé dans la direction de Scorpius, Cedrella se tourne de l’autre côté de la table, là où sont les autres élèves de son année, tournant résolument le dos à Scorpius.

Seuls Hélios et Lily pouvaient comprendre l’ampleur de l’étrangeté de la situation. Seuls eux connaissaient sa véritable nature et savaient à quel point elle pouvait être maléfique. Elle savait qu’il était inutile d’essayer d’en parler à James, elle connaissait déjà sa réponse. Il lui dirait que c’était la preuve que Dorcas étaient en réalité quelqu’un de bien. Elle lui répondrait en lui demandant si dans ce cas, pour lui, les Serpentard ne pouvaient pas être des gens bien. Il accuserait Hélios de l’influencer, et une nouvelle dispute éclaterait entre eux. Non, elle le connaissait par coeur, elle savait qu’il en serait ainsi. Mais elle se demandait tout de même comment il pouvait ne pas avoir deviné la vérité. Après tout, elle avait commencé à accuser Dorcas d’être maléfique juste après l’agression d’Hélios. Il aurait dû faire le lien, sauf qu’il ne voulait pas voir la vérité en face. « Je t’avoue que je n’ai jamais pris le temps d’en parler avec elle. Mais c’est vrai que c’est étrange. Je ne comprends pas. Et maintenant, je me demande pourquoi elle a laissé les choses se passer ainsi. C’est complètement absurde, ça ne correspond pas à la Dorcas que je connais… » Lily acquiesça, compréhensive. C’est vrai qu’il était difficile d’imaginer Dorcas et Hélios confortablement installés dans un canapé près d’un feu de cheminée, se confiant leurs états d’âmes et secrets de répartition. Même avant cette année, Lily avait toujours su que les deux frère et soeur Avery n’étaient pas proches, à présent, c’en devenait risible. Mais à son avis, ils pouvaient prendre comme fait accompli que si Dorcas était à Gryffondor, ce n’était pas par dépit ou obligation. Peut-être que, comme Lily, le choixpeau lui avait suggéré une maison inattendue et qu’elle avait cédé à la tentation de quelque chose de nouveau, comme une aventure inouïe. Mais non, Lily ne voulait pas penser ainsi, elle ne voulait pas croire que la préfète en chef et elle puissent avoir des points communs. « En tout cas, une chose est sûre : c’est que je n’ai atterri à Serpentard que pour mon nom de famille. Pas par mérite. » Lily hocha aussitôt la tête de droite à gauche, niant directement les mots de son ami. Elle n’imaginait pas son ami porter autre chose que le vert de Serpentard. Elle savait pas les histoires de son père qu’un élève de Poudlard pouvait parfois être surpris par sa répartition, pensant qu’il n’avait rien à faire là, mais il réalisait plus tard qu’il n’aurait pu être nul part ailleurs et qu’il était fait pour sa maison. Son père lui-même s’était questionner durant deux bonnes années sur sa légitimité à Gryffondor, se demandant s’il avait bien fait de refuser Serpentard. Mais ce n’était pas l’histoire qu’elle devait raconter à Hélios, elle évitait généralement de parler de son père avec fierté quand l’Avery était dans les parages pour des raisons évidentes. « Tu sais, le professeur Londubat pensait qu’il n’avait rien d’un Gryffondor, qu’il n’était pas assez bien pour cette maison, qu’il n’avait rien du grand Gryffondor. Il l’a cru pendant presque toute sa scolarité. Et puis, il a sorti l’épée de Gryffondor du choixpeau et à détruit Voldemort.. » Plusieurs regards se tournèrent vers elle à l’évocation du mage noir certains grimaçant ou lui lançant des regards accusateurs. Parler de Voldemort était encore un sujet sensible pour beaucoup de sorciers, qui avaient appris la crainte de ce nom par leurs parents. Lily, elle, avait appris à ne pas avoir peur de l’appeler par son nom. Elle sourit à ses camarades, les fixant un à un jusqu’à ce qu’ils aient tous détourné le regard, gênés. Elle reprit ensuite pour Hélios. « Enfin, tu comprends l’idée, et à présent, tout le monde le connait comme un grand héros de guerre et personne ne douterait de son appartenance à Gryffondor. Je suis sûre que tu rendras Serpentard fier. Peut-être qu’un jour la répartition de Dorcas prendra sens également. » Presque personne ne savait quel élève timide et peu sûr de lui Neville avait été. Lily, ainsi que les enfants de toute la bande savaient pour avoir entendu des récits détaillés de toutes leurs aventures, mais la plupart des autres élèves actuels pensaient que Neville avait toujours été super cool, l’élève le plus populaire, toujours au centre des ennuis, à l’instar de Ron et Hermione autour de son père.

Jetant un coup d’oeil en direction de la délégation de Beauxbâtons, Dorcas tente d’en repérer un qui puisse avoir l’étoffe d’un champion, un qui soit à la hauteur du tournoi. La plupart des gens avaient tendance à sous estimer le concurrent de l’académie française, mais Dorcas savait que sous leurs airs rêveurs et bien élevés pouvaient se cacher de véritable combattant, et elle ne voulait rien laisser au hasard, il serait trop bête de perdre parce que l’on se surestimait. En tout cas, Dorcas était heureuse de pouvoir simplement avoir une conversation normale avec James, devant tout le monde. Elle sentait l’excitation du tournoi monter en elle, et elle savait que c’en était de même pour lui. « Ah vrai dire, pour Beauxbâtons, je n’en sais rien. Aucun ne sort vraiment du lot. » Dorcas acquiesça, songeuse. Elle avait bien sûr vu James et Adonis bavarder avec les élèves de Beauxbâtons la veille, ce qui faisait d’eux les mieux placer pour deviner qui pourrait les représenter. Apparemment, ils sortaient tous du même moule, sans qu’aucun ne se montre particulièrement brillant. Mais à nouveau, il ne fallait juger personne trop rapidement, elle-même était plutôt petite et menue et pourtant elle était persuadée d’avoir ses chances. « Mais pour Durmstrang, Lily m’a fait part de quelque chose d’un peu étrange. Il parait qu’un garçon du nom de Nikolaï Stoyanov s’est présenté aux Serpentards comme étant le champion de Durmstrang. Il est sans doute un peu trop sûr de lui, mais justement, s’il s’est montré si confiant, c’est qu’il faut peut-être s’y intéresser. » Lui confit James en lui indiquant un jeune homme à l’autre bout de la Grande Salle. Séduisant et ténébreux, il semblait éclipser tout ceux autour de lui. Bien sûr, elle avait été idiote de ne pas se souvenir de lui. Elle ne connaissait que sa réputation, évidemment, mais celle-ci lui donnait toutes les raisons de le craindre. Venant d’une longue lignée de sang pur qui a toujours trempé dans la magie noire, il faisait le champion idéal pour l’institut à la sombre réputation. James ne semblait pas au courant de cela, mais quelque chose lui disait qu’il ne valait mieux pas lui en parler. Elle se convainquit que c’était pour garder ses informations pour elle-seule et non pour ne pas qu’il sache qu’elle-même avait ses contacts dans la magie noire. « A Durmstrang, le champion semble toujours logique. Quand son nom sort de la coupe, personne n’est jamais surpris, il n’y a aucun suspense. Ils ont une hiérarchie bien à eux et si tu dis vrai, enfin, si ta soeur dit vrai, je ne serais pas étonnée que ce Nikolaï soit nommé champion ce soir. » Elle observa le garçon quelques instants. Il était naturellement à l’aise là où ses camarades avaient des réserves, comme s’il était partout chez lui, ou comme si les autres le craignaient. Dans tous les cas, il ferait un concurrent redoutable. « Mais pour Beauxbâtons, il me semble que le blond près de ta copine est le fils du dirigeant de la communauté magique française, il doit donc avoir une bonne formation, même si ça ne veut rien dire. » Elle lança, l’air de rien. Elle avait honte de se demander qui il soutiendrait si elle était championne de Poudlard et cette fille celle de Beauxbâtons. Et si cela arrivait, l’espionnerait-il pour cette fille ? Dorcas ignorait ce qu’il y avait entre eux, mais il était évident qu’ils avaient une histoire. C’était aussi évident que sa fierté l’empêchait de lui poser la question.

Gabriella ne se fait pas prier pour entrer dans le jeu qu’elles ont mis en place avec Artemis, d’autant plus que l’élève de Poudlard ne se montre pas très difficile à comprendre. Il suffit à la jeune femme d’avancer qu’elle le soutiendra au court de son prochain match de Quidditch en portant les couleurs de sa maison, pour que celui-ci affiche un grand sourire. Elle se montre tout de même un peu inquiète à l’idée que le jeune homme l’emmène sur son balai après avoir passé tant de temps en match. Cela ne serait pas un peu risquer ? Il a l’air de penser tout le contraire. « Oh, tu sais, j’ai appris à voler avant d’avoir appris à marcher, et j’ai commencé à m’entraîner au Quidditch presque aussitôt, il en faut plus pour me fatiguer. En fait, au Quidditch, tu as plus de chance de finir le match blessé que fatigué. » Gabriella écarquille les yeux, surprise, alors que le garçon arbore un air fier. Elle se montre un peu inquiète. Peut-être parce qu’elle s’est déjà un peu attachée à lui à force d’en parler avec Artemis, mais peut-être aussi parce qu’elle n’est pas sûre de vouloir monter sur le balai d’un garçon qui finit plus souvent ses matchs blessés que fatigué. Soit il ne se donne pas à fond dans son sport, soit il n’est vraiment pas doué, non ? « Vous ne pratiquez donc pas le Quidditch, à Beauxbâtons ? Vous avez d’autres sports ou activités ? » finit par demander Adonis, non sans lancer un dernier regard en direction de sa sœur. Gabriella comprend aussitôt que la jeune femme n’a rien voulu révéler à son frère, afin de garder une part de secrets dans sa propre scolarité. Et jamais elle ne laisserait tomber son amie en allant à l’encontre de ses décisions. « Pour le savoir, il faudrait venir nous rendre visite. Nous n’avons pas le droit de révéler ce qu’il se passe dans l’école. » confie-t-elle avec un haussement d’épaules. « Mais si tu acceptes de me faire visiter Poudlard et ses environs, je veux bien t’inviter en France et te faire découvrir Beauxbâtons et les activités qu’on y pratique. » Son air se fait mystérieux et elle est pratiquement sûre d’avoir attisé la curiosité du jeune homme. Sans compter que l’inviter en France reviendrait à l’inviter chez elle. De quoi voir s’il se montre déjà intéressé ou non.

Lily est sa meilleure amie et c’est donc tout naturellement qu’Hélios peut se permettre de lui confier qu’il ne se sent pas à sa place dans ce système de maisons de Poudlard. Il n’est rien du tout, rien d’autre qu’un pantin guidé par Dorcas. Il ne se reconnait aucune personnalité. Est-ce que cela veut dire qu’il n’est rien ? « Tu sais, le professeur Londubat pensait qu’il n’avait rien d’un Gryffondor, qu’il n’était pas assez bien pour cette maison, qu’il n’avait rien du grand Gryffondor. Il l’a cru pendant presque toute sa scolarité. Et puis, il a sorti l’épée de Gryffondor du choixpeau et a détruit Voldemort.. » lui souffle Lily pour le rassurer. Hélios lui adresse un faible sourire. Il apprécie qu’elle tente de le rassurer, mais il sait bien qu’il n’a pas sa place dans cette maison. Il n’a rien d’un meneur ou d’un rusé, il est juste lui. Hélios. Le deuxième enfant de la famille Avery, fils de mangemort, soumis à sa sœur ainée. Si seulement Lily savait ce qu’il en était… Mais mieux vaut qu’elle n’en sache rien. Si un jour elle était mise au courant qu’il n’avait commencé à lui parler que sur ordre de sa sœur, elle ne s’en remettrait jamais. Ou du moins, elle ne lui pardonnerait jamais. Le jeune homme ne peut s’empêcher d’avoir honte de lui. « Enfin, tu comprends l’idée, et à présent, tout le monde le connait comme un grand héros de guerre et personne ne douterait de son appartenance à Gryffondor. Je suis sûre que tu rendras Serpentard fier. Peut-être qu’un jour la répartition de Dorcas prendra sens également. » Hélios hoche légèrement la tête, essayant de s’imaginer comment la répartition de sa sœur pourrait prendre sens un jour. Pour lui, il n’y a aucun sens là-dedans. Ce doit sans doute être la seule erreur qu’aura commise le choixpeau magique d’ailleurs. Mais Dorcas n’aurait jamais dû finir à Gryffondor. « J’espère que tu as raison, mais j’en doute un peu. Dorcas n’a vraiment rien d’une Gryffondor. » soupire le jeune homme. Il hausse les épaules en signe d’impuissance, préférant changer de sujet. « Si les autres écoles n’ont pas de maisons, tu crois que les élèves se ressemblent tous plus ou moins ? Ici, on cultive nos différences, là-bas ils cultivent l’unité. Ca doit beaucoup jouer sur leur mentalité, pas vrai ? » demande le jeune homme en lançant un nouveau coup d’œil en direction des élèves de Durmstrang. Beaucoup de mangemorts sont connus pour avoir fait un séjour à Durmstrang. Si Lily pense que tous les élèves de cette école sont plus ou moins pareils, alors il sera plus aisé de lui montrer que le jeune homme qui lui tourne autour n’est pas une bonne fréquentation. Il ne sait pas pourquoi, mais il vient d’y repenser. Et il se montre de plus en plus méfiant à l’égard de cet étranger.

C’est naturellement que James confie à Dorcas ce que Lily lui a appris concernant les élèves de Durmstrang et leur supposé champion. Il ne sait pas quoi penser de cette information, qui est certainement à prendre avec des pincettes, mais peu importe. Si Dorcas lui demande son avis, alors il se trouve obligé de lui donner. « A Durmstrang, le champion semble toujours logique. Quand son nom sort de la coupe, personne n’est jamais surpris, il n’y a aucun suspense. Ils ont une hiérarchie bien à eux et si tu dis vrai, enfin, si ta sœur dit vrai, je ne serais pas étonnée que ce Nikolaï soit nommé champion ce soir. » James hoche doucement la tête. A vrai dire, il n’a jamais pris le temps de se documenter sur les autres écoles participant au Tournoi, alors il se trouve bien obligé de croire Dorcas. Elle sait toujours tout, après tout. Ainsi, si le nom de Nikolaï sort de la coupe ce soir, il ne sera pas surpris. « Mais pour Beauxbâtons, il me semble que le blond près de ta copine est le fils du dirigeant de la communauté magique française, il doit donc avoir une bonne formation, même si ça ne veut rien dire. » James se tourne vers le jeune homme que lui indique Dorcas, le dévisageant un instant. Elle doit parler de celui qui est assis juste à côté d’Artemis, difficile à dire étant donné que de nombreux élèves de Beauxbâtons ont des boucles blondes accrochées sur la tête. A croire qu’ils ont oublié de grandir, ils ont tous des têtes d’enfants. Aucun d’eux ne sort du lot ou impose le respect. « Tu parles de Louis ? Celui à côté de la jumelle d’Adonis ? » demande James afin d’être certain de ne pas se tromper sur l’identité de celui dont lui parle Dorcas. « Si tu parles de lui, alors… Je ne sais pas. Il est très discret, il ne me semble pas l’avoir entendu parler une seule fois depuis que je l’ai vu. Et surtout, il se fait mener par le bout du nez par Artemis. » James est certain de ce qu’il avance. Impossible de se méprendre face à l’expression outrée qu’a adopté Louis après avoir découvert l’existence d’Adonis. Son amant ? Peut-être. Mais cela n’empêche pas la jeune femme de ne rien lui révéler sur sa personne, ni d’aller voir ailleurs. Lui non plus ne semble pas se gêner d’ailleurs. James pourrait parier que leur couple ne tiendra pas l’année. « Si tu veux mon avis, il est trop occupé à courir après les filles de Poudlard pour se concentrer sur les épreuves du Tournoi. Pauvre Artemis, elle va sûrement être inconsolable après ça. » souffle James, réfléchissant déjà à un moyen de réconforter son amie.