Annabeth devait bien avouer qu’elle était aux anges devant tant d’attention. Personne ne s’était jamais vraiment intéressé à elle à part par intérêt. A ses débuts à Poudlard, on s’intéressait à elle pour ses origines moldues, pour vérifier auprès d’elle si les moldus avaient vraiment inventé des photos qui bougeaient et racontaient des histoires pendant plusieurs heures. A sa troisième année, on s’était intéressé à elle pour vérifier à nouveau ce que racontait le professeur d’étude des moldus. A présent, on s’intéressait à la prophétie qu’elle avait annoncé bien malgré elle, et même dans le monde moldu, les gens s’intéressaient à son argent avant de la voir elle, la fille gentille mais un peu bizarre qui disparaissait toujours durant de longs mois. Mais avec Scorpius, c’était différent. Il s’intéressait à ses idées, à sa vision du monde, à elle. Elle le voyait à son sourire, il ne la forcerait jamais à parler de quelqu’un chose si elle ne le souhaitait pas. Et c’était justement ce genre de comportement qui lui donnait envie de tout raconter. « Tu sais, ça fait des générations et des générations que nos familles passent par Poudlard. Cette école a éduqué tellement de mes ancêtres, leur permettant d’accéder à de hauts postes et d’exercer les métiers qui leur plaisaient, que je me sens redevable vis-à-vis d’elle. C’est un peu une façon de lui rendre ce qu’elle nous a donné, que d’être son champion. C’est pour ça que tout le monde tient tant à mettre son nom dans la Coupe de Feu. » La Serdaigle était définitivement impressionnée par ce garçon dont elle ne connaissait pourtant que le prénom. A l’entendre, elle pouvait imaginer qu’il était de sang pur, ou d’une très vieille famille de sang mêlés. Elle enviait parfois ses camarades qui avaient toujours vécu dans le monde magique. Et sa façon de parler de l’école comme si c’était une entité vivante qu’il voulait simplement remercier pour tout ce qu’elle faisait pour lui, ça lui donnait des frissons tellement elle trouvait cela touchant. « Waw, je veux dire.. Je ne savais pas qu’une simple école pouvait représenter autant. Enfin bien sûr, j’adore apprendre tout ces trucs de magie mais.. je me rend compte que je suis encore une novice dans ce monde. Chez les moldus, on a tellement d’écoles différentes qu’elles ne représentent rien pour nous, mais à Poudlard.. Je ne sais pas, on dirait presque que cette école est vivante. » Annabeth avait du mal à mettre des mots sur ce qu’elle ressentait, mais elle savait que Scorpius saurait lire en elle et comprendre tout ce qu’elle éprouvait.

Lily recula d’un pas presque apeurée lorsque son frère se mis à rire comme un dément alors qu’elle l’incitait simplement à la confidence au sujet d’une fille. Bien sûr, il n’avait jamais fait dans le sentimental avec ses nombreuses conquêtes, mais Lily savait toujours lorsqu’il avait quelqu’un en vu, et elle était la première au courant lorsqu’il officialisait enfin avec la demoiselle en question. Pour James, ne pas parler de quelque chose à Lily, ça voulait dire qu’il avait quelque chose à cacher, et lorsque son visage devint soudain grave, Lily compris qu’elle avait eu raison, et qu’elle n’allait pas tarder à être mise au courant. « Ecoute, Dorcas n’est pas celle que tu crois. Elle est la digne descendante des Avery et derrière ses airs de miss-je-suis-trop-gentille avec tout le monde, elle déteste les nés moldus. Et elle déteste les Potter plus encore. » Lily hocha la tête lentement, essayant d’emmagasiner les informations qui venaient de lui être confiées. Elle avait toujours su que quelque chose clochait avec Dorcas, à commencer par les regards noirs que Lily la surprenait parfois à lui lancer. Et le comportement d’Hélios vis-à-vis de sa soeur. Il avait toujours évité de parler d’elle, n’avouant leur lien de parenté que lorsque Lily avait entendu quelqu’un appeler la préfète « Avery ». Et même après, il changeait presque immédiatement de sujet dès qu’ils en venaient à elle. Mais Lily avait du mal à croire que son désir d’aider tout le monde n’était qu’un masque. Et qu’elle puisse les détester juste parce qu’ils étaient de la famille de l’élu. James soupira. « Je ne voulais pas t’inquiéter avec ça, mais pourquoi je m’inquiète autant de te voir aussi proche d’Hélios à ton avis ? » Lily releva un regard interrogateur vers son frère, ne comprenant pas le rapport avec Hélios et leur amitié. Mais avant qu’elle n’ait pu l’interroger, la porte s’ouvrit à nouveau, laissant passer Annabeth et Scorpius, apparemment pris dans une grande conversation. Encore quelque chose dont il faudrait s’inquiéter, mais plus tard. « Comment sais-tu qu’elle est une anti-moldue et qu’elle nous déteste ? Elle t’a dit quelque chose ? Tu as surpris quelque chose ? Parce que si oui, il faudra aller en parler au professeur McGonagall au plus vite, ou au moins au professeur Londubat. Et je ne vois pas le rapport avec Hélios, il est très froid quand il s’agit de sa soeur, il ne partage pas sa haine des moldus ou de.. nous. » Enfin, il détestait probablement James, mais après sa réaction plus tôt dans la journée, Lily pouvait comprendre son ami. Evidemment, elle croyait son frère au sujet de Dorcas, mais elle voulait des preuves, des faits, qu’elle tenterait de vérifier auprès d’Hélios, sans bien sûr foncer dans le tas en étant trop directe.

Annabeth avait l’impression d’être dans un conte de fée, avec ce beau garçon intelligent qui s’intéressait comme par hasard à elle en la traitant comme une princesse, et elle fut ravie de voir qu’il semblait également passer un bon moment avec elle. « C’est parce que Poudlard se souvient. Chaque mur à ses tableaux, capables de raconter leurs souvenirs. Les fantômes ne sont pas en reste d’ailleurs, certains sont là depuis le début, ou presque. Et puis, chaque pièce à son histoire, comme les toilettes de Mimi Geignarde. Poudlard n’est pas qu’une école, c’est presque un être à part entière. » La Serdaigle était définitivement impressionnée, sous la charme de sa façon de parler de Poudlard, qu’elle n’avait encore jamais vu ainsi durant sa scolarité. Pour elle, ce n’était qu’une école, même si elle enseignait des choses très particulières pour une fille de moldus comme elle, mais jamais encore elle ne l’avait vue comme un être ayant sa propre histoire, son évolution. « Oui, comme ce chevalier dans un tableau qui affirme avoir été un ami proche d’Harry Potter dès qu’on le croise, il veut toujours faire la course. » Dit-elle en riant, avant du brutalement retomber sur terre. « C’est mon compartiment. » Annonça-t-elle en s’arrêtant, déçue d’y être si vite. C’est fou comme le temps passait vite lors des moments agréables. « Et bien, j’imagine que je te laisse là. Ce fut un plaisir de faire ta connaissance, Annabeth. A plus tard. » Elle acquiesça, se forçant à sourire discrètement. C’est alors qu’il attrapa sa main pour la porter à ses lèvres dans un baise-main qui fit chavirer Annabeth, qui rougit aussitôt violemment. Il relâcha ensuite doucement sa main dans un sourire charmeur. « S-salut. » Bafouilla-t-elle en ouvrant la porte du compartiment tandis qu’il s’éloignait d’elle, repartant vers le fond du train. Après avoir refermé maladroitement la porte derrière elle, Annabeth se laissa tomber sur la banquette à côté de Darcy, un sourire rêveur toujours accroché au visage.

Avoir des doutes au sujet d’Hélios ne viendrait même pas à l’idée de Lily. Elle avait appris à le connaître de mieux en mieux au fil des années passées ensemble à Poudlard, et découvrir qu’il était contre elle, ça serait avouer qu’elle avait tord de lui faire confiance. Et puis, personne ne jouait aussi bien la comédie. D’ailleurs, si Dorcas jouait la comédie de la fille parfaite, Hélios en ferait de même, or il n’avait jamais manifesté le moindre désir d’être mis en avant par rapport à ses camarades. « Lorsque nous nous croisons dans les couloirs et qu’il n’y a personne, elle n’hésite pas à laisser ressortir sa vraie nature. C’est comme si elle perdait tout contrôle tellement sa haine sort d’un seul coup. Tout ce que je te dis, c’est ce qu’elle m’a dit à moi, directement. Elle a même prétendu être l’héritier, un jour. » Lily fronça les sourcils, essayant de comprendre la logique de ce que racontait son frère. Il n’y avait pas vraiment de sens à agir ainsi, montrant sa vraie nature à James alors que sa couverture est si parfaite que même Lily n’avait rien remarqué, et que tous les professeurs avaient confiance en elle. Et pourquoi prétendre être l’héritier sans en être sûr, mettant en risque tout ce qu’elle avait accompli ? La rousse hésitait toutefois à faire part de ses questionnements à son frère, sachant parfaitement qu’il prendrait ça comme un doute sur sa parole. « Et laisse tomber les professeurs, on ne peut rien prouver. Rien du tout. C’est ma parole contre la sienne. » Et bien sûr, personne ne croirait James Potter, le garçon si souvent en retenue, face à Dorcas Avery, la préfète-en-chef adorée de tous. Il soupira alors avant de lui faire signe d’avancer, craignant la sortie imminente de Dorcas du wagon. Lily accepta aussitôt d’avancer, peu désireuse de se retrouver aussi vite en contact avec la préfète-en-chef maléfique. « Mais, elle a quand même atterri à Gryffondor, et les mauvais sorciers viennent rarement de cette maison là.. » Les maisons de Poudlard avaient beau être un sujet sensible, Lily n’était pas sans savoir que sa maison avait une réputation plutôt mauvaise au sein de la communauté sorcière. Elle s’en moquait bien, mais elle savait que c’était une réalité, et personne ne pouvait tromper le choixpeau magique. « Et pourquoi est-ce qu’elle te révélerait son plan machiavélique à toi, le fils du chef des Aurors et futur Auror toi-même ? » Lily se mordit la lèvre inférieure, consciente qu’elle mettait là en doute la parole de son frère, mais elle ne pouvait s’empêcher de voir des incohérences dans son récit, et on ne pouvait accuser quelqu’un sans preuve. Et puis, une part d’elle se demandait si James n’était pas en train d’inventer un gros bobard pour cacher sa mystérieuse petite amie. Elle ne laissait d'ailleurs aucun doute sur le fait qu'il serait prochainement un auror, ignorant ses délires de profession dans le Quidditch.

Lily comprit qu’elle avait définitivement été trop loin dans ses doutes lorsque James se stoppa net pour se tourner vers elle, manquant de lui foncé dedans. Elle voit la colère à travers ses yeux, regard qu’il ne lui avait jamais envoyé auparavant. « Mais qu’est-ce que j’en sais moi ? Je ne suis pas elle. Je ne sais pas ce qu’il peut bien se passer dans son esprit tordu. Peut-être qu’elle me dit tout ça pour vider son sac, en sachant pertinemment que personne ne me croira, que tout le monde mettra mes paroles sur le dos d’une vieille querelle concernant nos deux familles. » Bien sûr, son argumentation se tenait, mais il fallait être une sacrément bonne actrice pour arriver à duper tout le monde et à prétendre, pendant tant d’années, être quelqu’un de tout à fait respectable. Tous les descendants de mangemorts montraient plus ou moins une certaine aversion pour eux, mais Lily avait toujours su leur faire comprendre qu’elle n’était pas son père, et qu’eux-même devaient valoir mieux que leurs ancêtres s’ils ne voulaient pas finir à Azkaban, or Dorcas n’avait jamais rien dit de particulier à Lily, pourquoi s’en prendrait-elle simplement à James ? « Regarde, elle a peut-être vu juste, toi-même tu ne me crois pas. » Honteuse, Lily baissa les yeux au sol. En vérité, elle le croyait, il n’était pas rare de voir des gens les haïr à cause de leur nom de famille, mais elle trouvait juste qu’il y avait des incohérences dans cette affaire, comme si quelque chose d’important lui échappait. « Bien sûr que si, je te crois, mais je pense qu’il faudrait en parler à Albus, voir si pendant les réunions des préfets, il a déjà eu des problèmes avec elle. » Evidemment, Albus les traitera sûrement de fous, disant que Dorcas était tout ce qu’il y avait de plus respectable, refusant ne serait-ce que d’en parler avec eux, mais Lily avait besoin de comprendre pourquoi Dorcas agissait ainsi avec James et pas avec elle. Cela n’avait aucun sens. « Mais pour l’instant je n’ai aucune idée de où il est passé, et on est bientôt à Poudlard. Retrouve moi avec la carte ce soir tout de suite après le banquet devant les cuisines. » Et après un sourire d’au revoir, elle retourna dans son wagon, tout au bout du train. Lily resta inhabituellement silencieuse pendant la fin du trajet, cherchant en vain à comprendre ce qu’il pouvait bien se passer entre Dorcas et James.