Alors que Lily songeait vraiment à donner une paire de baffe à chaque personne présente dans le compartiment pour leur discussion autour de « est-ce que Lily devrait avoir le droit de participer au tournoi ? », elle manqua de s’étouffer avec son jus de citrouille en entendant Malefoy mettre en avant Annabeth, lui demandant même son avis. Elle dû se faire violence pour ne pas balancer un « depuis quand l’avis des nés moldus t’intéresses, Malefoy ? », mais elle ne voulait pas elle-même passer pour une anti-moldus. Elle nota toutefois que Hélios avait également remarqué le comportement étrange du Malefoy. Mais la Serdaigle annonça alors qu’elle trouvait le tournoi stupide, et ce fut comme si une bombe s’était déclenchée. James ne tarda pas à vouloir l’ouvrir, rapidement coupé par Hélios. « Ne t’en fais pas Annabeth, on regardera à deux l’évolution du Tournoi depuis les gradins et je t’expliquerai pourquoi il est si réputé dans le monde sorcier, et attendu par les étudiants des trois écoles de sorcellerie. » Lily lança un regard interrogateur à Hélios, ne comprenant pas son intérêt soudain pour la blonde. S’intéressait-il également à la prophétie, ou c’était plutôt au joli visage d’Annabeth qu’il s’intéressait ? « Après tout, c’est une autre culture que la tienne, tu n’as pas encore appris à aimer, c’est tout. » Lily leva les yeux au ciel, agacée. Cela faisait quatre ans que Annabeth vivait dans le monde magique, elle devait bien connaître les enjeux du Tournoi, et l’importance de faire briller sa maison. Son propre père avait débarqué du monde moldu et pourtant quand le Tournoi avait eu lieu, il avait envisagé sa participation comme un grand désir même si la limite d’âge l’empêchait d’en rêver. Annabeth se cherchait simplement des excuses. « Merci, euh, Hélios. » Répondit Annabeth avec un sourire timide qui eut le don d’énerver Lily encore plus. « Regardez, j’aperçois Poudlard ! Il est déjà si tard ? Comme le temps passe vite en bonne compagnie. Vous devriez tous retourner dans vos compartiments vous préparer, nous serons arrivés d’ici une petite demi-heure, je pense. » Dit soudain le professeur Slughorn, empêchant Hélios de croiser le regard furieux de Lily. Le Serpentard fut le premier à sortir du wagon, s’arrêtant à la porte pour attendre Lily. « Vas-y, je te rejoins. » Lui dit-elle, désireuse de dire deux mots à son frère tandis que les autres s’attardaient quelque peu dans le compartiment. Elle se retourna alors vers James, qui attendait avec impatience de pouvoir sortir. « Eh, James, c’est quoi ton histoire avec.. » Mais il la coupa avant qu’elle n’ait pu prononcer le prénom de la nouvelle préfète-en-chef.

Anormalement silencieuse, Dorcas écoute Scorpius prendre le relais du combat visant à décourager Lily de mettre son nom dans la coupe, même si celle-ci choisit rarement un sorcier aussi jeune. Cela s’est déjà vu, comme ce gamin de Durmstrang, il y a quelques années qui s’est fait dévoré par une créature monstrueuse dès la première épreuve, mais c’était rare et dangereux pour eux. Non pas que Dorcas s’inquiète pour Lily, mais elle trouverait ça vraiment offensant qu’une fille si jeune soit choisit contre des sorciers plus âgés. « Regardez, j’aperçois Poudlard ! Il est déjà si tard ? Comme le temps passe vite en bonne compagnie. Vous devriez tous retourner dans vos compartiments vous préparer, nous serons arrivés d’ici une petite demi-heure, je pense. » Dorcas releva la tête vers le professeur Slughorn, étonnée qu’il soit déjà si tard. Le jour commençait doucement à tomber, mais il faisait encore clair, et elle était certaines qu’il restait encore au moins une ou deux heures avant d’arriver à Poudlard. Mais bien sûr, elle ne s’en plaint pas, regardant du coin de l’oeil son frère s’enfuir presque du compartiment, attendant Lily qui se tourna vers James pour lui parler. Dorcas n’entendit pas de quoi il était question, mais elle préféra s’attarder un peu, ne voulant pas être contrainte de les croiser. Heureusement, le professeur Slughorn lui donna une occasion en or de rester quelques instants supplémentaires. « Ah, Dorcas, je n’ai pas eu l’occasion de vous féliciter pour votre nomination en tant que préfète-en-chef ! » La brune sourit de son mieux au maître des potions, se redressant quelque peu afin de mettre en valeur son tout nouvel insigne. « Merci, professeur, j’essaierai de m’en montrer digne. » Dorcas remarqua que Annabeth cherchait à se frayer un chemin pour s’enfuir du compartiment pour rejoindre ses amis, et elle se recula de quelques centimètres pour lui offrir un chemin. « Bien sûr, les préfets-en-chef sont souvent voués à de grandes choses. » Elle acquiesça aussitôt, pensant inconsciemment au Seigneur des Ténèbres qui lui même avait eu cette responsabilité durant sa scolarité à Poudlard.

Son frère aurait donné n’importe quoi pour échapper à cette conversation, et Lily le vit aussitôt dans son regard tandis qu’il paraissait un peu paniqué. Enfin, le fait que Dorcas se trouvait à trois pas d’eux n’aidait peut-être pas James à en parler de façon très relaxée, mais Lily n’allait pas non plus prendre un rendez-vous pour discuter avec son frère. « Avec les Weasley ? Et bien Hugo m’a demandé de l’aider à s’entraîner pour passer les sélections pour le Quidditch. » Dit-il aussitôt après l’avoir coupé en plein milieu de sa phrase, trouvant une alternative avec une rapidité plutôt impressionnante pour quelqu’un sous pression. « Si tu veux, on peut aller en parler directement avec lui. » Et sans lui donner le temps d’exprimer ce qu’elle voulait, car il savait bien sûr qu’elle n’avait aucune envie d’aller parler à Hugo Weasley de son avenir dans le Quidditch, il la poussa en dehors du compartiment, refermant rapidement la porte derrière eux sans se soucier de ceux qu’il enfermait dedans. « A quoi tu joues avec cette fille ? » Demanda-t-elle aussitôt, sans lui laisser la moindre occasion de changer de sujet de conversation où de l’amener vraiment jusqu’aux Weasley. Elle voulait également lui parler de son idée à propos de la prophétie, ce qu’elle n’avait pas pu lui dire plus tôt quand Hélios avait débarqué, mais elle devait d’abord savoir ce qu’il se passait entre James et cette préfète-en-chef dont il semblait incapable d’effleurer la main sans devenir idiot.

James devait avoir senti le regard de Lily lui brûler le dos car il se retourna finalement vers elle, résistant enfin à son désir de mettre le plus de distance possible entre lui et le compartiment de Slughorn, où Dorcas trainait peut-être volontairement également. Il la regarda droit dans les yeux, et Lily croisa ses bras sur sa poitrine, bien décidé à ne pas se laisser amadouer facilement. C’était le désavantage de leur relation, ils se connaissaient trop bien. Il avait la tête qu’il avait à chaque fois qu’il s’apprêtait à raconter un gros bobard à leur mère pour faire accuser Albus d’une de leurs bêtises. Et il avait dû reconnaître qu’elle-même adoptait la posture de leur grand-mère lorsqu’elle s’apprêtait à engueuler quelqu’un. « De quoi ? Avec Dorcas ? Il n’y a rien du tout. Qu’est-ce qui te fait penser le contraire ? » Lily fusilla James du regard. Elle n’en revenait pas du culot que son frère avait, mentant impunément en la regardant dans les yeux. Elle en venait même à se demander si c’était le premier mensonge qu’il lui sortait, avec cette assurance plus que déconcertante. C’était sûr, elle y croirait sans ciller si elle ne savait pas qu’il allait lui mentir avant même qu’il n’ait ouvert la bouche. « Ce que Hélios a dit tout à l’heure, et le fait que tu ai essayé de lui casser la figure pour cela. » Elle ne comptait pas être celle qui détournerait le regard la première, et il devait pouvoir lire tout le reproche du monde dans le regard de sa jeune soeur. « Ecoute, si tu l’aimes bien.. C’est une Avery mais il paraît qu’elle est sympa, peut-être un peu trop même.. Mais on ne réagit pas comme si quelqu’un avait la peste juste pour un frôlement de main. » Elle voulait jouer la carte de la soeur compréhensive, pour le pousser aux confidences, mais elle doutait fort de le voir ouvrir son coeur comme ça en plein milieu du Poudlard Express. Et elle savait qu’il préférerait boire de l’empestine plutôt que de sortir avec une fille de criminel. Personne n’accepterait ça du fils d’Harry Potter.

Alors que la réunion se terminait enfin, probablement à cause de ce que Annabeth avait eu le culot de sortir tandis qu’ils se battaient déjà pour aller se suicider dans un tournoi mortel, la blonde ressentit un profond désespoir en voyant que Dorcas réengageait la discussion avec le professeur Slughorn, coinçant Annabeth dans son coin près de la fenêtre. Elle se promis aussitôt que si le professeur la réinvitait un jour, elle s’arrangerait pour arriver au moins une heure en retard, dire d’être sûre d’être le plus près possible de la sortie, et le plus loin possible de lui. Heureusement, Dorcas remarqua rapidement que la Serdaigle désirait accéder à la sortie, et elle se poussa finalement pour la laisser passer. Annabeth ne se fit pas prier et passa rapidement entre la préfète et le professeur pour atteindre enfin la porte, où se trouvait Scorpius. « Annabeth ? Je peux me permettre de t’escorter vers ton compartiment ? » Lui demanda-t-il avec un sourire charmeur que la Serdaigle lui rendit aussitôt. Darcy lui avait déjà raconté que chez les sorciers, il y avait encore des gentlemen comme à la vieille époque, mais Annabeth n’avait jamais trop compris de quoi Darcy parlait jusqu’à maintenant, et cette idée l’excitait presque autant que de retourner auprès de Lorcan. « Bien sûr, merci, c’est gentil. » Il ouvrit la porte avant de s’effacer pour la laisser passer. Elle fit quelques pas à l’extérieur du compartiment et attendit qu’il ait refermé la porte pour avancer. « Tu pourrais peut-être m’en dire plus sur ta vision du Tournoi, c’est un point de vue inhabituel et cela m’intrigue beaucoup. J’ai envie de m’ouvrir à des idées comme les tiennes. » Annabeth acquiesça aussitôt, soulagée de voir que finalement, elle ne s’était pas mise tout le monde à dos avec cette remarque. Elle était même ravie de voir qu’elle intéressait à cause de cela, et qu’on lui posait enfin des questions sur autre chose que la prophétie, des questions auxquelles elle pouvait répondre, argumenter, au lieu de déplorer son manque d’information sur le sujet. « Oh c’est juste que le Tournoi a eu lieu pour la dernière fois quand j’étais en première année, tout était nouveau pour moi. Enormément d’élèves sont partis à l’étranger pour y assister, et quand on m’a expliqué le genre d’épreuve qu’il y avait, j’ai trouvé ça dingue. » Elle gloussa légèrement, désirant soudain se faire apprécier par le garçon, qui semblait si gentil et ouvert d’esprit. Et il s’intéressait à elle alors qu’il venait de se rencontrer, contrairement à Lorcan qui ne semblait avoir remarqué son existence que quelques heures plus tôt. « Mais j’imagine qu’il faut être très courageux pour mettre son nom dans cette coupe, j’espère que tu seras choisi si tu le veux vraiment, si tu trouves que le risque vaut la peine d’être pris. » Ainsi, elle lui montrait son soutien tout en lui conseillant de bien y réfléchir, lui indiquant qu’elle s’en souciait. Oui, elle était plutôt fière d’elle, et au moins, elle arrivait à parler normalement, à l’aise, loin de sa nervosité avec Lorcan.