C’était finalement le dernier cours de cette première journée de cours, que Adonis trouvait décidément bien longue. Beaucoup étaient sous pression à cause des ASPIC et de tout ce que cet examen final représentait, et même si Adonis ne faisait pas parti de cette catégorie d’élèves, une réussite ne serait pas de trop pour finir de convaincre ses parents, et surtout son grand père, qu’il méritait qu’on lui donne sa chance à la boutique. Heureusement, ils finissaient la semaine avec l’un des cours préférés d’Adonis : la métamorphose. Leur professeur, un vieil homme trop énergique pour son âge, semblait parfois un peu dingue, mais c’était ce qui plaisait aux élèves et qui faisait qu’ils avaient été autant à vouloir continuer cette matière après la cinquième année. Adonis craignait arriver en retard, puisqu’il venait de la tour de divination, presque à l’autre bout du château, mais il arriva quelques secondes après que le professeur ait ouvert la porte, et se glissa en même temps que les autres dans la grande salle de cours. Il remarqua rapidement Dorcas au deuxième rang, mais les trois premiers rangs étant déjà bondés, il se dirigea finalement vers le quatrième et dernier rang qu’il occupait habituellement en compagnie de James, encore une fois introuvable. Ce n’était pas son genre d’arriver en retard, surtout qu’Adonis n’était même pas sûr que son meilleur ami avait cours juste avant, et il se promis que si les choses ne s’arrangeaient pas d’ici quelques jours, il irait lui-même s’occuper de Lily et Hélios, pacifiquement, bien sûr. En tout cas, il ne comptait pas laisser son ami louper sa dernière année et bousiller ses chances de devenir Auror à cause de sa petite soeur et d’un sale gosse. D’ailleurs, quand il voyait l’état dans lequel il se mettait simplement pour sa soeur, il remerciait le ciel que James ne soit pas amoureux, il ne voulait même pas imaginer l’état dans lequel il serait si une telle chose arrivait. Sortant son appareil photo, Adonis photographia Dorcas à moitié de dos, à moitié de profil, et posa la photo sur la table, attendant son prochain sujet. Le professeur parla finalement d’une voix forte au dessus des conversations des élèves. « Aujourd’hui, vous aurez pour but de transformer l’un de vos camarades en flamand rose en informulé, mettez vous par groupes de deux ou trois, dépêchez vous ! » Adonis étouffa un rire nerveux tandis qu’il se demander si transformer et se retrouver transformé en flamand rose faisait vraiment parti du programme de Poudlard. Mais tandis qu’il se tournait vers ses camarades pour voir qui il pourrait bien tenter de changer en oiseau, la porte s’ouvrit discrètement sur James. Adonis lui fit aussitôt un grand signe avec son bras pour l’attirer vers lui, doutant fortement que leur professeur ait remarqué le retard du Potter. Alors que James se laissait tomber sur la chaise à côté de lui, Adonis lui dit fièrement : « Je dois te métamorphoser en flamand rose, alors tu devrais peut-être rester debout, surtout qu’il faut le faire en informulé, et j’ai encore un peu de mal pour les sorts importants. » Il lui adressa alors un sourire qui se voulait rassurant sans l’être tout à fait, et il se saisit de sa baguette magique, jusqu’alors posée sur la table, près de la photo de Dorcas qu’il avait pris quelques minutes plus tôt et de son fidèle appareil photo.

Adonis était particulièrement fier de l’inventivité de leur professeur pour rendre ce premier cours jovial, permettant aux élèves de se détendre tout en s’amusant, et pour lui, aucun cours ne pouvait aussi bien terminer la semaine que celui-ci. Il sourit en voyant son meilleur ami éclater de rire, content de voir que son moral remontait finalement. « Ne me dis pas que c’est vrai ? » Riant à son tour, Adonis profite que James regarde vers les autres élèves pour prendre quelques photos. Il immortalise évidemment les quelques ratés, allant des hybrides aux humains à plumes plus ou moins roses. Il prend également une photo de James riant face à ce spectacle. Ils se levèrent finalement à leur tour pour imiter leurs camarades. « Bon et bien, puisqu’il le faut… » Ravi que James n’essaie pas d’inverser les rôles que lui-même avait décidé, Adonis leva sa baguette, essaya de se concentrer avant de penser très fort la formule, espérant que quelque chose se passe. Il donna finalement un petit coup de baguette avant d’éclater de rire, retombant sur sa chaise, incapable de tenir debout. Il reposa sa baguette pour prendre son appareil photo et immortaliser sa métamorphose ratée, face à un James perplexe qui n’avait apparemment rien senti. « Par Merlin, c’est magique, je suis désolé mon vieux. » Toujours mort de rire, James n’eut aucun mal à lui prendre la photo des mains pour se trouver confronter à sa propre image, dotée d’un splendide nez de flamand rose, le visage légèrement rosé. « Ça sera peut-être plus facile de faire par petits bouts remarque, il n’a pas préciser en combien de sortilèges on devait réussir. » Parvint-il a dire entre deux rires. Ils n’étaient d’ailleurs pas les seuls à bien s’amuser pendant ce cours, chacun riant de ses propres maladresses tout en se tournant dans tous les sens pour observer les erreurs des autres. Adonis tentait de tout prendre en photo, mais il avait du mal à avoir l’oeil partout. Il jeta un coup d’oeil au professeur, à l’autre bout de la salle, occupé avec un groupe d’élèves, et il en profita pour faire signe à James de s’asseoir, plus sérieusement. « Au fait, tu as pu parler à ton frère de..? » Préférant ne pas en dire plus de peur d’être entendu par d’autres, il laissa volontairement sa phrase en suspend, sachant pertinemment que James avait parfaitement compris de quoi il voulait parler.

James s’assit finalement à côté d’Adonis qui surveillait du coin de l’oeil le reste des sorciers de la salle de métamorphose, surveillant ainsi leurs camarades et le professeur, qui encourageait par de grands gestes le groupe du premier rang à pousser un peu plus leurs sortilèges. Les plus proches d’eux, à seulement un mètre cinquante, riaient bruyamment face à leur camarade aux jambes de flamand rose qui tentaient de faire quelques pas dans sa condition de mi homme mi oiseau. Ils étaient libres de parler pour l’instant, mais il valait mieux faire au plus vite s’ils ne voulaient pas être interrompus. « Oui, j’ai… » Face à cette drôle de voix d’oiseau procurée par le bec imposant de James, Adonis eu un sourire moqueur, mais il ne ria pas, soucieux de ne pas attirer l’attention vers eux. Et puis, l’heure était à la conversation sérieuse, plus question de rire comme des gamins. James se débarrassa alors du bec d’un coup de baguette avant de reprendre. « Je suis allé le voir en début d’après-midi et je lui ai tout expliqué. Il m’a demandé très sérieusement si ce n’était vraiment pas moi qui l’avais attaqué. Mais il m’a promis d’aller parler à Lily. » Adonis se redressa légèrement, outré que le frère de James ait pu rien que lui demander s’il avait réellement attaqué l’Avery. Jamais il n’aurait pu penser que des frères et soeurs puissent avoir des soupçons pareils les uns sur les autres, et il venait d’une famille de sang purs particulièrement peu chaleureuse. Enfin, au moins Albus devait avoir cru James, s’il avait promis de l’aider à raisonner Lily, c’était un début. « Et toi, tu as réussi à en apprendre plus en allant parler à… à… » James lui indiqua Dorcas d’un signe et tête, et Adonis compris sa réticence à prononcer son prénom. Il ne valait mieux pas que les autres les entendent prononcer le nom de Dorcas, sinon des oreilles indiscrètes risquaient de trainer de leur côté. « Oui, elle était bouleversée, la pauvre, elle a déjà perdu son père.. » Il marqua une briefe pause en se rappelant soudain que si Dorcas était presque orpheline de père depuis des années, c’était à cause du père de James, mais il continua rapidement, comme si de rien n’était. « Etrangement, le petit malade ne lui a pas révélé le coupable, il a été pris d’une amnésie soudaine quand Lily est partie pour laisser place à la grande soeur.. C’est bizarre non, qu’il ne dise qu’à ta soeur qui l’a soi disant attaqué ? Enfin, les professeurs les ont interrogés tous les deux non ? Lily n’a pas trouvé ça bizarre que Hélios ne dise rien de ta prétendue culpabilité ? » La jeune Lily Potter avait beau avoir atterri à Serpentard, elle n’avait jamais eu l’air d’être une idiote facilement influençable, et de ce que Adonis en avait vu, et surtout entendu, c’était même une sorcière tout ce qu’il y avait de plus fréquentable.

Il paraissait impossible à Adonis que Hélios cache aux professeurs la culpabilité de James alors qu’il semblait vouloir le mettre hors d’état de lui nuire. Surtout que Lily se serait sans doute étonnée du brusque changement d’avis d’Hélios sur ce qu’il lui était arrivé. Si elle n’était pas capable de connaître son grand frère, elle devait bien remarquer une histoire louche lorsqu’elle se présente à elle aussi visible qu’un bec de flamand rose sur la figure de James. « Elle m'a dit qu'elle lui avait demandé de ne rien dire, comme pour me sauver la mise... » Adonis fronça légèrement les sourcils, tentant vainement de comprendre la logique de la jeune Potter. Enfin, si au moins elle avait toujours les intérêts de James à coeur, cela signifiait que tout n’était pas forcément perdu. Et au moins, les professeurs n’étaient pas au courant, ce qui leur éviter un grand nombre de complications. « C'est bizarre, non ? Qu'elle lui ait demandé de ne rien dire et qu'il ait simplement obéit. Si je l'avais vraiment attaqué, il se serait empressé d'en parler aux professeurs, tu ne penses pas ? Pourquoi voudrait-il me faire accuser ? » Adonis hocha lentement la tête, réfléchissant à ce que lui disait son meilleur ami. Il lui paraissait plus qu’insensé que quiconque puisse penser que James pourrait presque vider de son sang un pauvre gamin, aussi insupportable soit-il. Le simple fait d’avoir cette conversation lui paraissait irréel. « Il faudrait qu’on arrive à savoir qui l’a attaqué. » Cette fois, Adonis haussa les épaules, perplexe. Il avait déjà donné son avis à James sur la question, et il n’avait pas changé d’avis depuis ce matin. Pour lui, il était impossible que Hélios protège son véritable agresseur, simplement pour éloigner Lily de James, ça serait dangereux pour lui comme pour les autres. « Si quelqu’un l’a véritablement attaqué. Ou peut-être que.. Le véritable agresseur - s’il y en a un - a modifié la mémoire d’Hélios pour te faire porter le chapeau. » Si cette théorie plus embêtante était la bonne, il y avait fort à parier que celui qui avait ça était ce foutu héritier. Mais Adonis préférait sa théorie selon laquelle Hélios s’était blessé lui-même, ou qu’il avait simplement foncé dans un mur. « Si Lily lui a vraiment demandé de te protéger et de la fermer, c’est qu’elle ne t’a pas encore totalement tourné le dos, il y a peut-être encore un espoir. Et s’il a obéi, c’est sûrement qu’après des trois ans d’amitié, elle doit avoir pas mal de trucs sur lui. Ou alors c’est parce qu’ils sont.. Enfin, d’après Dorcas, ils sont ensemble. » Il adressa un sourire désolé à James en disant cela. Bien sûr, il doutait de plus en plus que Lily puisse redevenir la gentille petite soeur mignonne de James, elle entrait dans l’âge ingrat, avec en plus toute l’influence négative possible derrière elle. Il était d’ailleurs aussi probable qu’elle ait fait chanté Hélios pour le faire taire, mais dans ce cas, Adonis devenait incapable de savoir si elle était du côté de James ou d’Hélios. Peut-être n’était-elle que dans son propre camp.

En voyant son ami blêmir un peu plus si toutefois cela était possible, Adonis craint d’avoir dit quelque chose qu’il ne fallait pas, quelque chose que James aurait mal pris, sur lui-même ou sur sa soeur, et Adonis chercha rapidement à se remémorer ses paroles pour vérifier s’il y avait quoi que ce soit de réprimandable dedans. « Ils quoi ?! » explosa finalement James, absolument outré à l’idée que sa petite soeur ait pu devenir une grande fille sans lui en parler. Adonis ne put s’empêcher d’éclater de rire en voyant son meilleur ami ainsi confronter à cette dur réalité. Il n’était plus le plus important pour Lily, et il avait l’air de très mal prendre l’idée d’être remplacé dans le coeur de sa soeur. James se laissa finalement tomber sur le dossier de sa chaise dans une lamentation. « Elle ne m’a rien dit. » Adonis lui donna une tape réconfortante sur l’épaule tout en prenant une photo de l’air désespéré de James, un sourire moqueur au coin des lèvres. Bien sûr, il savait que la situation était grave, mais cet aspect des événements le faisait définitivement rire beaucoup trop pour qu’il arrive à le masquer. « J’espère vraiment qu’Albus pourra faire quelque chose pour la remettre dans le droit chemin. En attendant, il faut qu’on fasse quelque chose, je refuse de rester sans rien faire. » Adonis acquiesça aussitôt, prêt à tout pour l’aider, évidemment. Jamais il ne laisserait son meilleur ami dans une telle détresse, lui refusant l’aide qu’il demandait indirectement. Parce que bien sûr, si James Potter préparait quelque chose, on pouvait être sûr que Adonis Kepingski n’était pas loin, également dans le coup. « Je met ma baguette à ton service, parce que je doute que Albus ait une grande influence sur elle, même si c’était une bonne idée de l’envoyer lui parler, je te l’accorde. » Evidemment, Adonis n’était pas complètement idiot et se souvenait parfaitement que c’était lui-même qui avait conseiller à James d’aller trouver Albus, mais à présent que l’idée ne lui paraissait plus aussi infaillible, il préférait en donner la paternité à James. « Et ne t’en fais pas mon vieux, s’ils sortent vraiment ensemble, il ne la gardera pas longtemps, parole de sang pur ! » Jamais un sang pur aussi respectueux des traditions comme pouvait l’être un Avery ne resterait longtemps en couple avec une sorcière impure, aussi jolie soit-elle. Cela expliquait sans doute pourquoi ils cachaient le fait qu’ils se voyaient. La triste vérité, c’était qu’ils n’étaient pas libres d’aimer qui ils voulaient, et Adonis n’avait jamais compris pourquoi certains se faisaient du mal à essayer. Autant ne chercher que dans les sorcières de leur rang, digne d’un union avec eux.