En arrivant dans les dortoirs des septième année de Gryffondor, Adonis fut surpris de ne pas y trouver son allié de toujours. Il ne l’avait déjà pas aperçu depuis le petit déjeuner, ni au cours de potions, ni dans leur salle commune, et à présent, il n’avait plus la moindre idée de où pouvait se cacher James Potter. Il sortit de la poche intérieure de sa robe de sorcier les photographies qu’il avait pris au matin, y cherchant un détail qui lui aurait échappé. Il y avait d’abord une photo où l’on voyait les garçons de son année se réveillant difficilement, puis ces mêmes garçons prenant leur petit déjeuner. Ensuite, le cours de potions, où Luke s’était coupé avec son couteau, et finalement, sa propre potion, joliment réussite. Non, Adonis devait être trop distrait, mais il ignorait à quel moment il avait perdu la trace de James. Peut-être était-ce au moment où il regardait la douce silhouette de Cedrella Ollivander, mais il n’avait même pas pensé à prendre une photo de ce moment, preuve de sa distraction passagère. Il rangea rapidement les quelques clichés dans une grosse boîte qu’il mettait sous son lit, puis il redescendit dans la salle commune en compagnie de son devoir de potion fraichement demandé par le professeur Slughorn, convaincu qu’il pourrait s’en débarrasser en quelques minutes. Il nota religieusement « Les propriétés des larmes de phénix dans les potions. », qu’il souligna une fois. Puis une deuxième fois, sans trouver l’inspiration. Il écrivit ensuite « Les larmes de phénix ont la propriété de pouvoir guérir n’importe quelle blesse en quelques instants. » Regarda son parchemin pendant de longues minutes avant d’ajouter « Elles sont cependant très rares et difficiles à trouver. » Puis il posa sa plume, épuisé par cet effort. La vérité était qu’il n’y avait rien de plus à dire sur les larmes de phénix, comment le professeur Slughorn voulait-il qu’ils pondent cinquante centimètres là dessus ? Adonis se laissa tomber contre le dossier du fauteuil de la salle commune sur lequel il était assis, se saisissant de son appareil photo. Il pris un cliché d’un préfet qui semblait faire la morale aux plus jeunes, amusé par cette scène, puis son regard fut attiré par l’entrée de la salle commune, où il vit enfin apparaître James Potter. Il immortalisa aussitôt ce moment, puis se saisit de la photo, qu’il observa un instant. Air triste et furieux en même temps, cela ne ressemblait pas du tout à James, et Adonis dû regarder plus intensément pour être sûr qu’il avait bien pris son meilleur ami en photo, et non pas un quelconque dépressif hargneux passant par là. Mais non, c’était bien lui. « Jaaames ? » Appela-t-il en relevant la tête, invitant son ami à s’asseoir à côté de lui pour lui conter ses malheurs.

Plus amusé qu’inquiet face au comportement bougon de James, Adonis, le regarde s’affaler à côté de lui sur le fauteuil avec un léger sourire, intrigué par les petits mésaventures qui ponctuent généralement la vie de son meilleur ami. Il sait d’ailleurs qu’il s’en remet toujours très rapidement, et ne se fait donc plus de soucis pour lui depuis plusieurs années, préférant en rire. « Mauvaise rentrée. » Lui dit simplement James, l’air agacé et énervé. Adonis faillit lui annoncer qu’ils avaient en plus un devoir de potion à faire, mais il décida finalement que ce n’était pas le meilleur moment pour faire une telle annonce, à part s’il voulait lui aussi passer une mauvaise rentrée. Intrigué, il attendit que James développe, sachant très bien que même si son ami semblait bouder le monde entier, il ne pourrait garder tout cela pour lui, et qu’il allait sans aucun doute exploser et tout lui raconter d’ici quelques secondes. Adonis reprit son appareil photo en main en prévision de ce moment. « Tu sais que Lily a déjà trouvé le moyen de passer la nuit à l’infirmerie ? » Balança finalement James, croisant les bras, l’air furieux. Au moment où il envoya un regard à Adonis, celui-ci s’empressa de prendre la photo immortalisant la rage potterienne. Il devait cependant avouer que pour une fois, il était plutôt étonné de la réaction de James, qu’il pensait pourtant connaître par coeur. Sa jeune soeur, Lily, était tout le temps dans les coups de James, même si la plupart du temps, c’était le garçon qui prenait tout les coups tandis que Lily s’en sortait souvent sans la moindre égratignure. Mais jamais Adonis ne se serait attendu à ce que James puisse être en colère contre sa soeur parce qu’elle s’était blessée. Il se serait attendu à voir un James inquiet qui camperait devant l’infirmerie, mais pas un James boudeur dans la salle commune où il n’avait aucune chance de la croiser. « Et.. elle va bien ? Qu’est-ce qu’il lui est arrivé ? » Demanda malgré tout Adonis, préférant être sûr de l’état de la jeune Potter avant de faire des conclusions hâtives. Mais face au silence boudeur de James, étrangement plus inquiétant que s’il avait été angoissé, Adonis ne put s’empêcher de rajouter : « Tu ne devrais pas aller voir comment elle va ? Tu étais avec elle non, après le banquet ? » Il se souvenait que James avait disparu peu après le banquet, pour ne gagner la salle commune que bien plus tard, mais s’il était arrivé quelque chose à sa soeur, il serait resté avec elle, non ? Et s’il n’allait pas voir, c’est qu’il savait déjà ce qu’elle avait, et cela l’énerver, ce qui était plutôt étonnant venant de James, que Adonis n’avait jamais vu en colère contre sa petite soeur.

Souvent, le silence et l’ignorance étaient bien pires que les informations en elles-même, et c’était ce que Adonis ressentait à ce moment là. Il était persuadé qu’une fois mis au parfum de la situation, il trouverait facilement un moyen de redonner le sourire à James, après tout, rien ne pouvait être si grave que cela. « Non… Enfin, si ! Je veux dire, si, je l’ai vue après le banquet. » Adonis hocha la tête, encourageant son ami à en dire plus que ce qu’il savait déjà, et de façon claire, sans bafouiller, de préférence. Il avait du mal à parler le James confus. « Sauf que Dorcas est venue me chercher ce matin pour me dire qu’elle était à l’infirmerie avec Hélios, qu’ils avaient été attaqués par je ne sais quoi. On a dû attendre que le professeur Slughorn nous dise de passer à l’infirmerie et de louper le cours de potion, pour aller les voir. Sauf que Lily n’avait rien. » Le Gryffondor n’était pas sûr de comprendre la colère de son meilleur ami. Si sa soeur adorée n’avait rien, c’était tant mieux, non ? Et s’il avait eu l’occasion de réconforter la jolie Dorcas dont le frangin avait été blessé, c’était encore mieux, non ? Enfin, il était quand même inquiet d’apprendre qu’une chose inconnue attaquait les élèves, mais si elle restait dans les cachots, ce n’était pas si grave. Il aurait bien sûr préféré que cette chose s’en prenne à ceux qui n’étaient pas de sang purs, car si elle avait épargné la sang mêlée face au sang pur, devait-il s’inquiéter ? Enfin, bien sûr, il compatissait grandement à la souffrance de son meilleur ami, mais il y arriverait plus facilement s’il comprenait sa colère, au lieu de le trouver simplement étrange dans ses réactions. « Elle m’a accusé d’avoir attaqué Hélios. Ce salaud a été lui raconter que je l’avais attaqué ! » James s’était alors enfouit le visage entre les mains, et Adonis comprit alors à quel point son ami était réellement boulversé, et pourquoi. Il lui paraissait vraiment bizarre que la douce Lily Potter qui adorait clairement son grand frère puisse l’accuser d’avoir envoyé quelqu’un à l’infirmerie. Il donna une tape dans le dos de James pour tenter de le réconforter après avoir pris une photo. « Tu sais, les filles amoureuses, elles font un peu n’importe quoi. Peut-être que Hélios s’est simplement pris un mur et a décidé de t’accuser parce qu’il se sentait menacé par toi, et ça peut se comprendre, Lily t’adore, elle ne croit pas réellement ces accusations. Ou alors.. » Il y avait bien sûr l’explication simple, où Lily croyait stupidement son amoureux qui lui racontait n’importe quoi, il la décevrait probablement et elle reviendrait en pleurant vers James en implorant son pardon. Et puis, il y avait l’autre solution, plus grave, avec plus de conséquence, une explication qui nécessitait d’agir rapidement. « Ne le prends pas mal James mais.. Tu ne t’es jamais dit que ta soeur pourrait mal tourner à force de côtoyer l’Avery ? Déjà elle est allée à Serpentard et d’accord, ils ne sont pas tous mauvais, mais presque tous les mauvais viennent de là, ce n’est pas un hasard. Enfin à part toi, elle n’a pas des masses d’amis en dehors de Serpentard. Et si Avery l’a convaincu de couper les ponts.. Elle risque de sombrer rapidement. » Adonis lui adressa un petit sourire désolé. Lui même avait une famille peuplée en majorité de Serpentard, il savait comment ils étaient, et il savait qu’ils n’avaient de loyauté que pour eux-même et leur maison.

Adonis se souvenait parfaitement du maléfice cuisant que son propre père lui avait envoyé par hibou quelques jours après sa répartition. Il était tranquillement en train de prendre son petit déjeuner lorsque la lettre était arrivée, et jamais il n’avait été aussi humilié de sa vie. Depuis, il s’était promis de ne plus jamais contrarier son paternel, et de ne plus jamais croire que les maisons n’avaient pas grande importante dans le monde magique. La vérité, c’était que rien n’était plus important que cela. Malheureusement, certains utopistes n’avaient pas encore compris cela, et c’était toujours le cas de James, qui croyait dur comme fer que la répartition de sa petite soeur n’avait aucune importance, aucune influence sur qui elle était, et qui elle allait devenir. « Tu crois vraiment que… ? » James avait tenté de reprendre la parole après plusieurs minutes de silence pour assimiler la dure réalité énoncée par Adonis. Et un simple regard confirma au Potter que Adonis était plus que sérieux. Il ne l’était pas souvent, mais il ne plaisanterait pas sur un sujet qu’il savait toucher son meilleur ami. « Qu’est-ce que je peux faire pour la sortir de là ? Elle est en train de mal tourner et elle ne veut même plus me voir. Il faut que je l’aide. Il faut qu’on l’aide. » James commençait à paniquer visiblement, demandant implicitement l’aide d’Adonis pour ramener Lily dans le droit chemin. Mais si elle ne voulait plus voir James, la forcer ne pourrait que la pousser vers Hélios, qui n’aurait qu’un mot à dire pour faire croire à Lily que James cherchait à nouveau à le blesser. « Si tu veux je peux aller le tabasser vraiment, il verra ce que ça fait, mais je ne suis pas sûr que ça aide. » Lui dit-il, réfléchissant malgré tout à un moyen moins violent d’arriver à leur fin. Il craignait que la petite Serpentard soit déjà perdue, si elle n’avait plus confiance en son frère, et d’avantage en un Avery, dont le père avait quand même fini à Azkaban. « Plus sérieusement, si elle t’a dit qu’elle ne voulait plus te voir, respecte ça. On la surveillera avec la carte, et si besoin, j’irai jeter un coup d’oeil. Mais je crois que si elle est vraiment en train de mal tourner, on va avoir besoin de toute l’aide possible. Je sais que tu ne vas pas aimer mais.. va voir ton frère. Et éventuellement, écrivez à vos parents. » Face à James, Lily ne ferait que se braquer, mais peut-être que d’autres auraient une chance. C’était étrange que lui qui n’avait jamais écrit à ses parents de toute sa scolarité conseille ce recoure à son ami, mais il l’avait vu recevoir plusieurs lettres par semaine pendant des années venant de ses parents, et il savait qu’ils pourraient l’aider bien mieux que lui.

Le Gryffondor n’avait jamais vraiment compris l’aversion de James pour l’ami de sa soeur, et son dégout actuel à l’idée qu’elle puisse sortir avec lui. Après tout, ils avaient déjà vu Lily avec plusieurs copains, généralement de Serpentard, mais seul Hélios semblait s’être attiré les foudres de James. Mais bien sûr, Adonis n’avait jamais posé la question, trop soucieux de ne pas froisser son meilleur ami en posant des questions délicates. Heureusement, James semblait au moins prendre en considération la suggestion d’Adonis d’aller en parler à sa famille. Pour lui, c’était la seule solution pour ramener Lily à la raison. Si cela était encore possible. « Je ne suis pas sûr de pouvoir en parler à mes parents. S’ils apprennent que Lily me soupçonne d’avoir attaqué quelqu’un de sang-froid, ils risquent de paniquer plus qu’autre chose. Mais je peux sûrement aller voir Albus, oui. » Adonis ne voyait pas comment les parents de James, si aimant de leurs enfants, pourraient croire aux sottises d’Hélios comme l’avait fait Lily, si toutefois c’était là ce que craignait James. Mais il était toutefois vrai que le risque était présent malgré tout. Au moins, en parlant à son jeune frère, James aurait un avis plus proche de Lily, mais connaissant les tendances d’Albus à paniquer facilement, Adonis se doutait que ça serait un moment à marquer d’une pierre blanche. « Tu crois qu’elle voudra bien l’écouter, lui ? » Honnêtement, Adonis était persuadé qu’à l’heure qu’il était, Lily écouterait n’importe qui plus que James, mais il ne pouvait pas lui dire cela, ça serait trop cruel. Il pencha donc pour une tentative d’humour plutôt bancale pour faire comprendre à James son propos. « Evidemment, enfin James, c’est un préfet, tout le monde écoute les préfets. » Le portrait de la Grosse Dame laissa alors entrer Dorcas, trois livres de la bibliothèque dans les mains. Adonis la pris immédiatement en photo, remarquant alors son air soucieux, il se souvient alors que son petit frère avait été attaqué - ou s’était pris un mur - et qu’elle devait donc en être bouleversée. « D’ailleurs, tu devrais aller le trouver dès maintenant, il n’a peut-être pas encore eu de nouvelles de Lily, et mieux vaut qu’il ait ta version avant la sienne. Quant à moi, il me semble qu’une jolie préfète-en-chef aurait bien besoin de réconfort.. » Adonis adressa un clin d’oeil complice à James, lui désignant d’un regard Dorcas, qui s’était assise à une table à l’autre bout de la salle commune.