En ce premier jour de cours, Dorcas s’était réveillée tôt, consciente du soutien qu’elle devrait apporter aux professeurs face aux première année perdus qu’il faudrait guider pour leurs débuts. Après s’être habillée avec soin, elle avait pensé à Hélios, qu’elle devrait songé à aller soigner, tout en espérant qu’il ait compris la leçon après avoir baigné dans son propre sang pendant plusieurs heures. Toutefois, ses camarades de classe devaient déjà avoir remarqué son absence, aussi, elle devrait y aller avant le petit déjeuner, avant que des questions indésirables ne commencent à être posées. Alors que ses camarades de classe émergeaient seulement d’un sommeil profond, Dorcas était déjà prête à descendre, fixant avec soin son insigne de préfète-en-chef, et sourit lorsque l’une de ses amies lui fit remarquer qu’elle était toujours trop en avance. « On se voit tout à l’heure en cours, ne tardez pas trop ! » Et sur un dernier signe de main, Dorcas descendit d’un pas rapide les escaliers jusqu’à la salle commune pratiquement déserte encore. Elle passa le portrait et rusa pour échapper aux escaliers, eux aussi réveillés. Mais alors qu’elle sautait in extrémiste sur le sol du rez-de-chaussé, Dorcas vit le professeur Londubat arriver vers elle le visage grave, et la jeune fille sentit son rythme cardiaque s’accélérer. S’il voulait simplement de l’aide avec les première année, il viendrait avec le sourire, or l’inquiétude se lisait sur son visage, et à présent sur celui de Dorcas également. « Bonjour professeur. » le salua-t-elle malgré tout, un sourire inquiet collé sur le visage. « Dorcas, il faut que je te parle, c’est assez grave, mais ne t’inquiète pas, tout va s’arranger. » Le professeur marqua une courte pause, comme si la réalité de ce qu’il s’était passé était trop dur à accepter. Les pensées de Dorcas se tournèrent avec raison vers Hélios. « Vous m’inquiétez, professeur, que s’est-il passé ? Je peux aider ? » Dans l’espoir d’avoir tord, elle tenait à proposer son aide en cas de situation de crise, prouvant encore une fois qu’elle était totalement dévouée à Poudlard. « Je ne m’adresse pas à la préfète-en-chef mais à la soeur. Hélios a été retrouvé grièvement blessé cette nuit. » Dans un haut le coeur, Dorcas plaça ses mains devant sa bouche, comme si elle n’arrivait pas à croire qu’une chose aussi horrible ait pu arriver à son petit frère adoré. Elle arriva même à convoquer quelques larmes. « Par Merlin, est-ce qu’il va bien ? Je peux le voir ? Qui l’a retrouvé ? Où était-il ? Il s’est battu avec d’autres Serpentard ? Cela ne lui ressemble pas. » Elle avait parlé très rapidement, laissant sortir une panique très réaliste d’une soeur particulièrement inquiète. « Ne t’en fais pas, il s’en remettra, mais j’ignore encore les détails. On m’a dit que Lily Potter était concernée, également à l’infirmerie, mais je ne crois pas qu’elle ait été blessée. Si tu pouvais malgré tout prévenir ses frères, James et Albus.. Mais je te demanderais de ne pas l’ébruiter auprès des autres tant que nous n’aurons pas éclairci la situation. » Dorcas acquiesça, incapable de dire le moindre mot, du moins dans les apparences, et elle savait que c’était la meilleure tactique à faire pour éviter de montrer sa véritable inquiétude sur le fait que Lily Potter avait trouvé Hélios par elle-ne-savait-quel-moyen, et que tout le monde allait être sur ses gardes après cela. Elle rentra dans la Grande Salle d’un pas rapide, ses cheveux noirs cachant la pâleur de son visage ainsi que ses yeux larmoyants. Elle repéra rapidement James, en plein fou rire avec d’autres élèves de Gryffondor, et lui tapota rapidement l’épaule pour attirer son attention. « James ? Tu peux venir une minute ? C’est important. » Dans son regard, elle essaya de lui faire passer le message qu’elle ne serait jamais venue s’adresser à lui si elle en avait le choix, et qu’il s’agissait donc réellement d’une situation grave, ce qu’il pouvait également deviner par les traces de larmes sur ses joues et à ses yeux sans doute légèrement rougies.

Avec soulagement, Dorcas voit James froncer les sourcils avant de se lever et de l’accompagner dans un coin de la Grande Salle, loin de l’agitation des autres élèves qui découvrent avec ravissement ou horreur leurs nouveaux emplois du temps. Les personnes les plus proches d’eux étaient à cinq bons mètres, et Dorcas savait qu’on ne viendrait pas les déranger. « Qu’est-ce qu’il y a ? » Demanda-t-il. L’inquiétude se lisait largement sur son visage, et Dorcas ne fit rien pour mettre fin à son supplice. Elle cherchait la meilleure façon de formuler ce qu’elle avait à dire, et elle aimait le voir dans cet état d’attente, d’angoisse. « C’est important à quel point ? » Demanda-t-il à nouveau, la pressant pour qu’elle parle enfin. Les larmes embuèrent à nouveau le regard de Dorcas, qu’elle gardait soigneusement fixé sur James pour être sûre qu’il n’en loupe pas une miette. « Le professeur Londubat est venu me voir pour me l’annoncer, il.. Il m’a demandé de te mettre au courant. Il y a eu une.. une attaque, dans les cachots, et.. » Ses paroles, qu’elle avait interrompus de temps à autres pour laisser passer de longues inspirations difficiles, s’interrompirent sur un sanglot tandis qu’elle détachait son regard de James pour s’essuyer les yeux doucement avec ses mains. « Et mon frère a été grièvement blessé, apparemment ta soeur est aussi à l’infirmerie, mais je ne sais rien de son état. Il faudrait que tu mettes Albus au courant aussi. Le professeur McGonagall doit éclaircir la situation avant qu’on puisse aller voir à l’infirmerie, le professeur Londubat nous conseille d’y aller pendant l’heure du déjeuner. » Dorcas attendit sa réaction avec impatience, tout en s’essuyant une nouvelle fois les yeux de ses mains froides. Elle espérait que James écouterait ses conseils ainsi que ceux des professeurs, car s’il fonçait à l’infirmerie dès maintenant en forçant le passage une fois là-bas, il serait beaucoup plus difficile pour Hélios d’accuser James de son attaque. Mais Dorcas faisait confiance à la gentille infirmière pour bloquer le passage vers l’infirmerie. Finalement, la situation était loin de ce qu’elle avait espérait, puisque dans son idée, elle soignait Hélios ce matin, lui laissant quelques coups dont il accuserait James, mais si ce nouveau plan marchait, et que James était accusé de bien pire, il arrêterait enfin de surveiller ses moindres faits et gestes.

Dorcas ressentit un inattendu pincement au coeur en voyant James perdre pied face aux nouvelles qu’elle lui annonce. « C’est une blague ? » Demanda-t-il alors d’une voix étrange qu’elle ne lui connait pas. Elle hocha légèrement la tête de gauche à droite, indiquant que non, elle n’allait pas s’exclamer ‘poisson d’avril !’ d’une voix enjouée d’une seconde à l’autre. « Tu ne sais vraiment rien de plus au sujet de ma sœur ? Et pour Hélios, tu sais dans quel état il est ? » Dorcas était étonnée que James s’inquiète de l’état de santé de son jeune frère, étant donné qu’il avait essayé de lui faire la même chose la veille, ce qui s’était révélé étrangement prophétique, et Dorcas retenait ces antécédents avec une joie parfaitement dissimulée. Elle ne se voyait même déjà témoigner en disant que James était un très bon acteur puisqu’il avait semblé réellement inquiet pour le pauvre petit Hélios. Evidemment, James était aussi bon acteur qu’un troll des montagnes, mais personne n’aurait à le savoir. Même Lily finirait par rejeter son frère, et Dorcas s’imaginait déjà lui révéler la vérité juste avant d’obliger Hélios à la tuer. Que de beaux projets. « Malheureusement non, le professeur Londubat avait l’air boulversé, mais il m’a dit que Hélios devrait s’en remettre. Je ne crois pas qu’ils sachent déjà ce qui lui est arrivé, ce qui veut dire qu’il n’est pas encore en état de parler.. Ou alors que l’infirmière est trop protectrice avec ses blessés, tu sais comment elle est.. » Ce sous-entendu qu’elle n’avait pas prévu réduit Dorcas au silence, transportée deux ans en arrière, quand elle avait voulu aller voir James à l’infirmerie, juste pour vérifier qu’il était toujours en vie, et que l’infirmière avait fait barrière à l’entrée sous prétexte qu’il devait se reposer. Son coeur se serra à ce souvenir, et de nouvelles larmes rebelles coulèrent opportunément sur les joues de la jeune fille. « Enfin, peut-être que s’ils ne savent pas l’état de Lily, c’est parce qu’elle n’a rien, mais pourquoi un sauvage aurait-il à moitié tué mon petit frère pour la laisser tranquille ensuite, sachant très bien qu’elle raconterait tout ? Et puis, l'infirmière n'autorise pas les visiteurs à rester pour la nuit.. Je suis désolée, je ne veux pas t’inquiéter, c’est juste que j’ai besoin d’en parler à quelqu’un et.. Je n’ai pas le droit d’en parler aux autres. » Dorcas savait qu’elle avait bien joué son coup, en insinuant le pire avant de se rétracter, pour finalement jouée la grande soeur trop inquiète qui s’inquiète juste terriblement.

Du coin de l’oeil, Dorcas avait remarqué que plusieurs élèves les regardaient, probablement intrigués par les larmes de la préfète, et pour ceux qui les connaissaient, intrigués du fait que Dorcas et James se soient ainsi isolés pour discuter, chose qu’ils ne faisaient habituellement jamais malgré qu’ils se parlaient de façon enjouée dès qu’ils se croisaient. « Ils ne se seraient pas battus, ils sont amis. Elle l’a même défendu hier. Ce serait stupide. » Dorcas arqua un sourcil, ne comprenant pas où James voulait en venir, ce qu’il avait compris et interprété dans les paroles de la Gryffondor. Jamais elle n’avait sous-entendu que Lily ait pu attaquer Hélios, ça serait idiot, personne ne croirait cela, tout le monde savait que les deux Serpentard étaient inséparables. Enfin, sauf si la haine des Potter pour les Avery étaient un héritage aussi fort que l’était celui des Avery. Mais Dorcas doutait que le grand héros Harry Potter enseigne la haine à ses enfants, ce n’était pas l’esprit du garçon qui avait soi disant survécu au Seigneur des Ténèbres avec un simple Expelliarmus. « Mais tu penses qu’elle se trouve dans le même état ? Et comment sais-tu qu’Hélios a été retrouvé à moitié mort ? » Bien sûr que c’était ce qu’elle avait sous-entendu, c’était évident pourtant. Dorcas commençait à avoir le sentiment d’étouffer, comme si elle était dans ce coin de la Grande Salle depuis trop longtemps, et qu’elle ne supportait plus d’y être, cette même impression qu’elle avait ressenti la veille dans le wagon des préfets. A présent, elle n’avait plus qu’une envie, celle de retourner vers la table de Gryffondor, demander son emploi du temps au professeur Londubat, et se plonger aussitôt dans ses cours. « Je sais bien qu'ils ne se seraient jamais battus.. Et le professeur Londubat m’a dit qu’il s’en remettrait, comme s’ils en avaient douté à un moment. Par contre, je n’en sais vraiment rien pour ta soeur, je suis désolée. » La préfète ne supportait plus de se trouver là, en présence de James. Elle avait besoin de s’enfuir loin, loin de lui et de tout ce qu’il représentait. Elle ne supportait plus ses questions et ses demandes de détails qu’elle n’avait pas. « Il.. il faut que j’y aille, tu devrais aussi aller en cours, ne sois pas en retard dès le premier jour, Potter. » Dorcas avait repris sa voix froide habituelle lorsqu’elle s’adressait à James, et l’avait appelé par son nom de famille, autant pour mettre de l’espace entre eux que pour se souvenir de qui il était, de où il venait. Sans attendre sa réponse, elle s’éloigna vers la table de Gryffondor pour y récupérer son emploi du temps et pour pouvoir enfin s’enfuir de la Grande Salle.