Seule dans l’obscurité, Dorcas n’eut cependant pas longtemps à attendre puisque rapidement, elle entendit des pas précipités arriver vers elle. Hélios avait fait vite, craignant probablement des répercussions s’il osait la faire attendre, et elle ne put qu’admettre qu’il avait raison, il s’apprêtait déjà à passer un moment bien peu agréable. « Dorcas ? » Il s’était arrêté à quelques mètres d’elle, peut-être par peur qu’elle ne le frappe, comme si elle s’abaisserait à s’en prendre à lui par des moyens moldus. Face à son silence, il avança jusqu’à elle. « Est-ce que tout va bien ? » Dorcas voyait la peur sur le visage d’Hélios, et cela lui faisait étrangement du bien. Au fond d’elle, elle savait qu’il n’était pas vraiment responsable de ce qu’il s’était passé avec James, mais il fallait que sa rage sorte, qu’elle s’en prenne à quelqu’un, et sa victime était toute désignée. « En fait.. Non, tout ne va pas bien. » La suite se passa en une seconde. Dorcas transféra sa baguette dans sa main gauche tandis que la droite plongeait dans la poche d’Hélios pour en sortir sa propre baguette, avec laquelle elle le menaça. Il recula d’un pas, mais avant qu’il n’ait pu dire quoi que ce soit, elle le soumis au sortilège de mutisme informulé. Puis, forçant sa baguette à attaquer son propre propriétaire tandis que la sienne ne servait que de lumière, Dorcas murmura un « Endoloris ! » plein de rage. Aussitôt, Hélios s’effondra au sol dans un hurlement silencieux. Un léger sourire satisfait se dessina sur les lèvres de Dorcas. On lui avait appris à ne jamais attaquer quelqu’un avec sa baguette à elle, puisque l’on pourrait alors prouver que c’était son oeuvre. Cependant, produire un sortilège aussi complexe que l’étaient les sortilèges interdits avec une baguette qui ne nous appartenait pas était très difficile, et Dorcas ne pouvait donc pas le faire en informulé. D’ailleurs, le sortilège était beaucoup moins puissant que si elle l’avait fait avec sa baguette, mais son but n’était pas de le tuer ou de le rendre fou, simplement de le punir. Et plusieurs sortilèges à la suite lui donnerait l’effet voulu. « Qu’est-ce que tu es allé raconter à James Potter, espèce de petit troll ? Est-ce que je t’avais dit d’aller lui parler de d’attirer son attention sur moi ? » Afin d’obtenir malgré tout ses réponses, Dorcas arrêta le sortilège de Doloris et leva le sortilège de mutisme. Elle menaçait cependant toujours Hélios avec sa baguette, au cas où il lui prendrait l’envie de tenter quelque chose.

Une fois les sortilèges de Dorcas annulés, Hélios se permet quelques secondes pour se remettre de la douleur infligée. Mais alors que la Gryffondor commençait à perdre patience face aux gémissements de son petit frère, il tenta de se redresser pour arrêter d’être pitoyablement allongé au sol. « Il-il a remis en cause le fait que je sois ami avec Lily. Je ne voulais pas le laisser faire. » Dorcas leva les yeux au ciel devant la remarque terriblement puérile de son frère. Ce garçon était vraiment idiot. Il ne fallait pas qu’il ait l’air trop dégouté par l’idée de sortir avec Lily, sinon, si un jour Dorcas décide qu’il doit la séduire, les choses seront vraiment compliquées par cette remarque maladroite. Mais Hélios ne pensait jamais sur le long terme. Il ne réfléchissait jamais vraiment tout court. « Je lui ai juste fait remarquer que sa remarque était absurde. » La préfète en doutait fortement, puisque James avait parlé d’une remarque sur lui et elle, non sur Lily et Hélios, mais elle savait que Hélios serait prêt à inventer n’importe quoi pour ne pas recevoir un nouveau sortilège. Elle rétablit alors le sortilège de mutisme avant de lancer un nouveau « Endoloris ! » Plus fort que le précédent, qu’elle laissa également plus longtemps, tandis que des plaies apparaissaient à certains endroits du corps de son frère. Elle s’arrêta en le voyant cracher du sang. Elle enleva également le sortilège de mutisme. « Ça, c’est pour m’avoir menti, tu es prévenu à présent. Il m’a dit que ta remarque portait sur lui et moi, et c’était tout à fait déplacé. La prochaine fois que tu fais quelque chose qui met en danger ma couverture, ça sera un autre sortilège interdit que j’utiliserais contre toi, je ne te dis pas lequel, histoire de te motiver à ne plus me décevoir. C’est très difficile pour moi, de prétendre que j’apprécie ces sang-de-bourbes, que je suis différente. Alors si tu ruines tout juste parce que tu es dégouté à l’idée de sortir avec cette Lily Potter, tu le regretteras, n’oubli pas ta mission. Si je réussi, tu auras le droit de la tuer toi-même. » Dans son regard, et au son de sa voix, Hélios devait comprendre que ce n’était pas là une proposition, mais un ordre à venir, pour s’assurer de sa fidélité.

Dorcas pointa sa baguette magique vers Hélios, éclairant son visage baignant de larmes. La jeune femme leva les yeux au ciel, exaspérée par la faiblesse de son cadet. Après deux faibles sortilèges de Doloris, il était déjà dans un état proche du coma. La blancheur de sa peau tranchait net avec le sang qui s’échappait de sa bouche, l’étouffant à moitié. Dorcas compris alors qu’elle ne pourrait plus rien en tirer pour ce soir, et si elle ne voulait pas commettre son premier meurtre, elle avait plutôt intérêt à s’arrêter là et à rejoindre son dortoir. « Je… Peux… Rien… James… Idiot… » Balbutia Hélios dans un dernier effort pour se défendre. C’était pathétique. Dorcas s’agenouilla alors près du visage du garçon, lui parlant dans un murmure. « Si l’on te pose la question, c’est James qui t’a fait cela. Il t’est tombé dessus après le banquet pour te menacer de te tuer si tu ne t’éloignais pas de sa soeur. Tu ne sais pas quels sortilèges il a utilisé car ils étaient informulés. Et à partir de maintenant, tu l’évites, tu ne lui parles plus, et tu fuis s’il cherche à te parler. » Elle appuya ensuite la baguette d’Hélios sur la joue du garçon, lui laissant une longue coupure sur toute sa joue droite, dans un dernier acte de sadisme. Dorcas déposa ensuite la baguette de son frère à côté de lui, au bord de la petite mare de sang qui se formait près de lui. Elle reprit ensuite les longs couloirs sombres, et une fois à la lumière, elle vérifia qu’aucune trace de sang ne s’était faite sur sa robe. Elle éteignit ensuite sa baguette avant de la ranger, puis regagna sa salle commune d’un pas sûr, les couloirs étant déserts à cette heure. Dorcas arriva finalement devant la Grosse Dame une vingtaine de minutes après avoir quitté Hélios. « C’est à cette heure là que tu rentres, jeune fille ? Ah, de pire en pire les jeunes. » Dorcas sourit aimablement au portrait, ne voulant pas laisser sa mauvaise humeur se deviner, même pas un simple tableau. Elle avait appris des erreurs du Seigneur des Ténèbres, et elle savait qu’elle ne devait pas sous estimer les personnages insignifiants et sans pouvoir, car ils pouvaient toujours parler, témoigner. « Je suis navrée de vous réveiller à cette heure, mes devoirs de préfète-en-chef me prennent beaucoup de temps en dehors des cours. » Elle mis en avant son insigne flambant neuf, et les yeux de la grosse dame s’agrandirent d’excitation et de ravissement. « Oooh, encore une préfète-en-chef à Gryffondor ! Je suis fière de vous, Dorcas. Mais allez vite vous coucher, il ne faudrait pas être fatiguée dès le premier jour des cours ! » Et sans même attendre que Dorcas lui donne le mot de passe, la Grosse Dame ouvrit le passage vers la salle commune des Gryffondor, chaude et accueillante. « Merci beaucoup. » Lui répondit Dorcas dans un petit rire satisfait. Elle traversa la salle commune déserte pour monter les escaliers jusqu’au dortoir des septième année. Toutes les filles de son année dormaient déjà, et Dorcas se changea silencieusement avant de s’endormir à son tour.