Comme chaque année, Lily attendit patiemment que ses frères terminent de se disputer au sujet du chariot et de qui aurait la charge de devoir traîner les malles de tout le monde. Jamais personne n’avait proposé qu’elle s’en charge, et à présent qu’elle avait son chat, il n’y avait plus aucune raison qu’elle se retrouve prise dans le conflit. Sans grande surprise, James imposa sa loi à Albus, mais comme il n’était pas du genre à balancer aux parents quelques mètres derrières, James s’en sortit, comme toujours, avec un marché qui n’arrangeait que lui. Lily, elle, se contentait d’être spectatrice, attendant le reste du clan Potter pour passer le mur magique, et ce malgré le fait qu’il ne leur restait plus que quelques minutes avant le départ du train. Évidemment, James ne s’empêcha pas de lui faire remarquer leur risque de retard grandissant, et elle jeta un dernier coup d’oeil en arrière pour voir les trois autres Potter arriver. Elle passa alors le mur pour rejoindre James. Le changement de décor fut radical. Les moldus aux mines sinistres avaient été remplacés par des sorciers joyeux et excentriques, profitant de cette journée pour retrouver tous leurs amis. Lily pressa le pas afin de retrouver son frère, qui l’attendait plus loin, mais elle remarqua vite que son regard avait été attiré par autre chose. Ou plutôt quelqu'un d’autre. « Tu ferais mieux de vraiment te méfier du Malefoy cette année, il y a fort à parier qu’il ne va plus se sentir depuis la prophétie. » mais avant même qu’elle puisse répondre, leur père, qui les avait rejoint, ne pu s’empêcher de réprimander James, comme si les vieilles querelles de son père influaient encore sur leurs relations avec les autres. Il avait peut-être remarqué qu’ils n’étaient pas les meilleurs amis du monde avec Hugo et Rose. Pas besoin de connaître les origines génétiques de Scorpius pour comprendre que c’était un garçon qui prenait tout le monde de haut mais qui éclaterait en sanglot s’il était décoiffé. Lily attendit que son père n’écoute plus pour répondre. « Je n’ai pas peur de Malefoy, il parle beaucoup et est persuadé d’être le fameux héritier, mais il n’osera jamais tenter quoi que ce soit. Pas contre nous en tout cas. » Car quiconque s’attaquerait aux enfants de Harry Potter dans les temps qui cours serait sûrement renvoyé. Se vanter d’être le futur maître du monde, c’était facile, mais l’assumer face aux plus grands sorciers actuels, ça l’était déjà moins. Son regard se posa sur son autre frère, qui discutait avec leurs parents d’un air inquiet, et Lily se doutait qu’il parlait de la prophétie. « Je te pari 10 gallions qu’il lui dit qu’il a peur d’être l’héritier ! C'est aussi grotesque que quand il avait peur de finir à Serpentard ! » Lily ne pouvait s’empêcher de se moquer de son frère, ne prenant pas du tout la prophétie au sérieux. « Oh oh, papa vient par ici. » mais avant qu’il n’eut le temps de leur dire quoi que ce soit – et Lily se doutait qu’elle n’apprécierait pas – elle le prit de court. « Regardez, les Scamander ! » elle vit Albus engager la conversation, suivi par leur mère, et se dirigea aussitôt vers eux, laissant James aux griffes du paternel. Elle arriva assez vite pour entendre la fin de leur conversation, où Lysander se vantait de s’être fait voler son argent par une créature bizarre. Albus, perplexe, ne semblait pas partager son enthousiasme. Aussitôt, Lily arriva derrière les garçons et s’incrusta dans leur conversation. « Mais enfin Albus, tu ne te rends pas compte ? Être en contact avec de véritables creatura muros, c'est bien plus important que de l’argent ! » puis elle se tourna vers Lysander. « Salut Lysander, félicitations ! » Elle lui fit une bise accompagnée d’un grand sourire. Lily adorait les Scamander. Ils étaient bizarres, mais dans le bon sens.

Scorpius ne lui retourna pas le fait qu’elle lui avait manqué, et Cedrella lui en fut presque reconnaissante. Il n’était pas de ce genre là, et elle le préférait comme ça. Elle le mépriserait de faire preuve de faiblesse, et elle n’avait pas besoin qu’il lui montre son affection pour en être consciente. Elle le savait, et c’était suffisant. Il lui avoua finalement que son été avait été tendu, et elle acquiesça aussitôt, compréhensive. Elle savait bien sûr le mépris que Scorpius avait pour la soi disant rédemption de son père et à ce jour, celui de Cedrella était presque plus extrémiste que lui. « Figure toi qu’en apprenant la prophétie, mon père s’est dépêché d’annuler nos vacances et nous sommes restés enfermer tout l’été. Il a peur du regard des gens et s’inquiète du fait que je puisse être l’héritier. Comme s’il avait honte. » Choquée, Cedrella joignit ses deux mains devant sa bouche. Pour elle, il était évident que Scorpius était l’héritier, mais elle n’aurait jamais pensé que le père de son ami puisse ne pas s’en réjouir. Elle avait entièrement confiance en Scorpius, elle savait qu’il ne ferait pas les mêmes erreurs que le seigneur des ténèbres en son temps. Exterminer une bonne partie de la population sorcière était stupide, cruel, et inutile. Il fallait juste les remettre à leur place. Scorpius s’était relevé, comme si la fureur qui l’animait rendait la position assise insupportable. « Il nous a obligé à venir en taxi et à nous habiller comme des moldus, quelle honte pour les Malefoy ! » et aussitôt, il arracha ses vêtements en revêtant sa robe de sorcier, et Cedrella ne pût s’empêcher de profiter du spectacle, un petit sourire au coin des lèvres. Elle se releva pour lui faire face, pas troublée le moins du monde par leur proximité. « Même si ton père prétend s’être repentit, tu restes un Malefoy. Dans ce nom, tu portes la noblesse de ton rang. Tu es appelé à faire de grandes choses, Scorpius. Le professeur Slughorn l’a remarqué dès qu’il t’a vu. » Elle aurait pu le toucher, tenter un accolade pour le réconforter, mais elle le connaissait suffisamment pour savoir qu’il ne le supporterait pas. Bien sûr, elle avait délibérément omis de rappeler que la fille Potter avait éclipsé tout le monde à son arrivée au club, et que Slughorn écoutait toujours avec passion James Potter dès qu’il ouvrait la bouche. Il n’avait pas besoin de cela.

L’inquiétude de Darcy ne faisait que croître à mesure qu’elle avançait vers le train. Habituellement, elle trouvait Annabeth près du portail jusqu'à la dernière minute, occupée à pester contre les interférences magiques qui détraquaient son félétone. Elle-même aurait bien usé de l’un de ces engins passionnants que les moldus avaient inventés pour rester en contact. Si Annabeth était déjà arrivée, était-il possible qu’elle se soit volontairement éloignée plus rapidement de cette machine qu’elle chérie tant ? Et si elle n’était pas encore là, et que Darcy était déjà installée dans le train, elle serait obligée de la chercher dans tous les wagons, risquant de subir les questions de tous les élèves qu’elle croiserait. Darcy vit alors Lorcan qui arrivait vers elle, et elle eut l’espoir que ce soit Annabeth qui l’ai envoyé. « Eh Darcy ! Tu vas bien ? Tes vacances se sont bien passées ? » Elle se força à sourire à son ami. Évidemment, il n’avait pas parlé à Annabeth. Comme si elle était capable d’aligner deux mots face à lui. « Dis, je pensais essayer d’intégrer l’équipe de Quidditch cette année, et comme tu t’y connais bien, je me demandais si tu pouvais m’aider. »  Elle le regarda, perplexe. Darcy n’était jamais montée sur un balais, et en avait plutôt peur qu’autre chose. Bien sûr, elle était passionnée par la création des balais volants, presque plus que par celle des baguettes, mais ce genre d’informations ne servirait à rien à Lorcan pour jouer au quidditch. « Salut, Lorcan. Mais tu sais bien que je ne suis pas dans l’équipe. Je connais la théorie bien sûr mais.. Tu devrais plutôt demander à Annabeth, elle aussi voudrait intégrer l’équipe. Tu ne l’as pas vue, d’ailleurs ? » Elle lui fit son plus beau sourire, fière d’elle. Elle avait réussi en même temps à encourager Lorcan à passer du temps avec Annabeth et à lui demander si il ne l’avait pas aperçu. C’était un coup de maître.