A présent qu’ils avaient quitté le cocon sécurisant du couloir sombre, Dorcas ne pouvait s’empêcher de lancer des regards inquiets autant d’elle, craignant de croiser un regard de témoin qui percerait bien rapidement leur secret si James s’évertuait à l’embrasser ainsi à vue de tous. Heureusement, même les tableaux semblaient avoir des occupations plus intéressantes que de regarder ce que Dorcas Avery fabriquait avec James Potter, et la préfète s’efforça d’effacer l’air coupable qui s’affichait sur son visage. Déjà le garçon s’éloignait d’un pas rapide vers les escaliers, et Dorcas sortit de sa suspicion pour s’empresser de le suite ; plus vite ils seront dehors et plus vite elle pourrait respirer sans craindre d’être observée. Priant pour qu’aucun des escaliers ne décide de leur rendre la tâche plus difficile qu’elle ne l’était déjà, Dorcas fixait chaque bout d’escalier avec un regard si perçant que l’on aurait pu croire qu’elle le défiait de faire le moindre mouvement sur le côté. Elle le suivait volontairement quelques pas derrière lui, pour pouvoir nier facilement le moindre lien, et elle envisagea un instant de sortir un bouquin de son sac pour parfaire sa couverture, mais elle trancha finalement en faveur d’une marche rapide et déterminée. Même si elle n’était pas du genre maladroite, elle n’avait pas envie de trébucher. Une fois dehors, l’air encore doux de septembre réussi à la soulager. La plupart des élèves ne sortaient pas à l’heure du déjeuner, et ceux qui avaient cours en extérieur étaient rentrés depuis de longues minutes. James se retourna finalement vers elle, ayant compris également que le danger était écarté. « Dis, tu ne t’es jamais demandé pourquoi cet arbre n’avait jamais été déraciné s’il était si dangereux pour les élèves de l’école ? Pourquoi ils n’ont pas établie de périmètre de sécurité magique ? » Elle ne put empêcher un léger rire amusé de s’échapper de ses lèvres. Pour elle, le saule cogneur, c’était comme la forêt interdite : ils n’avaient rien à faire dans une école, mais ils en faisaient partis, ils faisaient partis du décor, et on ne pouvait pas simplement les retirer par souci de danger. Dorcas s’était d’ailleurs parfois demandé si l’école ne contenait pas volontairement des lieux dangereux dans l’unique but de tester les élèves, de les mettre à l’épreuve. Après tout, le Tournoi des Trois Sorciers était la preuve que la sécurité n’était pas le souci numéro 1 des professeurs. Quant au périmètre de sécurité, ce n’était pas le genre de la maison, tout simplement, on préférait faire confiance aux élèves, et les laisser affronter les conséquences de leurs actes s’ils brisaient cette confiance. « Peut-être qu’ils n’ont jamais réussi à s’en approcher suffisamment pour le déraciner, il faudrait plutôt se demander ce qui leur a pris de le planter là au départ. » Malheureusement, ce n’était pas le genre d’informations qu’on jugeait bon de leur communiquer dans l’Histoire de Poudlard. Pour ce qu’elle en savait, l’arbre avait dû arrivé à l’époque où Albus Dumbledore était le directeur de l’école, et elle était persuadée que jamais le professeur McGonagall n’aurait eu l’idée de planter une telle chose en plein milieu du parc de l’école. Dans ses pensées, Dorcas ne s’était pas rendue compte qu’ils étaient arrivés si près du saule cogneur, et c’est seulement lorsque James se rapprocha d’elle pour lui chuchoter des informations à l’oreille qu’elle vit qu’ils étaient déjà trop près. Son coeur s’emballa légèrement, sans qu’elle puisse savoir si cela était dû à la proximité de James ou de celle du saule. « Regarde bien en bas de l’arbre. Il y a un trou au milieu des racines. Suis-moi et surtout, ne fais pas de bruit pour ne pas réveiller le saule cogneur. » Dorcas plissa légèrement les yeux pour finalement apercevoir une vague forme sombre au creux de l’arbre, sans être vraiment sûre qu’il s’agisse d’un trou par lequel elle pourrait s’échapper si l’arbre décidait de s’en prendre à elle. La préfète jeta un dernier regard en arrière, vers le château, vérifiant que personne ne les observait de là-bas, puis elle redirigea son regard vers l’arbre, où elle vit avec stupéfaction que James était déjà à mis chemin entre elle et le tronc. Effrayée, elle fut un instant incapable de bouger, s’attendant à voir l’arbre l’attraper, mais sa technique semblait fonctionner, et Dorcas s’empressa de l’imiter, peu envieuse de rester seule dehors avec l’arbre tandis qu’il atteignait déjà le tronc. Elle le vit disparaître dans la tâche sombre, puis le retourner pour vérifier qu’elle suivait bien. Quelques secondes plus tard, Dorcas s’engouffrait à son tour dans le passage secret. « T’es un malade, Potter, on aurait pu se faire écarteler par ce foutu saule. D’ailleurs, comment ça se fait que tu connaisses autant de passages secrets ? Dans toutes ma scolarité j’ai dû trouver une dizaine de raccourcis dans le château, mais pas des comme ça, et je suis préfète, pourtant. » Demanda-t-elle, curieuse, à la fois indignée et admirative. Elle voyait également là une occasion de tenter de savoir par quel moyen il avait pu savoir où elle se trouvait avec Hélios, le soir de la rentrée. S’il pouvait ainsi se déplacer n’importe où sans être vue, il était bien plus dangereux que tout ce qu’elle avait pu soupçonner jusqu’alors.

Passant sa tête à l’extérieur, James ne peut s’empêcher de froncer les sourcils, gêné par le soleil surplombant le parc, alors qu’il cherche à savoir si la préfète-en-chef a bien suivi son exemple. Il ose en effet espérer qu’elle ne s’est pas dégonflée. Fort heureusement, celle-ci est déjà en train de se précipiter vers l’entrée du souterrain, le visage légèrement déformé par la peur. A croire qu’elle craint que le saule cogneur puisse se réveiller pour la faucher au passage à l’aide de quelques uns de ses branches. Quelle drôle d’idée. Vraiment sordide. James ne peut s’empêcher d’afficher un sourire moqueur alors que Dorcas parvient enfin à le rejoindre. Elle semble être légèrement en colère, mais le jeune homme n’en a que faire. Cela lui passera bien vite. Après tout, il accepte de partager quelques uns de ses secrets avec elle – il s’agit du deuxième passage secret qu’il lui fait connaitre dans la journée, ce qui n’est tout de même pas rien – alors elle peut s’estimer heureuse. Puis, une fois l’agacement passé, elle se montrera sûrement heureuse d’avoir vécu la formidable expérience d’avoir pu défier le saule cogneur. D’ailleurs, elle semble déjà se radoucir, quand bien même ses paroles sont d’abord lourdes de reproches. Seul le ton de sa voix montre qu’elle n’est pas réellement fâchée. Juste curieuse. Et un peu effrayée. « T’es un malade, Potter, on aurait pu se faire écarteler par ce foutu saule. D’ailleurs, comment ça se fait que tu connaisses autant de passages secrets ? Dans toutes ma scolarité j’ai dû trouver une dizaine de raccourcis dans le château, mais pas des comme ça, et je suis préfète, pourtant. » James fronce de nouveau les sourcils alors qu’il fait quelque pas en arrière pour laisser un peu plus de la préfète-en-chef, dire qu’elle puisse s’éloigner de l’entrée du tunnel et ainsi réellement ne plus rien craindre. Portant une main jusqu’à son menton, il se frotte doucement la mâchoire en faisant mine de réfléchir, prenant un air pseudo-dramatique. Mais il ne s’avère pas être très bon comédien et il est aisé de se rendre compte qu’il n’est pas réellement soucieux. « Ainsi, tes parents ne t’ont rien dit. » souffle-t-il sur un ton se voulant mystérieux. Après quoi, il ne peut s’empêcher d’éclater de rire d’un seul coup, alors qu’il laisse retomber son bras le long de son buste et que les traits de son visage se détendent. Heureusement qu’il est l’heure du déjeuner, d’ailleurs, sans quoi les élèves de l’école de sorcellerie Poudlard passant par là – bien qu’il s’agisse de quelque chose d’assez rare, puisque les gens évitent de passer trop près du saule cogneur, la plupart du temps – auraient sans doute pris peur en entendant se rire montant des racines du célèbre arbre agrémentant le parc du château. « Je pensais que toutes les familles de sorciers transmettaient leurs savoirs sur les passages secrets à leurs descendants, de génération en génération. Les jumeaux Weasley étaient très doués pour découvrir tout ça. » finit par éluder James avec un petit haussement d’épaules et un sourire malicieux. Après tout, il est vrai que sans eux, il n’aurait jamais été en possession de la carte des maraudeurs, alors ce n’est pas réellement un mensonge. Juste une omission de vérité. Désireux de ne pas soutenir plus longtemps le regard de la préfète-en-chef, et surtout, de changer de sujet, le gryffondor se tourne alors vers le long tunnel obscur qui n’attend plus qu’à être parcouru. Ils ont déjà fait le plus gros du chemin, le fait d’avoir à affronter le saule cogneur – endormi – étant le plus dur en soi. Aussi, la terre apparente tout autour d’eux, donnant l’impression de pouvoir s’écrouler sur eux à tout instant, avec des racines et toutes sortes d’insectes en dépassant de part et d’autre, se fait tout de même plus accueillante que tout ce qui se trouve à l’extérieur, quelques mètres au-dessus de leurs têtes. « On ferait mieux de se mettre en route, ce n’est pas loin mais je suis affamé ! » lâche James avec un regard en coin à la jeune sorcière, un sourire apparaissant son visage. Il ne tarde alors pas à allumer le bout de sa baguette avant de nouer ses doigts à ceux de Dorcas, lui prenant la main pour qu’ils puissent avancer ensemble.

Dorcas avança de quelques pas, soucieuse de mettre le plus de distance possible entre l’arbre frappeur et elle. Parfois, elle trouvait vraiment que l’on confondait courage et stupidité pour répartir certains Gryffondor. Elle attendait malgré tout sa réponse, curieuse de voir s’il lui dirait ses secrets. James avait adopté un air important peu convainquant, provoquant l’impatience de la préfète en chef, ce type était vraiment un pitre quand il s’y mettait. « Ainsi, tes parents ne t’ont rien dit. » Lâcha-t-il finalement dans un murmure. Dorcas haussa les sourcils tandis qu’il se mettait à rire. Elle n’aurait jamais pensé qu’il irait jusqu’à se permettre de parler de ses parents si tôt dans leur relation. Elle faillit lui faire remarquer qu’effectivement, son père n’avait pas eu l’occasion de lui dire grand chose puisque le grand Harry Potter l’avait envoyé à Azkaban, réduisant la mère de Dorcas à un état de dépression qui l’empêcha d’élever correctement ses enfants, poussant la préfète à tout prendre en charge pour éviter que son frère et elle n’aient à finir à l’orphelinat. « Je pensais que toutes les familles de sorciers transmettaient leurs savoirs sur les passages secrets à leurs descendants, de génération en génération. Les jumeaux Weasley étaient très doués pour découvrir tout ça. » Dorcas se força à répondre à son sourire. Entendre parler de ces foutus jumeaux Weasley n’était pas vraiment mieux que d’entendre parler de ses parents. « Dommage qu’ils le soient moins pour assurer la sécurité de leurs clients. » Riposta-t-elle avec un sourire malicieux, faisant clairement allusion au gaz étrangleur. Dorcas voyait bien l’admiration que les enfants Potter avaient pour leur oncle créateur de farces et attrapes, mais elle trouvait insensé de donner à une jeune fille de seulement 14 ans des produits pouvant entraîner la mort d’autres et d’elle-même, surtout quand la jeune fille en question était incapable de faire preuve de sang froid face au danger. Dorcas restait toutefois persuadée que James ne lui avait pas révélé tous ses secrets, mais elle ne s’en formalisait pas, s’il était si simple de percer les secrets des Potter, ils seraient tombés depuis longtemps. Il lui faudrait de la patience, et elle acceptait ce sacrifice humblement. « On ferait mieux de se mettre en route, ce n’est pas loin mais je suis affamé ! » Reprit James, allumant sa baguette magique, rapidement imité par la préfète. Il lui pris la main, et elle le suivit dans le passage terreux, qui se réduisait au fur et à mesure qu’ils avançaient. Intéressée, Dorcas attendait avec impatience d’arriver au bout. « C’est vraiment étrange qu’ils aient créé ce passage, quand on y pense. Enfin, l’arbre a été planté à l’époque où Albus Dumbledore était directeur, le passage a donc dû être créé à ce moment là. Pourquoi a-t-il fait construire un passage vers Pré-au-Lard ? Ta famille t’as surement livré ce secret, non ? » Lui demanda-t-elle avec un regard moqueur. S’il se vantait d’en savoir autant sur Poudlard grâce à ses illustres ancêtres, peut-être pourrait-il répondre à certaines de ses interrogations. Et puis, le père de James devait être proche de Dumbledore, pour nommer son fils comme son directeur d’école, peut-être avait-il compris certaines excentricités du vieil homme. Non pas que ce que Harry Potter pouvait penser l’intéresse, mais cela pouvait être intéressant à savoir, voilà tout.

James ne tarde pas à se rendre compte de son erreur, seulement quelques secondes après avoir abordé le sujet. Parler des parents de Dorcas n’était pas la meilleure idée qu’il ait eue durant sa vie. Aussi s’empresse-t-il de dévier un peu, de faire comme s’il parlait de parents au sens généalogique du thème, en parlant des jumeaux Weasley. Seulement, si la préfète-en-chef partage son sourire, celui-ci ne semble être que façade. En effet, ses paroles tranchent nettement avec ce sourire qu’elle affiche. « Dommage qu’ils le soient moins pour assurer la sécurité de leurs clients. » James ne peut s’empêcher de lui faire une légère grimace, en vrai gamin, alors qu’en vérité, le souvenir qu’elle évoque lui tord l’estomac, le rend soucieux. Aussi détourne-t-il rapidement la tête, comme si le fait de cesser de regarder Dorcas pourrait effacer l’idée que Lily ait pu s’en prendre à lui sans véritable raison. N’empêche qu’ils ne se trouveraient pas tous les deux, dans ce tunnel menant à la cabane hurlante, s’il n’y avait pas eu l’épisode du gaz étrangleur. Lui agrippant la main, il l’entraine ainsi dans les profondeurs de la terre, prenant la tête de leur expédition. De toute façon, il n’a pas le choix. Le passage devient rapidement trop étroit pour qu’ils puissent s’y glisser tous les deux, et le jeune homme est obligé de se retourner de temps à autres pour vérifier que la gryffondor n’éprouve aucun souci pour se mouvoir à sa suite. Cependant, elle est bien plus menue que lui et éprouve donc bien moins de mal à se faufiler dans le passage. Satisfait, il se tourne de nouveau vers l’avant, pile au moment où un lombric s’échappe de la terre composant le plafond de leur tunnel. « Eurk. » comment-t-il en s’essuyant le visage à l’aide du dos de la main tenant sa baguette. Il envoie ainsi valser le ver-de-terre sur le sol, n’éprouvant aucune once de regret en l’écrasant. Au contraire. Après tout, il l’a bien cherché. Ainsi sont-ils presque arrivés à mi-chemin du passage lorsque Dorcas reprend finalement la parole pour poser une nouvelle question. « C’est vraiment étrange qu’ils aient créé ce passage, quand on y pense. Enfin, l’arbre a été planté à l’époque où Albus Dumbledore était directeur, le passage a donc dû être créé à ce moment là. Pourquoi a-t-il fait construire un passage vers Pré-au-Lard ? Ta famille t’a surement livré ce secret, non ? » James déglutit, heureux que Dorcas ne puisse pas voir son air de profonde gêne, pour le coup. Que lui dire ? Qu’Albus Dumbledore était un vieux taré et qu’il n’était pas étonnant qu’il ait embauché Hagrid simplement parce qu’il ressemblait au demi-géant ? Ce serait absurde. Pourtant, il n’est pas totalement faux que ceux-ci se ressemblent, dans le fond. Après tout, ils ont la même passion pour les choses dangereuses, de toute évidence. Prenant son courage à demain, il décide finalement de lui livrer la vérité. « Eh bien, je crois qu’Albus Dumbledore a une passion pour les élèves un peu… particulier. Le genre d’élèves dont on ne veut pas habituellement. Des élèves un peu dangereux. Enfin, tu vois, le saule cogneur ne fait rien aux animaux il me semble. Et il est plus là pour protéger les élèves de ces autres élèves un peu particuliers, si tu vois ce que je veux dire. » lui glisse-t-il en continuant à avancer, se retournant légèrement pour pouvoir la regarder en parlant, pouvoir lui montrer que pour une fois, ses paroles sont sincères et qu’il n’est pas simplement en train d’exécuter une pirouette pour contourner sa question. Cette fois, il veut vraiment partager quelque chose avec elle.

Préférant éviter de regarder les parois du tunnel par peur de ce qu’elle pourrait y voir, Dorcas vit ses craintes se confirmer lorsqu’une bestiole non identifiée vint s’écraser sur James. Soulagée que ça ne soit pas tombée sur elle, un léger rire s’échappa de ses lèvres tandis qu’il se débarrassait de la chose. Elle n’était toutefois pas rassurée par la confirmation que n’importe quoi pouvait lui tomber dessus à n’importe quel moment, surtout avec le tunnel qui devenait de plus en plus étroit. « Eh bien, je crois qu’Albus Dumbledore a une passion pour les élèves un peu… particulier. Le genre d’élèves dont on ne veut pas habituellement. Des élèves un peu dangereux. Enfin, tu vois, le saule cogneur ne fait rien aux animaux il me semble. Et il est plus là pour protéger les élèves de ces autres élèves un peu particuliers, si tu vois ce que je veux dire. » Lui répondit finalement James, dans un charabia qu’elle ne pouvait même pas de vanter d’avoir compris à moitié. Dorcas le regarda, perplexe, tentant de comprendre ce qu’il pouvait bien vouloir dire par là. Il présentait l’ancien directeur comme un fétichiste des élèves bizarres, et Dorcas s’était retenu de demander « Comme ton père ? », par pur désir d’éviter de le vexer et de casser l’ambiance. Et puis, pourquoi parlait-il d’animaux ? Des élèves-animaux ? « Qu’est-ce que tu entends par ‘élèves un peu particuliers’ ? Parce que non, je ne vois pas. Des élèves qui violent les règlements pour devenir des animagi ? Mais les animagi gardent conscience humaine même sous forme d’animaux, ils ne sont pas dangereux, à part pour eux-même, et devraient être renvoyés, si tu veux mon avis. » Il lui paraissait grotesque qu’un directeur de Poudlard ait pu planter un arbre mettant en danger les élèves de l’école, pour les protéger de personnes qui les mettaient encore plus en danger, simplement pour accepter des élèves à problème. « Est-ce que tu aurais.. des exemples concrets ? » Osa-t-elle finalement demander, sans être sûre qu’il accepterait de lui donner des détails, bien qu’il semblait en savoir plus qu’il ne voulait bien le dire. A présent, le plafond du tunnel leur frôlait le crâne, les obligeant à se courber légèrement.

C’est fier de lui que James décide de livrer à Dorcas l’un des secrets que son père lui a transmis. Seulement, l’entreprise s’avère être plus périlleuse qu’il ne l’aurait souhaité. En effet, ne pas délivrer de noms pour ne pas avoir à mentionner sa famille, est assez compliqué dans cette histoire. Son grand-père, duquel il a hérité de son nom, étant largement impliqué dans l’implantation du saule cogneur dans le parc de Poudlard, quand bien même il n’en était pas le principal bénéficiaire. D’ailleurs, James s’est toujours demandé s’il ne devrait pas devenir un animagus, lui aussi, simplement pour faire honneur à cet ancêtre. Contrairement à Albus qui semble trouver le nom des Potter trop dur à porter, James s’est toujours fait un plaisir de se venter du passé de sa famille, heureux de porter le nom de son grand-père et de son meilleur ami. Ce n’est que lorsque Dorcas reprend la parole que le jeune homme sort finalement de ses pensées pour se concentrer de nouveau sur leur discussion. « Qu’est-ce que tu entends par ‘élèves un peu particuliers’ ? Parce que non, je ne vois pas. Des élèves qui violent les règlements pour devenir des animagi ? Mais les animagi gardent conscience humaine même sous forme d’animaux, ils ne sont pas dangereux, à part pour eux-mêmes, et devraient être renvoyés, si tu veux mon avis. » Le gryffondor ne peut s’empêcher d’esquisser un léger sourire alors qu’il l’entend parler. C’est un peu comme si la préfète-en-chef était parvenue à lire dans ses pensées et qu’elle désapprouvait complètement ce qu’elle avait pu y voir. Cependant, il n’était pas réellement étonnant qu’elle puisse désapprouver les animagi. Et James ne peut s’empêcher de se féliciter de ne pas lui avoir livré qu’il porte le nom de l’un des élèves dont ils sont tous deux en train de parler. « Est-ce que tu aurais.. des exemples concrets ? » finit par demander Dorcas d’une voix légère, comme si elle avait hésité un moment avant d’oser poser sa question. James se laisse quelques instants avant de répondre, pesant ses mots alors qu’il rentre un peu plus la tête entre ses épaules pour éviter de se prendre le plafond du tunnel. Se mordillant légèrement la lèvre inférieure, il finit par glisser à la jeune femme : « Des animagi, oui, mais surtout… un lycanthrope. » Comme si le fait de ne pas dire simplement loup-garou pouvait enlever une part de gravité à la situation. Ce n’est qu’au bout de quelques instants qu’il s’autorise finalement à se tourner vers la jeune femme, du moins, autant que ce que le passage étroit lui permet de le faire. « Poudlard a accueilli un élève lycanthrope dans ses rangs, et le saule cogneur a été planté là pour lui permettre de rejoindre la cabane hurlante les soirs de pleine lune. Ses plus proches amis sont devenus des animagi afin de pouvoir l’accompagner et le contrôler. Le saule cogneur gardé éloignés les élèves trop curieux qui auraient menacé de découvrir le passage secret et permettait au loup de s’éloigner du château pour ne blesser personne. » Ralentissant progressivement, il garde son regard vrillé sur Dorcas, attendant de voir sa réaction à cette annonce.

En se décidant à poser sa question, Dorcas était persuadée que James avait effectivement un exemple concret à porté de main, hésitant à lui livrer ce secret-là. Elle réalisait seulement à quel point elle l’avait sous estimé, lui et sa famille, qui semblaient détenir des informations sur Poudlard - et peut-être le monde magique lui-même - jusqu’alors ignorées de tous. Comment se faisait-il que les sang purs ignoraient des choses connus de simples sang mêlés ? Certains diraient que c’était la curiosité du monde magique, que les sang purs avaient depuis longtemps perdu, qui faisait que les impurs cherchaient davantage à en savoir plus, mais plutôt que de trouver ça intéressant et bien, Dorcas y voyait là une menace. N’était-il pas arrivé des choses monstrueuses à ceux qui cherchaient trop loin, ceux qui puisaient trop loin dans les ressources de la magie ? Bien sûr, une sang pure comme elle qui expérimenterait ne pourrait que rencontrer un succès, mais les sang impurs ne connaissaient pas assez la magie, n’en avaient pas assez en eux pour réussir à l’apprivoiser. « Des animagi, oui, mais surtout… un lycanthrope. » Dorcas s’arrêta un instant sous le poids de la révélation. Avait-il vraiment dit ce qu’elle avait entendu ? Un loup-garou ? A Poudlard ? Les animagi passe encore, c’était de vrais sorciers, mais des hybrides mi-sorcier mi.. chose poilue ? C’était immonde. En plus de mettre en danger tous les élèves normaux, c’était aussi donner de faux espoirs à cette créature qui aurait dû rejoindre un troupeau de gens comme lui. « Poudlard a accueilli un élève lycanthrope dans ses rangs, et le saule cogneur a été planté là pour lui permettre de rejoindre la cabane hurlante les soirs de pleine lune. Ses plus proches amis sont devenus des animagi afin de pouvoir l’accompagner et le contrôler. Le saule cogneur gardé éloignés les élèves trop curieux qui auraient menacé de découvrir le passage secret et permettait au loup de s’éloigner du château pour ne blesser personne. » Si Dumbledore avait toujours été de ce monde, Dorcas aurait tout fait pour le faire alterner. Non seulement il avait admis à Poudlard un loup garou, mais en plus il avait autorisé ses camarades à lui tenir compagnie durant la pleine Lune, après qu’ils aient pu devenir des animagi, ignorant tout ce qui aurait pu mal tourner ? « Tu plaisantes, n’est-ce pas ? Enfin, un loup garou ! Dans une école ! C’est insensé ! Dangereux ! Comment Dumbledore a-t-il pu autoriser une telle chose ? Et comment tu peux être au courant de tout cela, d’ailleurs ? » Demanda-t-elle finalement, soupçonneuse. James avait lui-même admis quelques instants plus tôt que ses informations lui venaient de personnes de sa famille, or, si c’était à nouveau le cas, cela voulait sans doute dire qu’un membre de sa famille était concerné, de loin ou de près par cette histoire.

James laisse échapper un soupir avant de finalement essayer de dire les choses plus clairement. Il est vrai que malgré toute la bonne volonté qu’il y a mis, il s’y est mal pris la première fois. A moins d’être dans son esprit, la jeune femme n’a aucun moyen de comprendre ce qu’il vient de dire. Et le gryffondor doute réellement que Dorcas soit légilimens. Heureusement, le second essai semble bien plus concluant. Enfin. Heureusement. Elle semble tout de même être légèrement furieuse d’apprendre que le professeur Dumbledore ait pu accueillir un tel élève dans les rangs de son école. Et que dirait-elle si elle apprenait que cet homme avait été professeur de défense contre les forces du mal entre ces murs ? Que son fils n’était autre que le filleul du père du gryffondor ? Un instant, James se demande s’il a bien fait de lui raconter cette histoire, mais de toute façon, le mal est fait et il n’a pas de retourneur de temps pour changer le passé. « Tu plaisantes, n’est-ce pas ? Enfin, un loup garou ! Dans une école ! C’est insensé ! Dangereux ! Comment Dumbledore a-t-il pu autoriser une telle chose ? Et comment tu peux être au courant de tout cela, d’ailleurs ? » Elle parle exactement comme si James était responsable de son savoir. Et le jeune homme ne peut s’empêcher de se retourner, continuant à marcher en lui tournant le dos, fuyant son regard. Il lui lâche même la main, sans réellement s’en rendre compte, simplement soucieux de sa réaction, marquant clairement son rejet envers un nouveau membre de sa famille. Comme si tout les séparait, une nouvelle fois. En apprenant cette histoire, le gryffondor s’était montré émerveillé, fier de savoir que son grand-père avait été quelqu’un de courageux, contribuant à l’histoire de cette école. « Et bien, je porte les noms de deux des anima... » Un violent bruit vient interrompre la phrase solennelle de James, soucieux de ne pas montrer trop d’engouement envers le choix de son paternel. Un peu sonné, il met quelques instants avant de comprendre qu’il vient de se prendre la porte de la trappe, donnant sur l’intérieur de la cabane hurlante. « Aoutch. » laisse-t-il échapper en se frottant le front, à l’endroit de l’impact. « On est arrivés. » Cette dernière affirmation est bien évidemment adressée à Dorcas, qui ne peut pas savoir ce qu’il vient de se passer à l’avant de leur file. En faisant attention de ne pas renverser les aliments présents dans son panier, il s’empresse de pousser la porte afin de pouvoir se libérer du passage devenu bien trop étroit. Passant le premier, il pose le panier sur la table juste à côté, avant de se retourner pour tendre sa main à la préfète-en-chef et l’aider à sortir.

Tandis que James lui tourne le dos, reprenant la marche qu’elle s’empresse de suivre, Dorcas ne peut s’empêcher de se sentir coupable d’avoir réagi si violemment. Condamner ainsi des gens qu’il connaissait ou avait connu n’était pas la réaction la plus intelligente à avoir, et jamais elle ne s’était sentie aussi seule que lorsqu’il avait lâché sa main. Soucieuse de ne plus croiser son regard pour l’instant, la préfète s’évertua à fixer le sol, mais cette précaution était inutile puisque lui-même ne semblait plus désireux de se retourner. « Et bien, je porte les noms de deux des anima... » Mais la trappe qu’il se pris dans la tête l’empêcha de terminer sa phrase. « Aoutch. » Dit-il, se frottant la tête alors que Dorcas ne pouvait s’empêcher de sourire, amusée par les maladresses du garçon. « On est arrivés. » James s’empresse alors d’ouvrir la porte fermant le passage secret, entrant dans la Cabane Hurlante pour poser leur repas. Il se retourne ensuite vers Dorcas, l’aidant à sortir. Elle avait de nombreuses fois observée cette maisonnette de Pré-au-Lard, sans jamais vraiment réfléchir à comment cela pourrait être une fois à l’intérieur. Jamais il ne lui serait venu à l’esprit que quiconque y ait déjà mis les pieds. En sachant à présent qu’un loup-garou y avait habité, Dorcas devinait que les traces sur le parquet, sur les meubles et sur les murs étaient celles laissées par les griffes et les morsures du loup-garou. Frissonnant à l’idée de ce qu’il s’était passé autrefois à l’endroit même où elle se trouvait, elle était en même temps émerveillée, comme une petite fille découvrant une pièce secrète dans sa maison. « C’est impressionnant, les murs ont dû être renforcés avec la magie, j’imagine ? A moins que la créature n’ait été attachée, mais vu l’état des murs et des meubles, je dirais qu’elle se promenait dans la maison.. Regarde la trappe pour entrer et sortir, elle ne ferait jamais le poids face à un loup-garou. » Dorcas réfléchissait presque à voix-haute, caressant lentement la table, glissant ses doigts sur les traces des griffes de l’animal. Il lui semblait incroyable que ce soit un élève de Poudlard qui ait pu faire tout cela. Elle se demandait vaguement ce qui avait pu lui arriver, avec les guerres sorcières, où les hybrides avaient été traité presque aussi bien que les nés-moldus. Et puis, ce que James avait commencé à lui dire avant d’être à moitié assommé par la porte lui revint en tête. « Au fait, qu’est-ce que tu disais au sujet de ton nom ? » Ses interrogations n’étaient toujours pas parties, et elle avait plus faim d’informations que de la nourriture qui se trouvait dans le panier, bien que celle-ci vienne tout de suite après.

James pénètre dans l’enceinte de la cabane hurlante en se frottant le haut du crâne, celui-ci étant endolori depuis sa rencontre avec la planche de bois composant la trappe permettant de s’extraire du passage secret. Aidant Dorcas à sortir à sa suite, il s’approche ensuite de la vieille table positionnée dans un coin de la pièce, pour pouvoir y déposer le panier qui commence à lui sembler bien lourd, à pendouiller au bout de son bras. Il en profite également pour éteindre le bout de sa baguette, peu effrayé par l’endroit, qui baigne toujours dans les rayons de lumière du soleil de la mi-journée. La cabane hurlante est bien plus effrayante à la nuit tombée, James est bien obligé de l’admettre. Mais on finit par s’habituer à tout. Surtout que ce n’est pas la première fois qu’il pénètre en ces lieux, couverts des traces d’un passé plus ou moins lointain, durant lequel ils accueillaient les maraudeurs. D’une oreille distraite, il entend Dorcas le suivre jusqu’à la table, alors qu’il se masse doucement le bras, tentant de faire en sorte que la préfète-en-chef ne remarque pas ce signe de faiblesse. « C’est impressionnant, les murs ont dû être renforcés avec la magie, j’imagine ? A moins que la créature n’ait été attachée, mais vu l’état des murs et des meubles, je dirais qu’elle se promenait dans la maison.. Regarde la trappe pour entrer et sortir, elle ne ferait jamais le poids face à un loup-garou. » Elle semble caresser les endroits où les griffes de Remus sont rentrées en contact avec le bois du meuble et James la regarde faire sans rien dire. Lui aussi s’était montré impressionné, la première fois qu’il a mis les pieds en ces lieux. Souvent, il s’est demandé si Teddy était déjà venu là, un lieu dans lequel son père avait passé tant d’années. Mais il n’a jamais pris la peine de lui poser la question, de peur de le blesser en abordant un sujet délicat. James peut être un peu trop brutal, certaines fois, concernant certains sujets, mais pas envers sa famille. Pas envers Teddy, alors que son père s’est longtemps évertué à lui expliquer qu’il ne fallait pas trop mettre en avant la différence de cette sorte de frère. « Au fait, qu’est-ce que tu disais au sujet de ton nom ? » finit par demander Dorcas alors que le gryffondor est en train de retirer la nappe de pique-nique du panier, prêt à la déployer sur la table pour que tous deux puissent commencer à manger. Ses gestes deviennent tout de suite un peu plus fébriles. Il avait oublié ce qu’il était en train de dire. Prenant d’abord le temps de bien disposer le morceau de tissu sur la planche de bois, recouvrant ainsi les traces de coups présentes sur le meuble, il prend le temps de souffler avant de simplement dire, le plus honnêtement du monde : « James Sirius. Ce sont mes prénoms. Je les tiens de deux anciens animagi qui se réunissaient ici pour soutenir leur ami les soirs de pleine lune. Un cerf et un chien. » Incapable de soutenir le regard de Dorcas trop longtemps, James finit par baisser la tête en se mordant légèrement la lèvre inférieure, avant de pousser un léger soupir. Il contourne alors la table pour venir tirer deux chaises alignées contre le mur et les placer de chaque côté de la table, face à face. Les chaises, heureusement en bois massif, sont elles-aussi bien amochées, mais pourtant encore bien solide. Jamais James n’a eu à déplorer de quelconque accident en s’asseyant dessus. « Il y en avait un quatrième. Peter, un rat. C’est… c’est à cause de lui que mes grands-parents sont morts. » finit par confier James, peu fier. Pourtant, si son grand-père le comptait dans ses plus proches amis, c’est que Peter le méritait. D’une certaine manière.