En se réveillant ce matin là, Teddy eut la surprise de voir des mèches de cheveux verts fluo lui tomber devant les yeux. Il ferma alors les yeux avant de secouer légèrement la tête, et il n’eut pas besoin de miroir pour savoir que ses cheveux avaient retrouvé leur couleur bleu tardis qu’il leur préférait. Il se leva lentement, étant peu du matin, et tenta en vain de se remettre les idées en place. Victoire s’était déjà levée, et il n’entendait aucun bruit dans la maison, indice qu’elle était probablement sortie. Quelque peu inquiet par cette constatation, il trouva le courage d’aller jusqu’à la cuisine, où il trouva un mot de sa dulcinée, annonçant qu’elle était partie s’occuper d’un hippogriffe blessé. Rassuré, Teddy but une grande tasse de café, peu anglais, mais plus efficace que le thé pour un réveil difficile. Son regard se posa alors sur la lettre qu’il avait reçu la veille au soir de son ami de longue date, Silas, le maire de leur village, et il se décida alors à aller se préparer. Dix minutes plus tard, il ressortait de sa petite maison, habillé d’une robe de sorcier violette. Pour les rendez-vous professionnels, il faisait parfois l’effort de prendre une couleur de cheveux normale, mais il savait que Silas s’étonnerait de le voir si sobre, alors il ne se donna pas cette peine, et marcha jusqu’au grand manoir de son ami. Il ne savait pas si l’habitation venait avec la fonction de maire, mais cette baraque l’impressionnait toujours. En frappant brièvement deux coups sur la porte, Teddy se rendit compte qu’il avait omis de répondre à la lettre de son ami, mais il haussa aussitôt les épaules, tant pis, le mal était fait, il avait toujours été un peu étourdi. Lorsque la porte s’ouvrit, il salua son ami d’un « Bonjour, monsieur le maire. » faussement officiel, s’accordant mal avec le sourire taquin du jeune homme. Il lui serra chaleureusement la main tandis que Silas lui répondait. « Teddy, je suis heureux que tu aies pu venir ! Cela fait longtemps. Mais entre ! Mon elfe de maison est en train de nous préparer un petit déjeuner de rois. Tu prendras bien un peu de bacon ? » Le sourire de Teddy se fit encore plus grand si cela était possible en entendant cette phrase. Il réalisa alors qu’il mourrait de faim, et il entra rapidement dans la maison de Silas. « Bien sûr, je meurs de faim, tu as de la chance d’avoir quelqu’un pour prendre soin de toi comme ça. Si seulement Victoire s’occupait de moi comme elle s’occupe de ses hippogriffes.. » Rétorqua Teddy sur le ton de l’humour, parfaitement conscient de la chance qu’il avait d’avoir rien qu’un peu de l’attention de Victoire. Il suivit Silas jusque dans la cuisine, où ils s’assirent pour discuter des choses sérieuses en attendant les vivres promis par l’elfe de maison. Il savait qu’il n’était pas là en tant qu’ami mais en tant que responsable de la sécurité de la ville, et cela le fatiguait encore plus qu’une nuit agitée en compagnie de Victoire.

En entrant dans le luxurieux manoir, Teddy ne peut s’empêcher de regarder partout autour de lui, appréciant le haut plafond, le lustre à la centaine de bougies qui semblait flotter dans les airs, et il remarqua également un manteau pendu qui semblait plutôt féminin, mais il se passa de faire le moindre commentaire sur une éventuelle conquête que Silas aurait ramené chez lui, après tout, son ami avait parfois des goûts vestimentaires étranges. « Si tu as besoin d’un elfe de maison, je peux t’en trouver un. Nous en avons un peu trop pour s’assurer de la propreté de la ville et certains d’entre eux seraient heureux de pouvoir se montrer un peu plus utiles en s’occupant d’une maison. » Lui offrit généreusement Silas tout en l’invitant à le suivre vers son bureau où aurait lieu leur entretien. Teddy haussa les épaules, pas entièrement convaincu par cette idée. « Oh tu sais, je ne suis pas trop à l’aise avec ces machins là. Quand j’étais petit, mon parrain avait un vieil elfe tout bonnement terrifiant, et dans cette vieille maison qu’il garde en souvenir, il y a plein de têtes d’elfes décapités car ils n’étaient plus bons à rien, j’en faisais des cauchemars. » Teddy avait toujours trouvé les elfes de maison bizarres dans leur façon d’être, leur façon de penser. Il ne pouvait tout simplement pas les comprendre, et ce malgré les nombreux discours que sa tante Hermione Weasley lui avait fait à leur sujet. Petit, il se contentait d’acquiescer sagement, et même aujourd’hui, il n’osait la contredire quand elle se lançait sur le sujet. Il se promis cependant d’en parler à Victoire, peut-être qu’elle, elle en aurait envie. « Je t’en prie, assieds-toi. Je vais aller vérifier que mon elfe s’occupe bien des petits déjeuners. » Teddy ria légèrement tout en prenant place. Silas n’avait pas l’air mieux servi par son elfe que par lui-même, mais il se doutait que son ami le gardait surtout par pitié pour la pauvre créature que par réelle nécessité. Il attendit quelques minutes seul avant d’entendre finalement le maire revenir, en compagnie d’une petite créature frêle portant un plateau surchargé plus grand qu’elle. Silas débarrassa le bureau d’un coup de baguette, et l’elfe posa le plateau, s’inclina jusqu’à ce que son nez touche le sol et repartit sous le regard amusé de Teddy. « Alors, Silas, de quoi voulais-tu me parler de si bon matin ? » L’auror préférait rentrer dans le vif du sujet tout de suite, pour avoir une conversation plus légère ensuite plutôt que d’éviter le sujet sensible.

Teddy regarda son ami se servir une part généreuse du petit déjeuner copieux apporté par l’elfe, invitant au passage l’auror à en faire de même. Etonnement, tout lui paraissait plus qu’appétissant, malgré le fait que l’elfe semblait avoir perdu un peu de son esprit et avait l’air épuisé. Peut-être que Silas devrait prendre un deuxième elfe pour l’aider, sans pour autant remplacer l’ancien. « Je ne sais pas si tu l’as remarqué, mais ces derniers temps, la ville doit faire face à une affluence inhabituelle. De nombreuses familles ayant un enfant à Poudlard se sont installées dans des appartements à louer ou ont acheté des maisons, sans compter ces gens un peu louches qui comblent les chambres des Trois Balais et autres auberges du village, et qui n’ont que la prophétie à la bouche. » L’auror acquiesça en écoutant parler son ami, enregistrant toutes ces informations, bien qu’il ait déjà connaissance de la plupart de ces faits, l’avantage de pouvoir se faire passer pour n’importe qui sans avoir besoin de prendre le moindre cheveux. Il se servit une tasse de thé avec une quantité de lait généreuse, ajoutant même un sucre, avant de remplir son assiette de bacon, qu’il appréciait particulièrement. « Je me méfie de tout ce monde. Tu n’es pas sans savoir que Pré-au-Lard a vu passer bon nombre de gens malfamés lors de la dernière guerre, et la ribambelle de sauveurs qui allaient avec. » Teddy comprenait parfaitement où Silas voulait en venir, pas question de voir Pré-au-Lard devenir le théâtre d’une nouvelle guerre entre sorciers qui se disputeraient les rôles des héros et des nouveaux mangemorts. « Pré-au-Lard a été témoin de nombreuses batailles, et j’aimerais que cela n’ait pas à se reproduire. J’ai besoin de preuves pour chasser du village, toutes les personnes susceptibles de lui nuire. Et en attendant, j’ai besoin de quelqu’un pour veiller à la sécurité de Pré-au-Lard. Pour s’assurer que tout se passe bien. » Teddy acquiesça, conscient de l’importance de la tâche que voulait lui confier Silas et il se sentit honoré qu’on lui demande cela à lui, pourtant un si jeune auror. Mais il avait bien sûr un atout considérable dans sa manche : son don de métamorphomage, qu’il était le seul à posséder au sein des aurors. « Je pense qu’il n’y a pas à s’inquiéter des parents qui arrivent en masse, les parents s’angoissent toujours pour leurs enfants lors des périodes de crise. » Enfin, il parait. Teddy n’avait jamais lui-même su ce qu’était l’inquiétude d’un parent, même s’il avait eu la chance d’être ‘adopté’ par une famille nombreuse et merveilleuse. « J’ai eu vent de réunions qui auraient lieu chaque semaine dans la Cabane Hurlante, j’ai envoyé un hibou à Harry Potter, qui m’a dit d’essayer d’y assister pour voir s’il s’y disait des choses condamnables, mais il me faudrait pour cela attraper l’un d’eux, et il est difficile de les identifier. » Même si Teddy pouvait prendre l’apparence de n’importe qui, il lui était impossible de se dédoubler. Et il ne pouvait pas trainer trop souvent dans les bars, au risque d’être remarqué, après tout, il était à Pré-au-Lard sous couverture, comme co-gérant de l’hippodrome, et non pas comme un auror, sinon trop de gens se méfieraient de lui. Il avait Victoire qui espionnait pour lui à l’hippodrome, et lui-même changeait sans cesse d’endroit, mais il avait du mal à entendre plus que de simples murmures. « Il me faudrait des espions, mais comme tu l’as dit, il est difficile de faire confiance, et au bureau des aurors, tout le monde est débordé. »

Confortablement endormie dans son lit après une longue nuit, Evdokia fut réveillée par l’elfe de maison de son frère, qui avait trébuché devant sa chambre avant de s’effondrer lourdement sur sa porte. La jeune femme se leva précipitamment, les cheveux en bataille, vêtue simplement d’un short si court qu’il aurait pu passer pour une simple culotte, et d’un t-shirt s’arrêtant bien au dessus du nombril. Elle accourut auprès de l’elfe pour vérifier s’il allait bien ou s’ils pourraient enfin avoir un serviteur digne de ce nom. Malheureusement, il était déjà en train de se lever. « Eh bien crapule, qu’est-ce que tu fais là ? » Bien qu’elle s’amusait toujours à lui donner des surnoms qui rabaissaient la pauvre créature, Doki lui parlait toujours d’une voix douce, ayant pris en affection l’elfe. « Le maître reçoit un invité. » L’excitation monta aussitôt en Evdokia. Il était évident qu’elle allait essayer de s’incruster à ce petit rendez-vous, apportant au passage un peu d’agitation dans le quotidien monotone de Silas. Elle attrapa rapidement un peignoir. « Tu as l’air d’avoir froid, tu le veux ? » Proposa-t-elle à l’elfe, dont les yeux s’humidifièrent aussitôt tandis qu’il balbutiait des supplications à Evdokia. « Je rigolais. » Elle enfila elle-même le peignoir, qui ne cachait finalement pas grand chose de plus que son pyjama, mais elle s’en moquait un peu, elle n’était pas du genre pudique, loin de là. Elle marcha lentement vers le bureau de Silas, soucieuse de ne pas être entendue pour tenter de saisir des brides d’informations. « Il me faudrait des espions, mais comme tu l’as dit, il est difficile de faire confiance, et au bureau des aurors, tout le monde est débordé. » Evdokia reconnut aussitôt la voix de Teddy Lupin, à peine plus jeune qu’eux, ayant fait ses études à Poudlard à leur époque. C’était un ami de longue date de Silas, et par conséquent, elle avait été amené à le croiser quelques fois. Elle n’hésita donc pas à entrer dans le bureau. « Salut, Teddy. Si tu veux, je peux aider, je travaille aux Trois Balais, et les clients me confient pas mal de trucs, je pourrais espionner pour toi. » Elle ne put retenir un gloussement en voyant Teddy s’étouffer avec sa tasse de thé en la voyant ainsi accoutumée, et elle profita du silence temporaire pour continuer d’essayer de le convaincre. « En plus, j’ai une formation d’auror. » Pas besoin de préciser que c’était une formation qu’elle n’avait pas pu terminer puisqu’elle avait lamentablement échoué.

Alors que Teddy attendait l’avis de Silas sur leur problème d’effectif, une autre voix, féminine, vint se joindre à leur conversation, obligeant l’auror à tourner la tête pour regarder la nouvelle venue. Une jolie jeune femme rousse se tenait sur le pas de la porte, légèrement vêtue. « Salut, Teddy. Si tu veux, je peux aider, je travaille aux Trois Balais, et les clients me confient pas mal de trucs, je pourrais espionner pour toi. » Etonnée qu’elle connaisse son prénom et qu’elle le tutoie, il la détailla à nouveau tout en manquant de s’arroser avec son thé. Il reconnut alors en elle Evdokia Powell, la demi-soeur de Silas. Aux dernières nouvelles, la jeune femme était portée disparue, et il lança donc un regard interrogateur à son ami. « En plus, j’ai une formation d’auror. » Le jeune auror ne put s’empêcher de trouver la proposition d’Evdokia intéressante. Une jeune femme aussi séduisante qu’elle n’aurait aucun mal à extraire n’importe quelle information à un homme qui aurait bu un peu trop, et si elle était capable de se défendre, elle ne courrait aucun risque. « Evdokia, tu n’irais pas t’habiller ? » Interrompit Silas avant que Teddy n’ait eu l’occasion de répondre, tentant alors de congédier la jeune femme non sans une certaine gêne visible par des rougissements sur ses joues, amusant grandement Teddy. « Si tu as besoin de financement pour former des espions et en avoir à ton service, ce n’est pas un problème. La ville en a parfaitement le budget. » Teddy était assez étonné de voir Silas balayer ainsi l’aide pourtant proposée par quelqu’un de confiance, l’une des rares personnes de confiance du village, d’ailleurs. Bien sûr, il ne demanderait jamais à Evdokia de l’aider si cela met Silas inconfortable, et il ne pouvait pas questionner son ami en la présence de sa soeur, mais il se posait vraiment des questions. « Le problème est de trouver des gens de confiance qui seraient volontaires pour prendre des risques. S’il était sûr qu’il y ait une vraie menace.. » Il s’arrêta de parler, ayant vu du coin de l’oeil que Evdokia avançait vers eux, s’arrêtant finalement devant la table pour prendre un petit pain dans lequel elle mordit avant d’intervenir. « Vous pouvez me faire confiance, et prendre des risques ne me fait pas peur ! Et puis, si nous essayons de démasquer nos ennemis, on peut s’attendre à ce qu’ils fassent de même, ils sauteront sûrement sur l’occasion si nous voulons recruter, et dans ce cas, c’est là porte ouverte aux espions. » Elle mordit à nouveau dans son petit pain, la fierté se lisant dans son regard face au doute qu’elle avait adroitement fait naître dans leurs esprits. Teddy devait bien avouer qu’elle n’avait pas tord, il serait idiot de refuser une aide de quelqu’un qui était déjà dans une position parfaite pour les aider. « Ce n’est pas faux.. » Dit-il, tournant finalement un regard interrogateur à Silas, attendant son avis avant de se prononcer, ne voulant pas froisser son ami.