Pour Cedrella, c’était le jour le plus important de sa vie. Elle avait onze ans, et pour son anniversaire, son père lui avait promis qu’elle pourrait venir avec lui au magasin de baguettes. Certes, c’était une visite qu’elle avait déjà faite de nombreuses fois, mais ce jour là, elle allait recevoir sa première baguette, événement qu’elle attendait depuis des années. Une demi heure avant l’ouverture, elle était là-bas avec lui. Il disait que ça serait largement suffisant, mais la petite fille aurait voulu avoir la journée devant elle pour essayer toutes les baguettes de la boutique. « Donne-moi la baguette la plus puissante que tu as ! » Cedrella était sûre d’elle. Malheureusement pour elle, son père, lui, l’était moins, et lui avait interdit de toucher la moindre baguette sans son accord. « C’est la baguette qui choisit son sorcier, Cedrella, pas l’inverse ! » Cette maxime, elle l’avait déjà entendu au moins cent fois, elle en était consciente, mais elle voulait malgré tout tenter sa chance, au cas où. Après tout, si on s’arrêtait toujours à la première baguette qui fonctionnait, comment savoir si d’autres pouvaient marcher aussi ? « Voilà, essaye celle-ci, bois de cèdre et crin de licorne, 30,6 centimètres, je suis certain qu’elle te conviendra. » Sans un regard pour la baguette que lui tendait son père, elle se faufila jusqu’au fond du magasin où elle savait placée les baguettes les plus puissantes. « Tu n’en aurais pas une en sureau ? Au moins pour essayer ! » L’homme soupira. Il connaissait sa fille, et il savait bien qu’elle ne laisserait pas tomber. Il la rejoignit donc, et sélectionna minutieusement l’une des plus hautes baguettes. « Voilà, mademoiselle, sureau, 28 centimètres, et crin de licorne, essaie de ne pas faire exploser la boutique. » Ignorant son soupire lasse, Cedrella s’empara de l’objet tant désiré sans grandes précautions. Une seconde après, la petite fille criait, et la baguette cognait contre le sol. La main rougit par une brûlure, Cedrella ne comprenait pas ce qu’il lui était arrivé. « Le sureau n’est pas pour toi. » Sans montrer le moindre intérêt pour la blessure de sa cadette, le fabricant s’était penché pour ramasser la baguette et la ranger. Cedrella se décida alors à écouter son père, et retourna vers la première baguette. Un peu tremblante cette fois, elle saisit la longue et fine baguette de cèdre. Elle sentit un vent froid dans la pomme de sa main, et la brûlure disparue instantanément. Déjà, sa baguette magique la protégeait.

Enfin, Cedrella était majeure. Son dix-septième anniversaire, elle l’avait longtemps attendu. A présent, elle pouvait utiliser la magie en dehors des murs de Poudlard, lire l’heure sur une montre en or, et enfin, son père allait lui révéler pourquoi il avait été si sûr dès le départ que sa baguette de cèdre était faite pour elle. De base, il avait prévu de lui dire dès qu’elle aurait été choisie par la baguette, mais son envie de pouvoir de ce jour-là avait retardé cela de six longues années. « Alors ? On voudrait savoir ! » Elle s’installa à table à côté de son père, sa baguette à la main. « Oh, mais ta baguette le sait déjà, jeune fille. » Cedrella lança un regard interrogatif à sa baguette, comme si elle s’attendait à la voir parler pour lui donner une explication. « Ta mère t’as déjà raconté que j’avais loupé ta naissance ? » Evidemment, sa mère ne loupait jamais une occasion de le faire culpabiliser à ce sujet. « Et bien en réalité, ce jour-là, je poursuivais la licorne qui a donné le crin qui est dans ta baguette. L’une des plus grande licorne que j’ai vu, et je n’ai pu en tirer qu’un crin. J’avais tellement peur de le perdre, qu’il a fallu que je fabrique tout de suite la baguette. » « Cette baguette ? » Cedrella n’avait jamais autant aimé sa baguette qu’en cet instant, et à présent, elle la voyait d’un regard nouveau. « Je l’avais à peine terminé qu’elle m’a gelé la main ! J’ai compris que je ne pourrais pas la finir complètement ce jour là, et j’ai couru auprès de ta mère et toi. En revenant, plus rien ne clochait avec elle, elle m’avait juste envoyé auprès de toi. » Cette fois, Cedrella était troublée. Etait-ce possible que sa baguette ai vraiment fait cela, ou c’était juste l’esprit un peu fou de son père qui voulait croire qu’un lien si puissant pouvait exister entre une baguette et son sorcier ? « Tu sais, ce n’est pas pour rien que j’ai autant tenu à ce que tu t’appelles Cedrella, je pensais encore à cette baguette, et à ce qu’elle venait de faire. » Cèdre. Cedrella. Comment avait-elle pu ne jamais faire le rapprochement ? Elle se sentait stupide, mais en même temps, elle comprenait enfin vraiment la passion familiale pour les baguettes. Ce lien si profond qui existe dès le début, comment avait-elle pu en douter ? A présent, elle était pressée de terminer ses études pour pouvoir enfin se plonger complètement dans ces secrets si profond, et, qui sait, d’en découvrir de nouveaux.