Le professeur Slughorn descendit de son bureau vers quatre heures et demi de l’après-midi, après s’être accordé une petite sieste dans son fauteuil préféré, il voulait s’assurer d’être en forme pour les événements qui allaient suivre. En arrivant dans le parc, aux pieds du château où devaient se tenir les élèves pour accueillir leurs invités, il constata un joyeux chaos, avec des professeurs, des préfets, et des élèves en tout genre en train d’hurler dans tous les sens, certains cherchant leurs amis, d’autres une meilleure place. L’excitation était à son comble, et chacun semblait décidé à faire des derniers pronostics sur les futurs arrivants. « Horace ! Vous voilà enfin ! Pouvez-vous aller aider les préfets de Serpentard à répartir vos élèves ? Certains n’arrêtent pas de se glisser au premier rang, alors qu’ils sont en septième année ! » Lui dit d’un ton ferme le professeur McGonagall, l’air exaspérée et soucieuse. Bien sûr, son école se devait d’être parfaite pour l’arriver des autres, et les élèves se devaient d’être en rang par année. Et puis, elle avait l’air un peu agacé qu’il soit descendu en retard, mais après tout, ce n’était que quelques minutes, pas de quoi fouetter un chat. « Mais naturellement, Minerva. » Répondit-il simplement en lui offrant un large sourire tandis qu’il repérait Scorpius, aidé par les cheveux blonds et la taille haute du garçon. Il ignorait où se trouvait sa préfète, mais pour l’instant, il commencerait par là. Il fit quelques pas dans sa direction, mais la masse compacte d’élèves l’empêchait pratiquement de faire le moindre geste. « Allons, jeunes gens, il y a de la place pour tout le monde ! Ah, monsieur Potter ! » Interpella-t-il en apercevant le préfet des Poufsouffle qu’il tentait de traverser pour rejoindre ses propres élèves. Le professeur Slughorn le reconnaitrait entre mille à cause de sa ressemblance physique avec son père, dont il était le portrait craché. Albus se fraya un chemin jusqu’au professeur. « Pouvez-vous m’aider ? J’essaie de rejoindre mes élèves mais vos camarades sont presque pires ! » Dit-il dans une voix pleine de fausse détresse en riant, rapidement imité par le Poufsouffle. Tout le monde était un peu euphorique à l’idée de ce qui les attendait. « Allez les Poufsouffle, on s’écarte, laissez passer le professeur Slughorn ! » Cria ensuite Albus, poussant ses camarades à faire un chemin pour le professeur, qui traversa aussitôt le groupe de Poufsouffle avant qu’ils ne se regroupent à nouveau en fil compact. Il arriva alors près de Scorpius, qui semblait être en grande conversation avec des élèves de son année. Un garçon pointait son doigt vers les rangs de devant, comme s’il tentait de convaincre Scorpius de le laisser s’y installer. « Scorpius, mon garçon, besoin d’aide ? D’après le professeur McGonagall, certains essaient de ne pas respecter les rangs par année, qu’est-ce que c’est que cette histoire ? » Demanda-t-il d’un ton bourru et faussement en colère, intimant à ses élèves de suivre les règles tout en insinuant qu’il pouvait douter de la véracité des dire de la directrice, s’ils lui prouvaient que c’était faux, en rentrant dans les rangs, notamment.

Bien que le rendez-vous fut fixé à quatre heures et demi, Dorcas avait pris soin d’arriver plus tôt pour aider les professeurs si besoin, et elle fut ravie de l’avoir fait en constatant que bon nombres d’élèves n’avaient pu attendre l’heure du rendez-vous pour descendre et sortir du château pour voir ce qu’il se passait. Même si novembre était presque là, ceux qui avaient sortis leurs écharpes les tenaient à la main ; à force d’être serrés les uns contre les autres pour atteindre les meilleures places, ils mourraient de chaud. Elle vit alors le groupe des garçons de Gryffondor de septième année arriver, et elle courut presque vers eux pour les prendre en charge avant que l’un d’eux n’ait l’idée renversante d’aller au premier rang. « Super, te voilà, Luke ! Le professeur Londubat veut que l’on supervise les préfets et que l’on aide ceux qui en ont besoin, ce sont les nouveaux préfets qui s’occuperont des Gryffondor. » Le préfet en chef acquiesça aussitôt, l’air légèrement inquiet en regardant la foule, comme s’il n’avait jamais remarqué que les élèves étaient aussi nombreux à Poudlard. Dorcas se tourna ensuite vers les autres garçons. « Mais ça ne veut pas dire que vous pouvez en profiter pour ne pas aller au dernier rang où est votre place. Je le saurais et alors là, vous aurez intérêt à courir très vite ! » Leur dit-elle en souriant, prouvant qu’elle les connaissait bien. Elle avait su se faire apprécier malgré son autorité, et elle savait qu’il respecterait ses ordres. Après tout, sinon, ça serait un autre préfet ou un professeur qui viendrait leur faire la remarque. Et puis, ils étaient grands, ils pouvaient être derrière et voir tout aussi bien. « Ah, Dorcas, Luke, parfait, ça commence à se mettre en place. Vous avez vu nos jeunes préfets ? » Leur demanda le professeur Londubat, un air rêveur sur le visage. S’il y avait un professeur qui semblait ravi du tournoi, c’était bien lui. Il en avait vu d’autres, pourtant, mais cela faisait longtemps, depuis le dernier qui s’était déroulé à Poudlard, et en entendre parler dans les journaux, c’était différent que de le vivre. « Lysander est là-bas, vers les premiers rangs, je crois qu’il surveille que tout se passe bien dans ce coin là. » Lui répondit-elle, tandis que Luke se tournait dans la direction qu’elle indiquait en même temps que le professeur Londubat, qui acquiesça avant de repartir de son côté. « Bon, je vais voir comment s’en sortent les autres. On se retrouve plus tard. » Décida ensuite Dorcas, en voyant plus loin que Cedrella était tranquillement en train de discuter avec ses copines plutôt que de veiller à ce qu’elles se placent au bon endroit.

Les dortoirs des Serdaigle étaient presque totalement vides, seules Darcy et Annabeth n’étaient pas encore descendues. Pour la troisième fois, Annabeth se frottait violemment les lèvres pour enlever son rouge à lèvres, qui, après avoir été trop enfantin et trop prostituée, était à présent trop naturel, car après tout, si on ne le voyait pas, il n’avait aucun intérêt. « Et celui-là ? Il est moins sombre que le deuxième, et moins clair que les deux autres. » Lui proposa alors Darcy, après avoir fouillé à nouveau dans la trousse de maquillage de sa meilleure amie, si l’on pouvait encore parler d’une trousse vu la taille imposante du container. Annabeth se jeta dessus, mis une couche, s’observa quelques instants, mis une seconde couche, s’observa à nouveau, et finalement, son visage se fendit d’un large sourire. « C’est parfait, tu as raison ! Est-ce que je laisse cette robe ? Oui, non, c’est vrai, c’était la plus chaude, avec les autres j’aurais froid.. Mais est-ce qu’il ne va pas me trouver grosse, avec ? » Son sourire avait disparu pour regarder à nouveau Darcy d’un air inquiet, attendant son avis, qui serait forcément la vérité absolue. Il fallait dire que depuis que Darcy était devenue amie avec Lorcan, le garçon passait beaucoup de temps avec elle et Annabeth, et cette proximité rendait la jeune fille complètement dingue. « Mais non, tu es parfaite comme ça. On devrait y aller, c’est l’heure, et on a pas mal de chemin à faire pour arriver au parc. » Car contrairement aux Poufsouffle ou aux Serpentard, les Serdaigle avaient plus de chemin à parcourir pour descendre qu’un simple escalier à monter pour prendre la porte de sortie. Les deux Serdaigle descendirent donc dans leur salle commune, où Darcy fut étonnée de voir que Lorcan les avait attendu. « Ton fan-club n’a pas réussi à te faire descendre ? » Plaisanta-t-elle. Après tout, même s’il leur avait promis de les attendre, elles avaient été particulièrement longues, et l’on pouvait être sûr que beaucoup de Serdaigle avaient dû essayer de convaincre Lorcan de les accompagner. Mais Annabeth était ravie qu’il les ait attendu, même si elle savait que c’était davantage Darcy qu’il avait attendu qu’elle. Mais Darcy avait raison, il fallait qu’elle se détende en sa présence, qu’elle tente de communiquer au lieu de se muer dans le silence ou de bafouiller lamentablement. Elle chercha donc intensément ce qu’elle pouvait dire qui serait à la fois drôle et spirituelle pour prouver à Lorcan qu’elle était digne de son attention, mais elle ne réussit qu’à trébucher sur la dernière marche des escaliers, se rattrapant de justesse à la rampe. « Oups. » Dit-elle simplement, sentant ses joues rougir. Heureusement, ses longs cheveux blonds étaient là pour masquer en parti son embarras.

Assise sur son lit au milieu du dortoir des filles de Serpentard de quatrième année, Lily caressait machinalement Mystique, son chat noir, confortablement lové sur ses genoux. Elle regardait avec amusement ses camarades de classe courir dans tous les sens, plus excitées à l’idée d’attirer le regard d’un beau garçon de Durmstrang ou de Beauxbâtons que par l’ouverture du tournoi. La plupart se trouvait en effet encore trop jeunes pour prendre les risques du tournoi, constatant tristement que ce n’était simplement pas pour elle, comme si c’était une occasion que l’on pouvait simplement laisser passer pour une simple question d’âge. Finalement, elles avaient terminé, et Lily les avait suivi hors du dortoir, frottant simplement les poils de chat qui s’étaient accrochés à sa robe. Là, les Serpentard passèrent encore quelques minutes entre eux, où Lily rejoignit sa bande de garçons, plus intéressés par le tournoi, bien que certains ne disaient pas non aux jolies étrangères qui étaient en route. C’est finalement Cedrella qui mis tout le monde dehors en descendant de son dortoir. Plus belle encore que d’habitude, elle éclipsait toutes les autres filles de la pièce, malgré tous leurs efforts, et Lily vit plusieurs mâchoires masculines tomber à cette vision. « Allez les Serpentard, c’est l’heure d’y aller ! Essayez de récolter les meilleures places avec un minimum de discrétion, sinon Scorpius et moi seront obligés de vous faire la morale. » Annonça-t-elle en levant les yeux au ciel, comme si l’idée que les Serpentard n’ait pas un droit divin sur les meilleures places était une aberration. Agacée, Lily se leva. « Venez, on y va. » Reprit Lily, rapidement suivie par ses amis, puis les autres élèves de leur année, puis le reste des Serpentard. Dehors, c’était un chaos sans nom qui régnait, et jamais Lily n’avait autant plaint les préfets. Elle voyait au loin son frère en train de crier quelque chose en direction des Poufsouffle, mais peu arrivaient encore à comprendre quoi que ce soit avec les professeurs et les préfets qui donnaient des ordres dans tous les sens. Les Serpentard se dispersèrent rapidement, la plupart en direction des premiers rangs, alors que beaucoup étaient bien assez grands pour voir de derrière. Bien décidé à montrer le bon exemple, pour une fois, Lily se dirigea vers le quatrième rang, non loin d’Albus qui semblait chercher à calmer les rangs mouvementés. Elle lui fit un petit signe de la main accompagné d’un grand sourire, sans pour autant aller lui parler, il devait déjà être suffisamment occupé, et elle ne voulait pas lui attirer les foudres de Dorcas parce qu’il oserait s’accorder deux secondes pour bavarder.

Son appareil photo fermement serré entre ses mains, Adonis ne savait plus où mener de la tête. Les événements commençaient enfin, et il essayait avec plus ou moins de réussite de ne rien louper. Sa poche était déjà pratiquement remplie et les autres écoles n’étaient même pas encore arrivées. Les rangs semblaient s’être un peu calmés depuis les arrivées massives des élèves, mais chacun se battait encore pour avoir la meilleure visibilité, car personne n’accepterait de louper quoi que ce soit dans cet événements qui n’arrivait qu’une fois dans une vie. C’est alors que les sixième année les plus grands de l’histoire vinrent se placer juste devant eux, leur bouchant complètement la vue. Résistant à l’envie de leur jeter un sort pour les aider à être moins imposants, Adonis se tourna finalement vers ses camarades, également gênés qui se tordaient dans tous les sens pour tenter d’apercevoir ce qu’il n’y avait pas encore. « Vous savez quoi ? Dorcas a dit qu’on devait rester au dernier rang, mais elle n’a rien dit au sujet d’escalader les barrières derrière nous pour être plus hauts que les autres. » Annonça fièrement Adonis, attendant que ses amis échangent des regards et décident si l’idée du poursuiveur était bonne ou non. Finalement, l’attrapeur des Gryffondor, le plus petit d’eux tous, déclara à son tour : « Tu sais quoi, Adonis ? Je pense que c’est la meilleure idée que tu ai eu depuis longtemps. » En riant, ils se tournèrent tous comme un seul homme, s’aidant des barreaux les plus bas pour se hisser cinquante bons centimètres au dessus des autres. Heureusement, ils n’étaient pas en plein milieu de la rangée, et n’étaient pas trop exposés aux regards des professeurs et des préfets, qui pourraient trouver quelque chose à redire face à leur ingéniosité. « C’est quand-même mieux ! Ah.. Dorcas nous regarde.. Elle lève les yeux au ciel.. Non, ne fais pas ça, Dorcas.. Oui ! C’est bon, elle a détourné les yeux sans nous indiquer de descendre. Messieurs, je pense que nous sommes dans la légalité ! » Tous éclatèrent de rire, et Adonis s’empressa de les prendre en photo avant de se tourner à nouveau vers la masse compact d’élèves devant eux. Le premier rang avait avancé d’un bon mètre depuis tout à l’heure tellement les autres poussaient, mais la bonne humeur régnait malgré tous dans les rangs.

Au début un peu inquiétée par la foule en mouvement que représentait les élèves de Poudlard, Darcy fut finalement soulagée de voir que les étudiants étaient plus disciplinés du côté des Serdaigle, les seuls à réfléchir, sans doute. Leurs préfets n’avaient d’ailleurs presque pas à jouer les justicier, et il fallait bien avouer que même si l’on ne voyait pas parfaitement du ciel jusqu’au sol, cela serait largement suffisant pour voir arriver les étudiants étrangers. Darcy aperçut Lysander près des premiers rangs, sans doute en train de vérifier qu’aucun élève plus âgé ne voulait se rapprocher et barrer la vue aux plus jeunes. Elle trouvait cela injuste que les préfets soient ainsi obligés de faire attention au comportement des autres, sans pouvoir profiter de l’événement avec ses amis. « Tiens, Lysander est là-bas ! Il a l’air de bien s’en sortir, peut-être que quand les autres se seront calmés il pourra venir nous rejoindre. » Glissa-t-elle finalement à Lorcan, espérant qu’il invite ensuite son frère jumeau à se joindre à eux. Après tout, c’était tout naturel, les jumeaux Scamander étaient connu pour être soudés comme deux doigts d’une même main, et au moins, maintenant, Darcy était certaine que Lorcan savait où était son frère. « J’espère qu’ils vont bientôt arrêter de se pousser dans tous les sens, l’arrivée des autres est prévus à 17h tout de même. » Ajouta Annabeth après avoir consulté sa montre. Darcy acquiesça avant que son regard ne se perde à nouveau vers Lysander, qu’elle observait avec un léger sourire attendrit tandis qu’il se baissait pour parler à un premier année qui semblait inquiet. « Oh, Darcy, ta soeur à toi est juste derrière.. Non, c’est bon, elle repart de l’autre côté.. Dorcas n’a pas l’air très contente, je me demande ce que ce poison a pu lui dire. » Après un regard, Darcy constata que effectivement, les deux préfètes semblaient avoir eu un différent et que chacune repartait dans une direction opposée. Dorcas avait sans doute reproché à Cedrella de ne pas bien faire son travail de préfète, comme si cela étonnait encore qui que ce soit après tout, les préfets de Serpentard abusaient systématiquement de leur pouvoir, c’en devenait ridicule. « Sans doute d’essayer de contrôler ses camarades.. Regardez ça, c’est ces Serpentard qui poussent tout le monde, des cinquième année au premier rang ! On aura tout vu. » Darcy ne pouvait s’empêcher de perdre patience, c’était toujours les mêmes qui faisaient n’importe quoi. Dans chaque maison, les préfets s’évertuaient à faire régner un minimum d’ordre, sauf chez les Serpentard, où ils semblaient au contraire participer aux dégâts. Il y avait bien le professeur Slughorn qui passaient dans les rangs, mais ce vieux gâteux n’arrivait pas non plus à grand chose, et le professeur McGonagall était à l’autre bout de la foule.

Après être remontée de la salle commune avec pratiquement l’ensemble des Serpentard, Cedrella accompagna ses camarades vers le milieu des rangs qui commençaient à se former, là où la vue serait la meilleure, sans aucun doute. Les préfets avaient pour ordre de faire régner la discipline dans les rangs de leur maison, mais ce n’était pas pour autant que Cedrella laisserait le moindre Serpentard se faire gâcher la vue, après tout, ce placement était un peu idiot. Bien que les maisons avaient tendance à se regroupé, les Serpentard s’étalaient, chacun cherchant le meilleur coin, et Cedrella et Scorpius finirent par se séparer pour mieux « surveiller » mais surtout aider leurs camarades, prévoyant de se retrouver ensuite. Alors que Cedrella venait de placer discrètement deux petites filles de deuxième année au premier rang — elles étaient vraiment minuscules, plus petites que beaucoup de première année —, elle vit alors que trois filles de son année étaient en train de se disputer avec le préfet de Serdaigle dont le nom lui échappait totalement. Aussitôt, elle s’empressa de les rejoindre. « Tu peux y aller, je m’en occupe, elles ne font pas parti de ta maison, à ce que je sache. » Dit-elle froidement au Serdaigle, l’obligeant à prendre congé. Après tout, elle avait raison, si même les préfets ne respectaient pas les règles, ils n’allaient pas s’en sortir. « Bon, c’était quoi son problème ? » Demanda ensuite Cedrella, désireuse de régler le problème pour ne pas en avoir elle-même, bien qu’elle soit dans son droit de virer un petit fouineur de Serdaigle si elle en avait envie. « Cedrella, c’est siii injuste ! On ne voit rien au sixième rang, et les plus jeunes auront un autre tournoi dans quatre ans, on devrait leur interdire de sortir du château ! » La préfète de Serpentard acquiesça, réfléchissant à toute allure pour trouver une solution. Evidemment, elles avaient raisons, elles ne devaient pas voir grand chose avec tous les cinquième année qui n’étaient franchement pas plus petits, mais de là à interdire aux plus jeunes d’assister à l’arriver des autres, c’était un peu poussé. « Allez au sixième rang, et dès que ça commence, avancez de deux rangs, personne ne s’en rendra compte, à ce moment-là. » Les trois filles acquiescèrent, ravies et excitées, comme si Cedrella avait soudain fait disparaitre tous leurs problèmes par une simple phrase. « Cedrella ? Si tu es dépassée, je peux t’aider à mettre les Serpentard en ordre, ce sont de loin les pires, mais il faudrait déjà que tu arrêtes de discuter. » Lui dit Dorcas, débarquant soudain de nul part. Bien sûr, Cedrella se disait bien que le calme était trop beau pour durer. « Excuse-moi, chef, mais certains préfèrent parler calmement des problèmes plutôt que d’hurler sur tout le monde. Va voir ailleurs, ils ne t’écouteront pas. » Et sans attendre une réponse de la préfète en chef, Cedrella fit demi tour et parti voir à l’opposé de Dorcas. Pour une fois qu’elle se souvenait de son existence, c’était pour lui chercher des poux, offrant son aide avec toute la générosité dont elle pouvait faire preuve. Comme si les Serpentard allaient lui obéir, alors que tous la considéraient comme une traitre à son sang.

Allongé sur son matelas, le regard vrillé sur le plafond, Albus Potter s’amuse à jeter son yoyo magique vers le ciel avant de le laisser retomber, pour mieux recommencer par la suite. C’est un passe-temps qu’il lui arrive d’adopter, notamment lorsqu’il se trouve complètement stressé. Et avec l’arrivée proche des deux autres maisons concurrentes au Tournoi des Trois Sorciers, il ne peut que se montrer inquiet. Bien sûr, une part de lui se trouve enchantée de pouvoir assister à un tel évènement. Mais une autre lui crie que tout va mal se passer, surtout avec cette histoire d’héritier. Impossible pour lui d’oublier ce détail et encore moins les détails racontés par son père au sujet de son propre Tournoi. Et dire que Lily et James veulent se présenter, d’après les rumeurs de couloirs ! A croire qu’ils n’apprennent rien des leçons qu’on leur donne. En tout cas, pour le Poufsouffle, les difficultés liées au Tournoi ont déjà commencé, notamment la veille, avec les directives données en dernières minutes par Luke, intimant à l’ensemble des préfets de coordonner les préparatifs de l’accueil des nouveaux arrivants. « Vite Albus, il faudrait qu’on arrive avant les élèves de Poufsouffle, sinon ce sera déjà le chaos quand on arrivera ! » lance la préfète de la maison à travers la porte du dortoir des garçons. Se levant de son lit avec un soupir, Albus se traine jusqu’à la porte du dortoir afin de l’ouvrir. « Tu sais que si on y va trop tôt, on va être les premiers et que ce sera compliqué ? » lui glisse-t-il pour toute réponse alors qu’il jette un coup d’œil à sa montre sorcière. En effet, l’arrivée des deux autres écoles n’est prévue que pour dans deux heures. Et si Albus sait l’engouement qui s’est emparé du tout-Poudlard à l’approche de cet évènement, il n’a pas non plus envie de s’y prendre trop tôt. Pour toute réponse, sa coéquipière l’attrape par l’avant-bras et le tire hors de son dortoir pour le faire monter jusqu’à l’extérieur. Comme l’avait prédit le jeune homme, de nombreux élèves sont déjà présents, se tortillant pour se glisser à la meilleure place, au détriment des premières années, qui lancent des regards courroucés à leurs ainés, sans oser dire quoi que ce soit. Poussant un soupir pour se donner du courage, le préfet glisse finalement son yoyo dans sa poche pour aller accomplir son devoir. « Eh, toi ! Tu fais partie des sixièmes années, tu n’as rien à faire là ! » lance-t-il à un Serpentard s’étant glissé au deuxième rang, malgré sa grande taille. Celui-ci ne lui adresse pourtant qu’un regard mauvais pour toute réponse, sans même prendre la peine de bouger. A croire que ce n’est pas aujourd’hui que l’autorité naturelle d’Albus va pouvoir voir le jour.

Alors qu’il regagne sa salle commune au niveau des cachots, le jeune Malefoy ne tarde pas à voir passer les deux préfets de Poufsouffle qui se ruent vers l’extérieur, la jeune femme trainant pratiquement Albus tellement le jeune homme paraît être peu motivé. A coup sûr, ils vont déjà prendre leur poste de surveillance au niveau de l’accueil des deux autres écoles. Le préfet sert la mâchoire, peu ravi de deviner que l’attention des deux Poufsouffle est de prendre de l’avance sur les autres maisons. Et il est hors de question que l’on fasse passer les préfets de Serpentard comme moins compétents que ceux de cette maison de blaireaux. Aussi s’empresse-t-il d’aller enfiler l’une de ses plus belles tenues avant de rejoindre l’extérieur au pas de course, laissant à Cedrella le soin de mener les Serpentard restant dans la salle commune, au dehors. Il ne tarde pas à arriver dans le parc du château ou quelques effets sont déjà présents, dont ceux qu’il a vu passer précédemment, évidemment. Scorpius ne s’attarde pas sur les Poufsouffle, préférant se diriger directement vers les élèves de sa propre maison. « Faites ce que vous voulez, mais ne vous faites pas remarquer. » leur glisse-t-il d’une voix autoritaire, d’un ton qui laisse présager qu’il n’accepte pas la moindre discussion à ce sujet. Du regard, il désigne l’ensemble de l’emplacement prévu pour l’accueil, signe qu’ils sont libres de se placer où bon leur semble. « Si je loupe tout le spectacle pour l’un de vous, je vous assure que je n’hésiterai pas à faire en sorte que vous ne puissiez assister à aucune des épreuves du Tournoi. » ajoute le préfet des Serpentard, réduisant au silence le brouhaha provoqué par ses camarades. Ses yeux perçants entrent en contact avec ceux d’un élève se montrant légèrement bougon. Sûrement est-il déjà prêt à se plaindre d’un abus de pouvoir, qui sait ce que peuvent bien inventer ces nés-moldus s’étant égarés dans la noble maison de Salazar Serpentard ? Pourtant, le regard glacial de Scorpius finit de le convaincre qu’il vaut mieux ne rien ajouter et le jeune homme ne tarde pas à disparaître dans la foule, laissant seul le préfet, qui peut enfin vaquer à ses occupations. Soit trouver lui-même un bon emplacement. Son regard balaie une nouvelle fois la foule, jusqu'à se poser sur un emplacement de choix. Tout prêt d'une personne qu'il recherche. Bien, il ne lui reste plus qu'à fendre la foule pour le rejoindre.

Le jeune préfet de Gryffondor regarde son mentor s’éloigner un peu pour aller vaquer à ses propres occupations. Il faut dire que Dorcas a beaucoup de travail à accomplir et qu’il serait inopportun de la part de Lysander de la retenir plus longtemps pour lui demander son aide. Aussi la regarde-t-il partir sans rien dire, une boule au ventre en se remémorant l’envergure de la tâche : il faut que tout soit parfait pour le moment où les autres écoles arriveront, sans quoi, la première image qu’ils auront de Poudlard, sera celle d’une école désordonnée. Et ce seront alors les préfets qui seront les premiers pointés du doigt, désignés comme incompétents. Son regard se détache de l’Avery pour glisser sur la foule où il peut nettement distinguer Albus et Scorpius déjà en train de parler à des élèves de leur propre maison, tentant de les placer par année. Se tournant lui-même vers l’emplacement consacré aux Gryffondor, Lysander juge un instant l’espace du regard, se demandant s’il est réellement judicieux de placer les élèves par année. Il faut dire que tous les élèves ne sont pas à une taille adéquate et que certains premières années sont plus grands que des deuxièmes années, par exemple. Se remémorant d’un peuple de farfadets d’Amérique du Sud ayant une habitude un peu particulière pour faire tirer leurs portraits de famille, Lysander ne tarde pas à se tourner vers l’autre préfète de Gryffondor. « Il faudrait les placer par ordre de taille, pour bien montrer qu’on est ordonnés et que tous les Gryffondor soient autant visibles les uns que les autres. » Sans émettre d’avis pertinent sur cette proposition, la jeune femme se contente d’hausser les épaules avant de se mettre à exécuter l’idée de son camarade. Prenant cela pour une bénédiction, le Scamander se met lui-même à juger de la taille de chacun, déplaçant les élèves d’une rangée à l’autre en fonction de leurs tailles, en déplaçant même certains plusieurs fois, jusqu’à obtenir un résultat parfait. Fort heureusement, il n’écoute pas les avis de protestation des élèves que l’on recule d’un rang ni les creux de joie de ceux que l’on fait avancer, sans quoi, il n’aurait pas finir de répondre aux réclamations. A un moment, il lui semble entendre deux élèves discuter d’un projet de se faire rapetisser pour être placés un peu plus près, mais le jeune homme les place avant qu’ils n’aient eu le temps d’exécuter leur plan éventuel. Les deux préfets n’ont pas fini d’exécuter leur travail que déjà, Lysander aperçoit une bande d’élève de septième année se hisser en haut de la barrière pour mieux apprécier la vue. Se demandant s’il lui faut accepter ce genre de comportement, le préfet se tourne vers Dorcas, qui regarde déjà la scène, mais finit par s’éloigner en se contentant de lever les yeux au ciel. Autrement dire, elle n’y voit pas réellement d’objection. Passant une main sur son front pour l’éponger un peu, le regard de Lysander passe sur l’emplacement des Serdaigle, accrochant le regard de Darcy, à qui il n’hésite pas adresser un grand sourire ainsi qu’un signe de la main.