A peine Lily avait-elle disparue du champ de vision de toute personne présente qu’elle entendit de nombreuses personnes arriver dans l’escalier d’où elle venait de disparaître. Se reculant pour coller le mur, elle vit passer les Poufsouffle à la suite d’Albus, et elle crut un instant qu’il avait regardé dans sa direction avant de cligner plusieurs fois des yeux comme s’il voulait vérifier ce qu’il avait vu. Lily s’était toujours demandé ce que son frère pensait du fait que leur père ne lui ait pas donné l’un de ses précieux héritages de maraudeurs. Qu’il ait donné la carte du maraudeur à James était normal, c’était le premier à aller à Poudlard. Mais il avait attendu que Lily rentre elle-même à Poudlard pour léguer son deuxième bien, et elle n’avait jamais compris pourquoi. Elle avait déjà pensé que son père avait pu vouloir l’offrir à Albus mais que celui-ci avait refusé, n’étant pas du genre à en avoir besoin, mais elle n’avait jamais posé la question à l’un ou à l’autre de peur de les blesser ou d’insinuer quoi que ce soit. Elle attendit donc que les Poufsouffle aient fini de passer pour se rendre devant le tableau de la cuisine, dont elle connaissait le fonctionnement depuis sa première année à Poudlard. Mais cette fois, elle n’était pas là pour un ravitaillement. Elle vit alors James émerger de derrière un gros tonneau et fut contente qu’il n’ait pas pu la voir sursauter. Il avait cependant la carte du maraudeur à la main, et savait donc que Lily n’était qu’à un mètre de lui, même si elle restait invisible à ses yeux. Elle eut tôt fait de réparer cela en ôtant la cape d’invisibilité, se décoiffant au passage. Elle lui sourit, sachant pertinemment qu’ils allaient devoir reprendre leur conversation de plus tôt dans le train, mais d’abord, elle voulait absolument lui parler de ce à quoi elle avait pensé plus tôt au sujet de la prophétie. « James, pour la prophétie, j’ai pensé, il n’y a qu’un seul moyen de vérifier si elle est bien réelle et de qui elle parle, c’est évident ! » L’excitation s’était emparé de tout son corps, et il lui paraissait maintenant évident que c’était la seule solution possible. Bien sûr, elle savait qu’ils auraient du mal à vérifier par eux-même, mais peut-être que s’ils écrivaient à leur père, ils pourraient réussir à le convaincre d’intervenir. Après tout, il était l’élu, le ministère l’écouterait et ferait ce qu’il demande, Lily en était persuadée.

La jeune Potter était tellement excitée qu’elle peinait à tenir en place, déjà que rester immobile n’était pas l’une de ses activités favorites en temps normal. Bien sûr, ce n’était qu’une vague piste, peut-être même pas réellement exploitable, mais cela restait une piste, une vraie, un moyen d’avancer et de sauver le monde magique avant même que la crise ne commence vraiment. Comme leur père l’avait fait en son temps. « Mais de quoi tu parles ? Comment on peut savoir de qui parle une prophétie ? » Lily était presque agacée devant l’air perplexe et peu concerné de son frère. Elle détestait lorsqu’il ne lisait pas dans ses pensées, en comprenant tout de suite ce qu’elle avait en tête, elle devait alors perdre du temps à expliquer, et elle préférait de loin courir à l’action tout de suite. « C’est simple ! Tu te souviens de l’histoire de papa au ministère ? Quand Sirius est mort ? Au département des mystères, il y a une salle où sont réunies toutes les prophéties, et sur l’une, si elle est véritable, est écrit le nom de l’héritier ! » Elle savait que cette fois, son frère comprendrait et serait aussi enthousiaste qu’elle, après tout, lui aussi rêvait d’aventure et d’adrénaline comme leur père et ses amis avaient eu la chance de vivre à l’époque de leurs propres études. Lily commença à faire les cent pas, réfléchissant à toute allure sur un plan éventuel. « Bien sûr, il y en a énormément, et cette idiote de Darcy a peut-être interrompu la prophétie, mais peut-être qu’elle sera complète là-bas ? Réfléchis, quand tu étais au ministère cet été avec papa, tu n’as rien entendu à ce sujet ? Ils doivent y avoir pensé, les langues-de-plombs, non ? Même s’ils n’ont pas le droit de parler de ce qu’ils font, ils doivent travailler en collaboration avec les Aurors. » La Serpentard était persuadée qu’elle tenait quelque chose, une piste qui permettrait de révéler l’identité de l’héritier et l’arrêter, de préférence dans un duel sanglant d’où elle ressortirait légèrement blessée mais victorieuse, la prophétie à la main. Elle imaginait déjà le tableau.

Lily doit bien s’avouer un peu déçue du manque de réaction de James face à son idée de génie. Bien sûr, ils ne peuvent pas y aller eux-même, ça serait dingue et ridiculement dangereux, mais parler de l’idée avec leur père serait déjà un bon début. Elle était persuadée que son idée pouvait faire avancer cette triste histoire. James posa la carte du maraudeur sur le tonneau avant de se tourner vers elle, avec l’air du garçon qui cherchait ses mots pour ne pas vexer son interlocuteur. « Ils doivent y avoir pensé, oui. Mais nous sommes passés devant la salle des prophéties avec papa une fois. Et je peux t’assurer que tu n’imagines pas le nombre de prophéties qui sont entreposées là-bas, il doit y avoir au moins une dizaine de Grande Salle, remplies de prophéties ! Même s’ils les passaient tous en revue, ils en auraient pour dix ans avant de trouver la bonne. Et encore, c’est sans compter sur… » Il s’était arrêté en pleine phrase, le regard sur la carte du maraudeur, mais Lily n’y faisait pas attention. Toute son attention était maintenant fixée sur ce qu’il avait dit. Soit, fouiller la salle des prophéties était impossible, mais.. « Attends, papa t’a emmené dans le département des mystères ? Comment ça se fait ? Même lui seul n’a pas le droit d’y entrer, seuls les langues-de-plombs peuvent.. » Mais James s’était rapproché de la carte du maraudeur, fronçant les sourcils pour s’assurer de ce qu’il lisait, attisant finalement la curiosité de sa petite soeur. « Lily.. » La demoiselle ne se fit pas prier pour rejoindre son frère, qui pointait du doigt deux noms, Dorcas Avery, et Hélios Avery. Lily eut l’impression d’avoir reçu un seau d’eau glacé sur le visage. Elle regarda où ils étaient, parlant finalement d’une voix lente. « Mais.. Personne ne va jamais dans ces coins là, la carte doit se tromper. » Affirma-t-elle, tout en sachant pertinemment que la carte ne se trompait jamais. Elle ne comprenait cependant pas ce que Hélios pouvait fabriquer la bas avec sa soeur, surtout à cette heure-ci. Elle vit alors le point de Dorcas s’éloigner. « Regard, elle repart.. Elle arrive vers nous ! » Les deux Potter étaient d’ailleurs plus qu’exposés, juste au pied de l’escalier menant au rez-de-chaussé. Lily déploya aussitôt la cape sur elle et James, qui avait effacé la carte d’une main experte, au cas où. Ils regardèrent alors Dorcas passer en silence, osant à peine respirer.

Lily et James restèrent encore immobiles quelques instants, au cas où, mais les pas de Dorcas s’éloignèrent rapidement pour finalement devenir inaudibles, et personne d’autre n’arrivait, ce qui n’avait rien d’étonnant puisque la salle commune des Serpentard n’était pas de ce coin là. Lily réalisa alors qu’il devait être très tard. « Je crois que c’est bon. » Dit James en rompant le silence avant d’enlever la cape pour se relever. Lily réapparut à son tour tandis que son frère fourrait la carte du maraudeur dans sa poche. Tandis qu’elle se relevait en évitant soigneusement de lever les yeux vers son frère, elle sentit son regard sur elle. Elle se doutait de ce qu’il devait penser. Qu’il avait raison et que Hélios n’était pas fréquentable. Mais Lily savait que ce n’était pas cela, il y avait forcément une explication rationnelle à ce qu’ils avaient vu. Toutefois, avant même qu’elle n’ait pu commencer à plaider la cause de son ami, James repris la parole. « Je pense qu’on ferait mieux d’aller se coucher. C’est tout pour ce soir. On pourra peut-être prendre le temps d’y réfléchir demain matin, mais là tout est trop confus. » Lily acquiesça aussitôt, consciente qu’il était inutile de chercher à discuter. Serrant la cape contre elle, elle ne la mis cependant pas, sachant pertinemment que tout le monde était déjà au lit, et qu’elle aurait le temps d’entendre de loin quelqu’un venir. « Tu as raison, bonne nuit. » Et après un vague signe de la main, Lily pris le chemin vers sa salle commune, mal à l’aise à cause du silence trop profond qui régnait dans les couloirs du château. Elle se retourna, étonnée de ne pas entendre les pas de James, mais elle sentait la fatigue s’emparer d’elle, et elle décida de continuer sa route en s’empêchant de penser à ce qu’ils avaient vu. Peut-être que Hélios avait oublié quelque chose et que Dorcas lui avait rapporté, après tout, même s’ils ne s’entendaient pas, ils restaient frère et soeur. Elle arriva rapidement devant la porte de la salle commune et murmura « Venin de basilic. », incapable de le dire plus haut à cause du silence ambiant. Elle avait eu le mot de passe quelques heures plus tôt par Cedrella, qui était passée leur communiquer dans le train quand ils avaient ouvert le compartiment pour le déjeuner, et que Cedrella se trouvait être devant à ce moment là. En rentrant dans la salle commune qui était particulièrement sombre à cette heure-ci, Lily fut étonnée de ne pas trouver Hélios. Après tout, elle lui avait bien dit qu’ils s’y retrouveraient, et il avait dû renter juste avant elle. Ou alors il n’était pas encore rentré. Oui, ça devait être ça. Elle s’assit donc près du feu et attendit, luttant contre le sommeil.